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vendredi 28 décembre 2012

Haïti. Des campus numériques pour les étudiants


Éducation vendredi 28 décembre 2012
Dans le pays qui ne s'est toujours pas remis du tremblement de terre de 2010, Internet est une réponse aux besoins immenses de l'enseignement supérieur.
Port-au-Prince. De notre envoyé spécial
Quand la faculté d'agronomie de Damien a repris, en mai 2010, quatre mois après le tremblement de terre (1), c'est sous des cabanes aux toits de chaume que les étudiants suivaient leurs cours. « Les deux tiers des bâtiments avaient été détruits », se souvient Jean Blaise, le doyen.
Aujourd'hui, Damien commence à retrouver un visage normal. Des locaux à structure légère et plutôt de plain-pied ont remplacé le béton à étages. La bibliothèque est en cours de reconstruction. Et ce lundi de décembre, une étape supplémentaire a été franchie avec l'inauguration d'un campus numérique, mis à la disposition des 450 étudiants. L'Agence des universités francophones (AUF) en a installé dix-sept dans le pays, dont cinq dédiés à la médecine.

Un réseau de 787 universités
Chaque salle informatique, équipée d'ordinateurs avec accès à l'internet haut débit, coûte 80 000 €. « Seulement 10 % des étudiants possèdent leur propre PC. On doit aller dans des cybercafés, c'est cher. Et puis ici, il n'y a pas de coupures d'électricité », se félicite Nazaire, 23 ans.
Ce campus numérique du programme Pendha (Plan d'enseignement numérique à distance en Haïti) permet aussi d'accéder aux ressources documentaires des 787 universités francophones qui constituent le réseau de l'AUF.
Soit par Internet, via des bases de données qui aiguillent les recherches. Soit en se connectant sur le « disque miroir » stockant cette gigantesque masse d'informations.
Testée avec succès depuis une vingtaine d'années, notamment en Afrique, la formule du campus numérique semble bien adaptée « pour relancer le système universitaire d'Haïti, dont le séisme a révélé les faiblesses », commente Bernard Cerquiglini, recteur de l'AUF.
Avec moins de 60 000 étudiants pour un pays de 10 millions d'habitants, l'université a longtemps été le parent pauvre de l'éducation, les maigres moyens allant plutôt à l'instruction élémentaire.

Evasion de matière grise
Les jeunes issus de familles aisées ou aidés par la diaspora partent étudier à l'étranger : chez les voisins de la République dominicaine, en France, au Canada, à Cuba pour la médecine. Faute de structures et d'enseignants, c'est dans ces pays que s'effectuent les masters et les doctorats. Avec ce problème énorme : 85 % des diplômés du supérieur restent à l'étranger.
Les salaires sont très bas en Haïti : 600 € par mois pour un prof de fac ou un médecin. Comment rebâtir un pays dans ces conditions ?
C'est contre cette évasion de la matière grise que les campus numériques de l'AUF entendent également lutter. Grâce d'abord aux visioconférences, même si rien ne vaut la présence d'un professeur. Formule économique qui permet de suivre des cours à distance. Donc de rester au pays.
C'est ce qu'a fait Wista. Deux ans de téléformation à l'université de Cergy-Pontoise. Master 2 en poche, elle vient de décrocher un emploi à Port-au-Prince. Et ne songe pas à s'expatrier.
Marc MAHUZIER.
(1) Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a provoqué la mort de 200 000 personnes. Deux millions de Haïtiens s'étaient retrouvés sans abri.
http://www.ouest-france.fr/actu/international_detail_-Haiti.-Des-campus-numeriques-pour-les-etudiants_3637-2148229_actu.Htm
http://videos.ouest-france.fr/video/a84cde1334bs.html


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