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mercredi 2 mars 2011

Urgence sanitaire en Haïti : comment Aide Médicale Internationale a organisé sa réponse contre le choléra

Aide Médicale Internationale La mission d'A.M.I. en Haïti a été récemment frappée par une nouvelle crise sanitaire. La violente épidémie de choléra qui s'est déclenchée sur le pays a en effet bouleversé le démarrage de la phase de reconstruction que l'on pouvait espérer un an après le séisme du 12 janvier 2010.
Cette situation a conduit l'organisation à réadapter une nouvelle fois ses actions face à l'urgence, afin de répondre au mieux aux priorités et aux besoins des populations vulnérables.
Témoignage : (Papy Lukeka* )
« Quand l'épidémie de choléra s'est déclenchée en Haïti, toute l'équipe s'est mobilisée pour agir le plus rapidement possible. J'ai alors reçu un appel d'urgence afin que je me dépêche de rentrer en Haïti après une nuit en République Dominicaine. L'équipe sur place avait déjà commencé à établir les contacts avec nos différents partenaires afin d'effectuer les commandes d'urgence. Nous avons alors participé à une première journée de réunion avec les équipes Log et Wash afin d'organiser nos stocks face à cette épidémie. Ensuite nous avons lancé une commande d'ORS (Sérum de Réhydratation Orale) afin de finaliser la transformation de la clinique de Martissant 7 en centre de réhydratation orale. Au début, nous avions prévu de construire un Centre de Traitement du Choléra (CTC) dans le quartier de Martissant afin de mettre à profit notre collaboration avec le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). Cependant, nous n'étions pas dans de bonnes conditions pour obtenir un terrain constructible parce que les déplacés du séisme occupaient déjà une bonne partie des terrains.
Par ailleurs, les terrains en Haïti sont généralement de propriété privée, ils ne possèdent pas de titre foncier et ne sont donc pas exploitables. A.M.I. a dû alors prendre la décision d'aller là où les autres ne vont pas, c'est-à-dire dans les zones les plus enclavées afin de mettre en place des Unités de Traitement du Choléra (UTC).
Dans le village de Laboule, la Croix-Rouge française ainsi que nos partenaires de WASH (eau et assainissement) nous ont fournis des tentes pour mieux entamer les installations. Ensuite, nous avons pris tout en charge au niveau médical et non médical et l'UTC a été entièrement gérée par une équipe d'A.M.I. L'accessibilité au village est très limitée et il est très difficile de s'installer dans cette zone. Le village se trouve sur une colline accessible uniquement à pied ou en voiture. En tant que coordinateur logistique, je m'occupe de conduire chaque jour l'équipe sur place, d'assurer la livraison des matériels, ainsi que de garantir le respect des mesures de sécurité.
La supervision quotidienne est indispensable au bon fonctionnement de ce programme, afin que l'équipe soit confiante et que l'épidémie de choléra soit sous contrôle. Une priorité était d'assurer le traitement de l'eau, indispensable pour le déroulement des activités médicales. Le transport a été très complexe car il n'y avait pas d'accès au site. On a du utiliser un petit tank de 350 litres pour remplir le blader (tank souple) de 5 000 litres d'eau offert par l'UNICEF. D'autres partenaires nous ont aidé à analyser l'eau infectée. Nous l'avons traité avec du chlore afin de pouvoir l'utiliser pour l'UTC. La population, composée d'environ 8 000 personnes éparpillées sur tout le territoire, a accueilli le projet très favorablement et participe avec enthousiasme aux opérations. C'est ainsi qu'environ 70 haïtiens travaillent avec nous pour faire face à l'urgence.
À Port-au-Prince, la capitale du pays, nos activités se concentrent sur Martissant. Dans ce quartier pauvre, les conditions sanitaires des habitants sont très précaires et nous avons beaucoup de travail à faire pour améliorer leur mode de vie. Nos équipes se consacrent à des séances d'éducation à la santé et à la promotion de l'hygiène pour prévenir les maladies contagieuses. Ce qui explique pourquoi mon emploi du temps quotidien est très chargé car je dois assurer un soutien continu aux équipes, m'occuper de leur sécurité sur la mission et prendre en charge la coordination des activités.
Aujourd'hui, la propagation du choléra semble stable et sous contrôle, mais le niveau de vigilance reste élevé. Malgré cela, la situation politique en Haïti est de plus en plus instable et il est impossible de prévoir comment elle évoluera dans le futur. L'aide offerte par la communauté internationale, à mon avis, ne suffit pas à reconstruire un pays qui semble ne pas avoir d'avenir. J'espère qu'en travaillant ensemble, nous arriverons à trouver une solution aux problèmes qui pèsent sur la population haïtienne. »
*Papy Lukeka travaille en Haïti depuis un an pour Aide Médicale Internationale en tant que coordinateur logistique.
http://www.newspress.fr/Communique_FR_238132_1627.aspx

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