06/01/2011 07:40:19
Aujourd’hui, 12 mois après le tremblement de terre, le financement a commencé à arriver, mais lentement. Les communautés nationales et internationales commencent à travailler conjointement de manière plus efficace. La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) est en train de jouer un rôle actif dans cette coopération, comme le montrent les projets qu’elle a approuvés (à hauteur de 3 milliards de dollars) et pour lesquels les organisations internationales se sont engagées en partenariat avec des ministères haïtiens.
Alors que les donateurs commencent à honorer leurs engagements, ils sont confrontés à la difficulté d’évaluer les faits reflétant les besoins les plus urgents qui se posent sur le terrain, un grand nombre d’entre eux se demandent comment établir un ordre de priorité pour leurs dépenses.
Le plan stratégique, présenté, lors de la quatrième réunion de la CIRH le 14 décembre 2010 à Santo-Domingo en République Dominicaine, permettra d’orienter les agents d’exécution des projets, les donateurs et les investisseurs à mesure qu’ils honoreront les engagements contractés aux fins de la reconstruction et du développement d’Haïti, et accorderont un financement additionnel qui fait grandement défaut. Élaboré conjointement par la CIRH, les experts internationaux et les dirigeants des ministères, ce plan souligne un grand nombre des besoins les plus importants qu’Haïti devra satisfaire d’ici la fin du mandat de la CIRH (octobre 2011).
Chaque jour de la semaine nous vous ferons découvrir un volet de ce plan stratégique pour 2011. Aujourd’hui nous traiterons de l’éducation
Ce plan stratégique repose sur le plan de cinq ans du gouvernement qui a été élaboré conjointement par le gouvernement et la Commission présidentielle sur l’éducation et les principaux bailleurs de fonds.
Dans l’ensemble, 10 ans après le lancement du Plan national pour l’éducation rédigé en 2000, et en dépit de l’augmentation considérable du nombre d’écoles et d’élèves, le système national continue d’être caractérisé par :
Des structures d’enseignement inadéquates, compte tenu de la population de plus de 500 000 enfants privés de tout accès à l’école et des 135 sections communales n’ayant pas d’écoles publiques, dont 23 n’ont aucune installation scolaire, quelle soit publique ou privée.
La piètre qualité de l’enseignement, qui se traduit par des réussites très faibles et un taux élevé de décrochages.
Le piètre rendement du corps enseignant à tous les niveaux.
Une faible gouvernance à tous les niveaux, y compris la capacité du gouvernement de planifier, de surveiller, de superviser et, plus généralement, de jouer le rôle attendu de lui sur le plan normatif.
L’impact du tremblement de terre est bien connu et a été exposé dans le PARDH. Par exemple, dans le département de l’Ouest, qui reçoit 50 % de l’intégralité de la clientèle scolaire, 80 % de l’ensemble des bâtiments ont été détruits ou endommagés, soit quelque 3,804 écoles. Sur le plan humain, plusieurs milliers d’enfants sont morts en même temps qu’environ 1,350 enseignants et 180 non-enseignants. Dans le Sud-Est, 279 écoles ont été détruites ou endommagées. Tous les centres de formation professionnelle du pays ont été ou détruits ou gravement endommagés. Plus de 80 % des bâtiments des universités nationales ont été sérieusement endommagés ou totalement détruits.
Dans un contexte où tout est à faire, un exercice de hiérarchisation rigoureux a été entrepris et on a accordé la priorité aux écoles primaires, qui accepteraient la majorité des jeunes haïtiens. Le Plan de cinq ans et, de manière plus immédiate, le présent plan doivent rester suffisamment ambitieux pour qu’Haïti, un pays qui place, sans distinction de revenu, l’éducation au haut des priorités des ménages, ne soit pas confronté une fois de plus à la perte d’une génération.
Objectifs visés, justification et programmes :
Les objectifs à court terme sont par conséquent conformes à ceux à long terme, notamment l’accès libre et obligatoire à une éducation de qualité, en particulier dans les neuf premières années d’enseignement d’ici à 2021. Les niveaux secondaire et tertiaire de même que les écoles professionnelles et spécialisées sont également des composantes importantes du Plan de cinq ans, bien qu’ils ne figurent pas dans le court terme au même niveau que l’éducation de base. L’ensemble des besoins de financement du Plan à cinq ans ont été établis à environ 4,3 milliards de dollars. On estime qu’Haïti sera en mesure de prendre à son compte 25 % de ces besoins et que par conséquent un effort international considérable sera nécessaire pendant de nombreuses années.
Dans la première phase, la priorité ira à la construction et il faudra mieux reconstruire ce qui a été détruit par le tremblement de terre et construire de nouvelles écoles là où il n’y en avait pas du tout à cette date. Il faudra en outre accorder une priorité égale à la nécessité de combler l’écart entre les dépenses et les besoins dans le court et le plus long terme, tout en conservant le caractère gratuit de l’enseignement pour les neuf premières années, en particulier comme objectif à atteindre dans 10 ans. Parallèlement, des efforts spéciaux seront consacrés à l’amélioration de la gouvernance dans l’ensemble du secteur de l’éducation. À ce chapitre, il faudra notamment renforcer la capacité du gouvernement à planifier, superviser et former, tout en renforçant la capacité de dispenser un enseignement structuré à la jeunesse du pays.
La réalité sur le terrain et les objectifs ambitieux du pays se retrouvent dans les objectifs spécifiques qu’il faudra réaliser d’ici la fin de 2011 :
Infrastructure et équipement pour les écoles fondamentales :
- Déblayer 150 sites pour des écoles et construire 250 bâtiments temporaires
- Construire et doter en personnel 60 écoles fondamentales dans des sections communales où il n’existe pas d’écoles publiques
- Équiper un maximum de 3,000 écoles (publiques et privées)
- Alimenter 250,000 enfants
- Donner à jusqu’à 500,000 enfants une trousse scolaire (manuels et uniformes)
- Accorder à un maximum de 500,000 enfants une aide financière de 125 $US par année pour fréquenter des écoles privées
- Former 5,000 enseignants
- Donner à 10 000 professeurs une trousse d’enseignement
- Remanier le Programme national d’enseignement
Enseignement professionnel :
- Rénover et équiper 3 centres de formation professionnelle
- Alphabétisation : Installer et équiper 1 750 centres d’alphabétisation
- Éducation tertiaire : Créer un fonds destiné à soutenir la reconstruction des universités
- Développer et consolider le réseau d’universités publiques dans les régions, en commençant par Les Cayes/Sud, Gonaïves/Artibonite et Cap-Haïtien/Nord), commencer à étendre le réseau à Jacmel/Sud-Est et à Hinche/Centre.
Gouvernance et soutien au MENFP (y compris l’infrastructure) :
- Renforcer le ministère de l’Éducation au niveau de l’administration centrale et des départements
Autres :
- Reconstruire et équiper 3 (des 23 anciens) centres pour enfants handicapés
Besoins de financement :
- Le financement manquant à combler pour concrétiser cet effort à court terme est de 152,6 millions de dollars (2) et se répartit comme suit ;
- Infrastructure et équipements pour des écoles fondamentales : 50 millions
- Enseignement professionnel : 25 millions
- Alphabétisation : 4,6 millions
- Éducation tertiaire : 15 millions
- Gouvernance et soutien au MENFP (y compris l’infrastructure) : 56 millions
- Autres : 2 millions
(2) Ne comprend pas les repas dispensés à l’école, l’assistance financière aux enfants et la distribution de trousses aux enfants et aux professeurs.
Au printemps et à l’été 2010, un effort considérable a été déployé pour permettre au plus grand nombre possible d’enfants de retourner à l’école pour la session d’automne 2010. Bien que des dizaines de milliers d’élèves aient bénéficié des efforts déployés sur ce front, plus de la moitié de l’ensemble des besoins n’ont pas été satisfaits.
La réalisation des objectifs énoncés ci-dessus créera un cercle vertueux : une augmentation du nombre d’enfants en mesure de fréquenter l’école, y compris de nombreux enfants qui n’ont jamais pu le faire; plus de 10 000 emplois temporaires seront créés dans des activités de construction et plusieurs centaines d’emplois permanents seront créés avec la construction des nouvelles écoles. Des produits locaux seront achetés pour alimenter les écoles, ce qui aidera à accroître les revenus des agriculteurs à la fois dans le court et le long terme. Le fardeau financier des ménages pauvres diminuera avec l’accès aux écoles publiques et l’augmentation du nombre d’enfants recevant une assistance financière, ce qui atténuera la vulnérabilité des plus démunis.
Lire aussi :
http://www.haitilibre.com/article-2033-haiti-reconstruction-i-le-logement-plan-strategique.html
http://www.haitilibre.com/article-2040-haiti-reconstruction-ii-enlevement-et-gestion-des-decombres-plan-strategique.html
HL/ S/ HaïtiLibre /CIRH
http://www.haitilibre.com/article-2047-haiti-reconstruction-iii-education-plan-strategique.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 6 janvier 2011
Haïti - Reconstruction : (III) Éducation - Plan stratégique
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