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samedi 22 janvier 2011

Perdant patience, Washington met la pression sur les autorités haïtiennes

Alors que la situation se complique avec le retour de «Baby Doc», les Etats-Unis exigent une relance du processus électoral Bernard Bridel
Les Etats-Unis sont en train de perdre patience en Haïti. Près de deux mois après le premier tour de la présidentielle du 28 novembre – dont le résultat n’a toujours pas été proclamé! – leur ambassadeur aux Nations Unies, Susan Rice, a haussé le ton. S’exprimant devant le Conseil de sécurité, elle a exhorté jeudi soir les autorités haïtiennes «à définir une voie très claire, qui mènera rapidement à l’inauguration d’un gouvernement démocratiquement élu», indispensable pour s’attaquer à la reconstruction d’un pays, dévasté par le séisme du 12 janvier 2010 et où le fléau du choléra continue de tuer.
Lâchant une véritable bombe, vu son statut, Susan Rice a par ailleurs ajouté qu’il fallait mettre en œuvre les recommandations de l’Organisation des Etats américains (OEA), selon lesquelles Jude Célestin, le candidat du président sortant René Préval, devait être écarté du second tour de la présidentielle…



Rappelons qu’à la suite de la proclamation des résultats du premier tour, le 7 décembre dernier, les partisans du chanteur Michel Martelly, arrivé 3e derrière Jude Célestin et Mirlande Manigat, avaient littéralement «retourné» le pays durant trois jours d’émeutes. Ils protestaient contre ce qu’ils appelaient un hold-up électoral, affirmant que leur candidat était arrivé 2e et avait donc le droit d’être présent au second tour face à Mirlande Manigat.



Pour calmer le jeu et gagner du temps, le Conseil électoral et le président avaient autorisé un recomptage des voix et accepté la mission de l’OEA. Aux dernières nouvelles, les résultats définitifs devraient être annoncés d’ici au 31 janvier. Mais nul ne sait ce qu’il peut se passer d’ici là.



En effet, le retour, dimanche, de l’ex-dictateur Jean-Claude «Baby Doc» Duvalier, après vingt-cinq ans d’exil en France, et l’annonce qu’un autre ex-tyranneau, Jean-Bertrand Aristide, souhaite aussi revenir au pays ont plongé les Haïtiens dans la perplexité. Et beaucoup voient dans ces événements une magouille du président Préval pour se maintenir le plus possible aux affaires et organiser sa succession.



C’est sans doute pour briser ce cercle vicieux que Washington a tapé du poing sur la table.



Lueur d’espoir dans ces ténèbres: Amnesty International a confirmé hier que la justice allait enquêter sur les violations des droits humains sous le règne de «Baby Doc». Ce dernier a déjà été inculpé mardi à Port-au-Prince de corruption, de détournements de fonds publics et d’association de malfaiteurs. Laissé en liberté, il a quitté jeudi son hôtel pour une riche villa des hauts de la capitale.



Les regrets de Tony Blair sur la guerre en Irak

Lâché par ses ex-collaborateurs, l’ancien premier ministre britannique avoue avoir agi par conviction personnelle
Lors de son deuxième interrogatoire sur son rôle dans l’invasion de l’Irak, Tony Blair a exprimé des regrets. Enfin. Interrogé il y a tout juste un an sur les conditions de l’entrée en guerre du Royaume-Uni en Irak par une commission d’enquête, l’ancien premier ministre britannique avait expliqué n’avoir «aucun regret» quant à son action.
Hier, cinq minutes avant la fin de sa deuxième session d’interrogatoire, il a voulu clarifier ce point: «Il y a un an, j’ai cru que vous m’aviez demandé si j’avais des regrets sur mes choix politiques, or, je n’en ai pas le moindre. En revanche, il est clair que je regrette évidemment les pertes de vies en Irak, militaires et civiles.» Le parent de l’un des soldats tués en Irak, présent dans la salle, lui a alors hurlé son désespoir: «C’est trop tard!»
En costume et cravate bleu foncé, l’ancien homme fort du pays apparaît fatigué et tendu. Depuis sa décision de mener son pays à la guerre en 2003, il est attaqué de toutes parts. Cette semaine d’interrogatoires a ainsi été marquée par les aveux inattendus de certains de ses proches collaborateurs.
Stephen Wall, alors directeur des Affaires européennes au sein du gouvernement, s’en veut de n’avoir pas conseillé au chef du gouvernement de considérer plus sérieusement le point de vue de son homologue français Jacques Chirac, totalement opposé à la guerre.
Le procureur général de l’époque, Peter Goldsmith, chargé de déterminer la légalité de l’invasion de l’Irak, a lui assuré que son «point de vue n’a pas été requis. Je n’étais pas du tout assez impliqué dans les réunions et les discussions sur la résolution des Nations Unies et sur la stratégie derrière elle qui se tenaient au niveau ministériel.» Un document diplomatique a d’ailleurs révélé que Tony Blair ne voyait alors pas l’intérêt de demander son avis, certain qu’il était de sa propre légitimité.
Il a d’ailleurs conforté le brouillard autour de son étrange relation avec l’ancien président américain, George W. Bush. Il n’envisageait en effet pas de lui faire part des hésitations de la classe politique britannique avant d’être «forcé de le faire», car cela se serait avéré politiquement «dramatique» pour la relation entre les deux pays et «aurait atténué la confiance qu’il nous portait». Un nouvel aveu de soumission qui aura mené son pays dans une guerre aujourd’hui regrettée par beaucoup.
Tristan de Bourbon

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