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dimanche 14 août 2011

Haïti/Présidence-Parlement : Où se situe le problème ?

P-au-P, 13 août 2011 [AlterPresse] --- Sur les raisons du blocage dans les rapports entre la nouvelle présidence du 14 mai 2011 et le parlement (issu des élections de novembre 2010 et de mars 2011), juristes et constitutionnalistes proposent des moyens pour une sortie de crise, dans des entretiens accordés à l’agence en ligne AlterPresse. La Constitution de 1987, la lenteur mise dans les différentes étapes du processus conduisant au choix du premier ministre et le manque d’un dialogue véritable, entre le nouveau président Michel Joseph Martelly et les deux branches du parlement, sont décrits comme causes de la situation politique difficile que traverse actuellement la république d’Haïti.
Lors même que les personnes interrogées par AlterPresse critiquent la position adoptée par les deux branches du parlement, elles ne donnent pas d’idées claires quant à l’orientation et la mission de gestion que devrait, à leur avis, assumer la présidence, aux yeux de la constitution nationale.
Faudrait-il revenir à une présidence toute-puissante ou mettre en avant un leadership éclairé afin de parvenir à un consensus, une interdépendance fonctionnelle (comme le suggère la Constitution de 1987) entre les différentes branches de pouvoir (Exécutif et législatif) afin de conclure une politique de gestion harmonieuse des affaires nationales ?
Les réponse pertinentes ne sont pas encore évidentes, ni acceptables à tous les protagonistes.
En fonction de la réalité, une seule branche de l’Exécutif (la présidence) semble avoir la haute main, en août 2011, sur la conduite des affaires depuis le 14 mai 2011.
L’autre branche de l’Exécutif (le gouvernement démissionnaire de Joseph Jean Max Bellerive) paraît nager dans la confusion et hésiter à endosser des responsabilités, par crainte de suspicions et d’interprétations susceptibles d’être assimilées à des positions favorables à l’ancien appareil d’Etat ou qualifiées de “tendance à la continuité”. Officiellement, deux anciens ministres du gouvernement sortant (Paul Denis au ministère de la justice et de la sécurité publique et Marie Laurence Jocelyn Lassègue à celui de la culture et de la communication) ont cessé de liquider les affaires courantes depuis plusieurs semaines.

Positions partagées ?
« La Constitution est source de l’instabilité (---). Le régime politique (défini par la Constitution) est un problème. Il faut changer de régime politique (…), Il faut changer la Constitution », argumente le professeur de droit constitutionnel et membre du barreau des avocates et avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval.
La Constitution de 1987, qui accorde trop de pouvoirs aux parlementaires, a « édenté » le chef de l’État en lui reléguant au rang de « caporal » de l’armée, estime. Me Dorval.
« Pouvoir illimité … pouvoir sans contrepoids … pouvoir exorbitant » : voici les expressions qu’utilise le juriste pour exprimer sa vision de la législature haïtienne.
Tous les présidents haïtiens feront face au même problème de rejet de leurs choix de premier ministre [http://www.alterpresse.org/spip.php...] si on ne change pas de système politique, prédit Me. Dorval.

“La Constitution n’y est pour rien”, rappelle, de son côté, le constituant Georges Michel.
« Il (Martelly) doit trouver quelqu’un qui plait à lui et aux 16 sénateurs. Ce n’est pas difficile à trouver », croit Michel, ancien journaliste ayant participé (comme membre de l’assemblée constituante) à la rédaction de la loi-mère ratifiée le 29 mars 1987 par des millions de personnes en Haïti.
Le dernier choix de Martelly en la personne de Bernard Honorat Gousse, a été rejeté le mardi 2 août 2011 par le vote défavorable de 16 sénateurs (sur 30 que compte le sénat, le président de la chambre haute ne votant pas), membres du groupe parlementaire pour le renouveau (Gpr, regroupement des élus de la plateforme “Inite” - parti de l’ancien président René Garcia Préval - et alliés).
Avant Gousse, l’homme d’affaires et économiste Daniel Gérard Rouzier n’a pas été accepté, le mardi 21 juin, par la chambre des députés..
« A la fois, l’Exécutif et le Législatif nous font perdre (au pays) du temps », considère Georges Michel.
La solution réside dans le dialogue, selon l’ancien constituant Michel qui « invite Martelly à demander aux parlementaires de lui proposer quelqu’un qui leur soit agréable », s’il ne parvient pas à trouver une personnalité qui puisse les convaincre.
Le problème politique, que connaît Haïti aujourd’hui, n’est autre qu’une lutte entre deux classes politiques : une qui a dirigé le pouvoir au cours de ce dernier ¼ de siècle (au parlement, de 1986 à 2011) et une autre qui n’a pas été au pouvoir au cours de cette période (la présidence).
« C’est une lutte qui est là … une lutte pour le pouvoir, qui ne dit pas encore son nom, et le choix du premier en est déterminant », déclare Me Henri Dorléans, également membre du barreau des avocates et avocats de la capitale.
Tout en préconisant le dialogue et les échanges, Me Dorléans préconise de former le gouvernement avant de déterminer le choix d’une première ministre ou d’un premier ministre : « un gouvernement qui pourrait mettre chacun à l’aise », souligne Dorléans.
Aucune de ces 2 classes « ne pourra pas tirer le drap totalement de son côté », pense Dorléans qui exhorte les protagonistes à une conciliation des intérêts.
Toutes les personnalités, interrogées par AlterPresse, écartent toutes possibilités pour Martelly de diriger par décrets, au cas où il n’arriverait pas à trouver un accord avec les parlementaires. Elles conseillent, toutes, au chef de l’État de ne pas aller dans la direction de gestion publique “par décrets”. [rh rc apr 13/08/2011 10:06]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article11394

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