Publié le 15 avril 2011 à 07h14
Des centaines et des centaines de victimes de Jean-Claude Duvalier se sont exilées au Canada pendant le règne de l'ancien dictateur. Une association montréalaise les incite aujourd'hui à porter plainte pour crimes contre l'humanité.
Joseph Yves Médard a été emprisonné trois fois pendant le règne des Duvalier. Des séjours où il a été giflé, frappé, humilié. À trois reprises, ce cinéaste haïtien a été contraint de fuir son pays, craignant pour sa vie.
Aujourd'hui âgé de 73 ans, Joseph Yves Médard réclame que justice soit rendue. L'homme, qui vit depuis peu à Montréal, entend porter plainte contre l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier pour crimes contre l'humanité.
Il ne sera pas le seul Haïtien exilé au Canada à le faire. Hier, une association de Montréal a lancé un appel à la diaspora haïtienne pour recueillir des témoignages de victimes et de témoins des crimes commis sous le régime de «Bébé Doc» Duvalier, qui a dirigé Haïti de 1971 à 1986.
«Demander justice ne signifie pas vouloir une revanche, mais exiger que les responsables de crimes répondent de leurs actes, a dit l'écrivaine et journaliste haïtienne Jan J. Dominique, hier, lors d'une conférence de presse à Montréal. Demander justice est aussi un moyen de commencer un processus de guérison.»
Souvenirs douloureux
Lorsqu'il aborde son passé, Joseph Yves Médard peine à retenir ses larmes. Ce militant gauchiste pense à son jeune frère, contraint de s'exiler en Argentine. «Ma grand-mère et ma tante ont été frappées», a-t-il raconté, ému, en marge de la conférence de presse.
Le projet de recherche de témoignages est le fruit d'une collaboration entre le Comité contre l'impunité et pour la justice en Haïti (une nouvelle association de survivants située à Montréal), le Centre canadien pour la justice internationale et le Centre international de criminologie comparée de l'Université de Montréal.
Le groupe travaille en collaboration avec deux organisations haïtiennes, qui souhaitent recueillir des plaintes et des preuves pour monter un dossier contre Jean-Claude Duvalier, retourné en Haïti en janvier après 25 ans d'exil.
Avec le soutien de l'association montréalaise, les victimes vivant au Canada pourront porter plainte au Cabinet du juge d'instruction en Haïti. Leurs témoignages serviront également à un projet de recherche sur ce que représente la justice aux yeux des survivants.
À ce jour, une vingtaine d'Haïtiens ont porté plainte contre l'ex-dictateur pour détention arbitraire, exil, destruction de propriété privée, torture et violation des droits. Les juges annonceront s'il y aura un procès au cours des prochains mois.
Les avocats de Jean-Claude Duvalier ont plaidé que leur client ne peut être inculpé de crimes contre l'humanité, car le délai de prescription de 10 ans est échu. Les associations de victimes contestent cette interprétation de la loi.
Jean-Claude Duvalier est déjà inculpé de corruption, de détournements de fonds et d'association de malfaiteurs par la justice haïtienne.
Les victimes et les témoins peuvent appeler au 514-343-6111 poste 3667 ou 4864 ou envoyer un courriel à melchiade.manirabona@umontreal.ca.
http://www.cyberpresse.ca/international/amerique-latine/201104/15/01-4390078-des-victimes-de-duvalier-se-mobilisent-au-canada.php
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 15 avril 2011
Des victimes de Duvalier se mobilisent au Canada
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