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samedi 9 mars 2013

Haïti: premiers témoignages de victimes devant la Cour d’appel sans Duvalier

Par AFP
 Des opposants politiques à l’ancien président haïtien Jean-Claude Duvalier ont témoigné jeudi matin devant la Cour d’appel de Port-au-Prince, affirmant avoir été arbitrairement arrêtés et torturés sous les ordres de «Baby Doc», toujours hospitalisé.
L’ancien président, visé par des plaintes d’anciens opposants pour arrestation arbitraire, torture et détention illégale, est hospitalisé depuis le 28 février après avoir été entendu pendant près de cinq heures par les juges.
Jeudi matin, son avocat Aurélien Jeanty a expliqué qu'«il ne se présenterait pas» car «il est toujours hospitalisé».
Après trois absences consécutives aux convocations des juges, l’ancien dictateur, âgé de 61 ans et qui souffre d’arthrose cervicale, était apparu faible et amaigri au tribunal la semaine dernière. Les premières victimes, qui réclament que l’ancien dictateur rende compte devant la justice de ses actes durant ses années au pouvoir (1971 à 1986), ont commencé à témoigner jeudi devant la cour d’appel.
«J’ai été arrêté sans motif le 26 avril 1976 et je porte plainte pour crime contre l’humanité commis par le régime», a déclaré l’ancien député Alix Fils-Aimé.
 «J’ai été torturé puis interrogé par la police secrète puis enfermé dans une cellule pendant 18 mois en solitaire. Je pouvais entendre les cris des autres détenus».
«Pendant mon séjour de 8 mois en prison, on a compté 180 décès dans les cellules», a raconté une autre victime, l’ancien footballeur Robert Duval, qui a raconté son interrogatoire en 1976 dans une caserne militaire avant d’être transféré dans une prison civile.
«Quand un détenu décédait, son corps était jeté dans une fosse commune», a-t-il poursuivi, expliquant qu’il devait sa vie à l’intervention de Jimmy Carter. «Baby Doc», fils de l’ancien dictateur François «Papa Doc» Duvalier, avait pris le pouvoir en 1971 à 19 ans, perpétuant une longue dictature dans ce pays qui est l’un des plus pauvres du continent américain.
Chassé du pouvoir en 1986 par une révolte populaire, Jean-Claude Duvalier avait effectué un retour spectaculaire en Haïti en janvier 2011 après 25 ans d’exil en France.
En janvier 2012, un juge d’instruction avait ordonné son renvoi devant un tribunal correctionnel pour détournements de fonds.
Mais il n’avait en revanche pas retenu des poursuites pour crimes contre l’humanité, estimant que les faits étaient prescrits.
Un groupe d’anciennes victimes a fait appel de la décision du juge. http://www.liberation.fr/monde/2013/03/07/haiti-premiers-temoignages-de-victimes-devant-la-cour-d-appel-sans-duvalier_887062

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