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lundi 16 avril 2007

Mobilisation des duvaliéristes pour le centenaire de l’ancien tyran

La Fondation François Duvalier est officiellement créée avec parmi ses membres le fils de Jean-Claude Duvalier, Nicolas ; retour en force des barons de l’ancien régime
dimanche 15 avril 2007,
Radio Kiskeya

Le centième anniversaire de la naissance de François Duvalier a été marqué samedi par le lancement officiel de la fondation éponyme qui a permis le retour sous les feux de la rampe des collaborateurs, disciples et héritiers naturels de l’ancien dictateur.
Ils étaient nombreux et visiblement réunifiés dans les locaux de la Fondation François Duvalier à Pacot (centre-est de Port-au-Prince) où un hommage appuyé a été rendu à leur "père spirituel et référence suprême". Véronique Roy, l’actuelle compagne de nationalité française de Jean-Claude Duvalier, a porté la nouvelle institution sur les fonts baptismaux en compagnie du doyen des duvaliéristes, Lamartinière Honorat, 97 ans et du Dr Rony Gilot, leader d’une famille politique en quête de renouvellement.
On reconnaissait également dans l’assistance l’ancien ministre de l’intérieur, Edouard Berrouet, 95 ans, venu en fauteuil roulant, l’ex-colonel Franck Romain, qui fut chef de la police puis maire de Port-au-Prince, l’ancien préfet de la capitale, le Dr Bernardin Rosarion, l’ex-secrétaire particulier de François et Jean-Claude Duvalier, Gérard Prophète, l’ancien chef macoute Milice Midi, l’ancien colonel et commandant de la garde présidentielle, Christophe Dardonpré, l’ex-major Léonce Qualo, l’ancien ambassadeur Max Cavé, l’ex-consul d’Haïti à New York et à Montréal et ancien directeur de l’office national du tourisme, Fritz Day, l’ancien Député de Marigot, St-Voyis Pascal et ses fils Joubert et Georges Pascal et Jean-Marc Saint-Albin de la famille de l’ancien lieutenant-général Saint-Albin.
Parmi les invités d’honneur se trouvaient le sociologue Daniel Supplice du Parti Libéral Haïtien (PLH) et Secrétaire d’Etat à la jeunesse et aux sports sous Jean-Claude Duvalier ainsi que le Dr Turneb Delpé du Parti Nationaliste Démocratique Progressiste Haïtien (PNDPH), résolument engagé sur la voie de la réconciliation nationale dans le cadre de son projet de conférence nationale.
Dans son allocution de circonstance, Lamartinière Honorat dit "Mama Honorat", ancien ministre des Travaux publics sous "Papa Doc", a justifié la création de la fondation en revisitant l’ascension et le parcours politiques du Dr Duvalier. Revendiquant fièrement ses origines duvaliéristes, M. Honorat a rappelé l’appartenance de feu le Président à vie à "l’Ecole des Griots" aux côtés de Lorimer Denis et de Louis Diaquois et l’a placé dans la même lignée que les penseurs Jean-Price Mars et Philippe Thoby Marcelin.
Pour sa part, Edouard "Dadou" Berrouet, interrogé en marge de la cérémonie, a qualifié François Duvalier "d’homme exceptionnel", même s’il est diabolisé par beaucoup. Celui qui se présente comme un "éternel VSN" (Volontaire de la Sécurité Nationale), souligne l’importance historique de la "révolution duvaliériste" qui a permis, dit-il, l’émergence des "classes moyennes".
Véronique Roy a annoncé que la Fondation François Duvalier compte déjà une cinquantaine de membres dont François Nicolas Jean-Claude Duvalier, le fils aîné de l’ancien dictateur "déchouké" en 1986 qui pourrait faire bientôt son retour en Haïti. Le 22 avril, date fétiche des Duvalier, l’on rendra public le chronogramme d’activités de la fondation incluant notamment la création prochaine d’une bibliothèque à Carrefour.
Face aux manifestations de l’amnésie collective et à la démobilisation des forces d’avant-garde de la société civile, les fidèles de l’ancien régime ont pu donner libre cours samedi à leurs efforts de pérennisation de la mémoire d’un homme même s’il est loin le temps où ils avaient monopolisé le pouvoir d’Etat.
Le Dr Rony Gilot, ancien ministre et Député, a signé le même jour son livre "Au gré de la mémoire, François Duvalier le mal-aimé". Des écrits apologétiques et même révisionnistes pour tenter de réhabiliter moralement et politiquement Duvalier.
Né le 14 avril 1907 dans le voisinage du Palais National (siège de la Présidence), François Duvalier devait faire du lieu du pouvoir le symbole de l’une des dictatures les plus sanguinaires de l’histoire d’Haïti. Ce médecin et ethnologue ombrageux a régné sans partage sur le pays de 1957 jusqu’à sa mort en 1971, ne cédant la place qu’à l’héritier du trône, son fils Jean-Claude Duvalier, devenu à 19 ans Président à vie. spp/RK

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Commentaire :
On n’a pas besoin d’être un expert en politique haïtienne pour savoir que l’année 2007 devait être une année de célébration et surtout de renaissance du Duvaliérisme que beaucoup prétendent immortel et très ancré dans la façon de penser des haïtiens.
Nous avons assisté à la parution d’écrits apologétiques à visée esthétique pour donner un nouveau visage à une doctrine qui n’a su résister au « déchoukage » d’après 1986. L’annonce de la création de La Fondation François Duvalier n’avait pas suscité plus de débats dans le milieu politique.
La célébration du centenaire de la naissance de ce personnage sombre et énigmatique, revendiquant une place de choix sur l’autel des chiens de gardes anticommunistes qui ont semé la mort et la terreur pendant les années de la guerre froide, ne suscitera sans doute pas l’enthousiasme escompté car n’a été Duvaliériste que François Duvalier lui-même. Ses fervents alliés ont voulu contrefaire une type idéal de pensée dont lui seul savait et pouvait pénétrer les recoins et les profondeurs.
Ironie du sort, dans l’application du côté superficiel de sa doctrine son plus digne héritier n’est autre que l’ancien prêtre défroqué Jean Bertrand Aristide.
Le but non avoué de la création de cette fondation portée sous les fonds baptismaux par l’actuelle compagne de Jean Claude Duvalier avec l’omniprésence de son fils Nicolas Jean Claude Duvalier n’est sûrement pas la réhabilitation de ce personnage historique assez inconnu de nos jours sinon vise les enjeux non dissimulés d’un probable retour de Jean Claude en Haïti.
Au moment ou Haïti essaie de s’engager sur la voie de la stabilité politique appuyée par la communauté internationale, les voix qui prônent dans une cacophonie confuse et maladroite une réconciliation nationale avec le retour de tous les anciens bourreaux de la nation risquent de se voir imposer une sourdine voire un museau car il faudrait questionner l’éventuel apport des ces mercenaires – sans vision - de la politique qui n’ont su faire que du tort au pays.
(JoJo 16/04/07)

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