Vaudou et combats de coqs, peintres naïfs et dictateurs corrompus, rhum et Coca-Cola, Elizabeth Taylor et Richard Burton... C'était une soirée en Haïti, dimanche 7 août, sur Arte. Une soirée entre un film, Les Comédiens, de Peter Glenville, et un documentaire, Hôtel Haïti, situés au même endroit : une grande bâtisse en bois blanc aux balustrades ajourées, l'hôtel Oloffson. Dans le film de 1967, il joue le rôle de l'hôtel Trianon, à Port-au-Prince, où se chassent et se croisent des stars (le couple Burton-Taylor donc, Alec Guinness, Peter Ustinov, Lilian Gish), mais c'est lui qui tient la vedette.
http://videos.arte.tv/fr/videos/hotel_haiti-4067588.html
Richard Burton est M. Brown, propriétaire de l'hôtel, qui accueille trafiquants d'armes et politiciens américains sous l'oeil torve des "tontons macoutes", les hommes de main du dictateur "Papa Doc". Son affaire à lui, c'est surtout Martha (Elizabeth Taylor), l'épouse d'un ambassadeur sud-américain, qui joue les maîtresses impatientes - "Pourquoi as-tu pris le bateau, pourquoi pas l'avion ? Nous avons perdu quatre jours", lui reproche-t-elle langoureusement - mais refuse de quitter son mari à cause de leur fils, Angelito le mal-nommé.
Entre deux scènes torrides à peine rafraîchies par le lent tournoiement des ventilateurs du plafond, Burton découvre des cadavres dans sa piscine.
Justement, dans le documentaire de 2011, on reconnaît tout de suite la piscine (sans cadavre), on entend le ronronnement des ventilateurs et les chambres portent toujours les noms de personnalités qui s'y sont arrêtées.
L'une d'entre elles s'appelle "Graham Greene", car c'est là que l'auteur britannique, spécialiste des coups tordus sous les tropiques, trouva l'inspiration pour écrire Les Comédiens, publié en 1966 et adapté l'année suivante par Hollywood.
Aujourd'hui, un écrivain américain, Herbert Gold, et une romancière haïtienne, Edwidge Danticat, viennent régulièrement séjourner dans des chambres où leur nom est écrit sur la porte. Y cherchent-ils ce que l'on voit dans le film ? Cette lumière tamisée par les volets à claire-voie qui éclaire juste ce qu'il faut les plus sombres desseins, les moustiquaires abritant d'interminables insomnies, le rhum-coca qui se déguste sur la véranda ?
Ou venaient-ils voir Aubelin Jolicoeur, chroniqueur de la vie mondaine haïtienne, disparu en 2005, et dont la silhouette élégante et la canne à pommeau, qui apparaissent sur des documents d'archives, rappellent "Petit Pierre", journaliste ambigu et boiteux dans le film ? C'est que Jolicoeur servit de modèle à Graham Greene, et certains disent aujourd'hui qu'il s'attacha ensuite à ressembler à "Petit Pierre".
Entre le film et le documentaire, le temps semble être suspendu. L'hôtel a même résisté au terrible séisme de 2010. Mais il a souffert "psychologiquement", affirme son propriétaire actuel. Sans doute l'hôtel Oloffson a-t-il une âme.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/08/hotel-de-la-memoire_1557344_3232.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 9 août 2011
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