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jeudi 6 janvier 2011

Haïti - Reconstruction : (II) Enlèvement et gestion des décombres - Plan stratégique

05/01/2011 08:00:28 Aujourd’hui, 12 mois après le tremblement de terre, le financement a commencé à arriver, mais lentement. Les communautés nationales et internationales commencent à travailler conjointement de manière plus efficace. La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) est en train de jouer un rôle actif dans cette coopération, comme le montrent les projets qu’elle a approuvés (à hauteur de 3 milliards de dollars) et pour lesquels les organisations internationales se sont engagées en partenariat avec des ministères haïtiens.
Alors que les donateurs commencent à honorer leurs engagements, ils sont confrontés à la difficulté d’évaluer les faits reflétant les besoins les plus urgents qui se posent sur le terrain, un grand nombre d’entre eux se demandent comment établir un ordre de priorité pour leurs dépenses.
Le plan stratégique, présenté, lors de la quatrième réunion de la CIRH le 14 décembre 2010 à Santo-Domingo en République Dominicaine, permettra d’orienter les agents d’exécution des projets, les donateurs et les investisseurs à mesure qu’ils honoreront les engagements contractés aux fins de la reconstruction et du développement d’Haïti, et accorderont un financement additionnel qui fait grandement défaut. Élaboré conjointement par la CIRH, les experts internationaux et les dirigeants des ministères, ce plan souligne un grand nombre des besoins les plus importants qu’Haïti devra satisfaire d’ici la fin du mandat de la CIRH (octobre 2011).
Chaque jour de la semaine nous vous ferons découvrir un volet de ce plan stratégique pour 2011. Aujourd’hui nous traiterons de l’enlèvement et de la gestion des décombres.
Le déblaiement est un élément clé de la plupart des priorités en matière de développement et de reconstruction. Très peu de décombres ont été enlevés jusqu’ici et il y a peu d’organisations à effectuer des opérations de déblaiement sur une grande échelle. En outre, le travail existant s’effectue sans l’orientation d’un cadre de travail global.
Le déblaiement a été lent à démarrer, en partie parce que les décisions stratégiques clés n’ont pas été prises, par exemple, on ne peut toujours pas démolir des immeubles classés comme nécessitant beaucoup plus que des réparations. De plus, il n’existe pas de mécanisme permettant de suivre adéquatement les progrès dans ce domaine et on n’a toujours pas fait une évaluation complète du volume existant des décombres, ce qui complique tout travail de planification.
Le défi que posent la complexité et l’ampleur de cette tâche exige une stratégie globale. La stratégie retenue devra faire un choix entre les multiples méthodes de déblaiement en fonction de leur efficacité et tenir compte des particularités et des contraintes de chaque région géographique, plutôt que de faire un choix général pour l’ensemble du pays.
Il est également essentiel qu’une stratégie globale décide de la façon dont on se débarrassera des décombres et peut-être dont on les recyclera. La pratique actuelle de rejet non contrôlé, qui est la norme pour de nombreux sites, peut être de nature à créer de nouveaux problèmes. L’impact environnemental du mode d’élimination des débris a été étudié et il est établi que ces décombres constituent des matériaux inertes qui ne comportent guère de risque significatif, car ils sont séparés des flux municipaux de déchets domestiques et autres. Le plan devra également envisager la question des décharges ou des sites d’enfouissement, y compris les pratiques optimales de fonctionnement de tels sites, les mécanismes d’application et les occasions de création de revenus par le biais du recyclage des décombres quand ce sera possible et faisable.
À ce jour, il y a eu diverses estimations du volume des décombres générés par le séisme. Pour les fins du présent document, on estime qu’il y a un volume de 10 millions de mètres cubes de décombres dont il faut se débarrasser.
La CIRH a élaboré une approche visant à enlever 40 % des débris d’ici la fin de son mandat. Le moment de l’action immédiate est arrivé. La communauté internationale doit s’associer à l’exécution de ce plan.
Les efforts de déblaiement en cours :
Un grand nombre d’efforts fragmentaires de déblaiement sont actuellement en cours. Renforçant l’effort continuel du gouvernement haïtien dans ce domaine, diverses ONG, des acteurs bilatéraux et multilatéraux ont mis en œuvre des projets de déblaiement dans des rues et/ou des installations spécifiques. Dans le cadre d’une réalisation stratégique appropriée d’une opération de déblaiement sous la direction du gouvernement haïtien, toutes les organisations participantes devront fournir des rapports périodiques sur l’avancement des travaux, ce qui donnera chaque fois une vue d’ensemble des efforts en cours.
Recyclage : Dans la plupart des cas où les décombres des immeubles effondrés ou démolis sont séparés des déchets, le travail s’effectue à la main. Les débris sont en général utilisés de différentes façons, à savoir pour :
- Combler des zones où l’état des terrains pose des problèmes.
- Agrandir le littoral à certains endroits.
- Réhabiliter des routes en terre battue
- Combler des terrains pour préparer l’installation d’abris, après avoir été broyés ou étalés sur la surface à préparer.
- Construire des maisons en blocs.
L’utilisation des décombres peut permettre d’offrir des emplois à des travailleurs non qualifiés et peut être une source de revenu pour des chômeurs, tout en réduisant le volume total de rejets de matériaux réutilisables. Cette option présente l’avantage supplémentaire d’alléger la demande de matériaux nécessaires pour réparer et reconstruire les nombreux immeubles endommagés. Toutefois, ce processus absorbe beaucoup de temps, et les décombres doivent être gardés relativement près du site où ils seront utilisés. Il convient aussi de noter que certaines pratiques traditionnelles et l’acceptation culturelle constituent des sujets de préoccupation. L’utilisation de décombres recyclés dans la production de mélanges de béton à faible résistance a donné lieu à différentes études et continue de le faire. La plupart des études réalisées jusqu’ici recommandent qu’on poursuive les recherches avant de formuler un jugement définitif sur le bien-fondé d’une telle utilisation.
Stratégies de déblaiement :
Il existe diverses approches dont chacune présente des avantages et des inconvénients :
- L’Approche des quartiers (adoptée par l’ONU, les ONG et la Croix-Rouge américaine) favorise l’enlèvement des décombres dans certains quartiers dans le but de diminuer la population de divers camps. Cette approche exige une collaboration étroite avec les organismes publics qui supervisent ce domaine, ce, dans un souci d’efficacité et pour régler les questions de droit de propriété et, le cas échéant, les différends.
- L’Approche des grilles sectorielles préconise le déblaiement par zone et utilise une grille d’un kilomètre et une grille de 100 mètres par sous-secteur. Cette division ne tient pas compte des limites géographiques actuelles des zones, mais a l’avantage de couvrir l’ensemble des zones touchées.
- L’Approche systématique de quartiers (US Army Corps of Engineers) divise les zones touchées en utilisant principalement 10 limites de départements, eux-mêmes subdivisés en plus petits secteurs tenant compte des subdivisions politiques, sociales et économiques. Selon l’Armée américaine, cette approche devrait faciliter le partage des responsabilités de la gestion des décombres. Similaire à l’Approche des quartiers, celle-ci en diffère du fait qu’elle considère l’intégralité de la zone affectée qu’elle divise et classe les zones par ordre de priorité avant l’étape de la mise en œuvre des projets de déblaiement.
Le temps nécessaire et les coûts d’application de ces stratégies diffèrent de l’une à l’autre :
- Approche de quartiers : Sur la base d’un nombre estimatif de 10 contrats de ce type en cours d’exécution simultanément et de l’hypothèse d’un volume total de 10 millions de mètres cubes restant dans la région métropolitaine de Port-au- Prince, on peut prévoir qu’il faudra au mieux environ 4 ans pour mener l’effort à terme, en supposant une semaine de travail de 7 jours. De plus, en utilisant un coût moyen de déblaiement de 35 $ par mètre cube, on obtient un coût total d’environ 350 millions de dollars.
- Approche des grilles sectorielles : S’il faut réaliser l’effort de déblaiement en utilisant des contrats similaires à ceux qu’on utilise dans le centre-ville de Port-au-Prince dans le cadre de contrats du gouvernement haïtien, un tel contrat exigerait 18 moins de travail dans des grandes régions ouvertes comme le corridor du centre-ville établies par le gouvernement, en supposant également une semaine de travail de 7 jours. Au coût de 40 $ par mètre cube, cette opération pourra se réaliser à un coût total de 400 millions de dollars. Ce chiffre ne comprend pas les programmes spécifiques de quartier et il ne tient pas compte des problèmes de densité qui y sont associés.
- Approche systématique de quartiers : Comme il a été recommandé, la poursuite des efforts existants (quartiers) renforcée par les propres efforts du gouvernement, l’utilisation des forces internes et les contrats de sous-traitance peuvent être la solution qui permettra de maximiser toute une gamme d’avantages. Cette approche ne sera peut-être pas la plus économique ni la plus rapide, mais les avantages en termes de considérations socio-économiques et environnementales sont essentielles à un meilleur avenir pour le pays. Il faudra un montant estimatif de 400 millions de dollars répartis sur 24 à 30 mois pour mener le projet à terme.
La CIRH recommande une Approche systématique de quartiers. Celle-ci combinerait les approches de quartier et l’approche de l’Armée américaine pour assurer que les régions frappées par les tremblements de terre seront toutes prises en considération, sans que certains quartiers ne soient négligés. Pour atteindre ce but, le gouvernement haïtien devra travailler en étroite collaboration avec les diverses organisations participant au déblaiement et les suivre de près et il devra élaborer un plan pour compenser les régions non couvertes pour l’instant et/ou susciter un intérêt additionnel chez certains autres intervenants capables de réaliser des projets de déblaiement. Ce plan a l’avantage de travailler dans des régions relevant de la compétence des autorités locales et de permettre une coordination plus efficace entre toutes les parties. En outre, un certain nombre d’efforts actuellement en cours pourront se poursuivre pendant que l’on continuera à chercher des ressources additionnelles pour les compléter. Cette approche peut également permettre de réaliser des économies grâce à l’utilisation de divers sites de rejet et à une mise en œuvre stratégique.

Cible : D’ici octobre 2011, 40 % de l’ensemble des décombres, soit 4 millions de mètres cubes, seront enlevés.
Justification : En dépit de son coût plus élevé, l’Approche systématique de quartiers est préférée aux autres parce qu’elle permet de déblayer à un rythme relativement plus rapide. Cela est essentiel pour la reconstruction d’Haïti pour trois principales raisons. Premièrement, la sûreté et la santé de la population en Haïti. Deuxièmement, le déblaiement constitue un préalable clair pour la réalisation d’autres priorités en matière de développement, par exemple la construction de logements, d’hôpitaux et d’écoles. L’enlèvement des décombres sera une manifestation visible des améliorations effectuées sur le plan du développement.
Programmes requis : Pour atteindre cet objectif, l’opération de déblaiement se subdivisera comme suit :
- 24 opérations séparées et indépendantes de déblaiement sur la base d’une semaine de six jours de travail.
- Un minimum de 12 sites de rejet ayant une capacité minimale de 333,000 mètres cube chacun.
Ces opérations seront réparties en projets et contrats différents, mais il est essentiel qu’elles soient appuyées par une unité de coordination centrale qui serait idéalement placée au sein du MTPTC et surveillée de près pour assurer le respect des normes internationales de transparence.
Besoins de financement : Sur la base de l’approche systématique de quartiers, on estime que le coût moyen par mètre cube sera de 30 dollars. Pour enlever 4 millions de mètres cubes d’ici octobre 2011 (40 % de 10 millions de mètres cubes de décombres) il faudra 160 millions de dollars. Le coût de l’enlèvement des 60 % de décombres restants sera de 240 millions de dollars, soit un coût total de 400 millions de dollars, et cette approche permettra des économies considérables grâce au caractère stratégique des objectifs poursuivis et au type de gestion utilisé.

Décisions stratégiques et catalyseurs institutionnels :
Il y a trois facteurs à jouer un rôle particulièrement important dans la réalisation du programme de déblaiement :
- Le gouvernement d’Haïti doit approuver un minimum de 12 décharges en se fondant sur des suggestions déjà préparées et sur les nouveaux développements dans ce domaine.
- Le gouvernement d’Haïti doit élaborer et publier une politique de démolition des immeubles rouges quand les conditions suivantes sont réunies : A) l’état de l’immeuble présente un danger pour la communauté en général en raison de sa proximité avec des zones publiques ou B) l’immeuble s’est effondré complètement ou C) l’immeuble ne s’est pas effondré, mais les dommages sont tels qu’il ne peut être réparé.
- Le gouvernement d’Haïti doit mettre sur pied une équipe qui appuiera les efforts de coordination du MTPTC, adoptera des mécanismes spécifiques de surveillance et un système uniforme d’inspections quotidiennes des lieux, disposera d’un personnel approprié de surveillance et instituera un système quotidien de rapports et de conformations.
La CIRH est prête et disposée à appuyer le gouvernement dans la recherche de ces solutions.
Interdépendance avec d’autres secteurs :
- Le déblaiement est une exigence clé des progrès à réaliser dans d’autres domaines où doivent s’effectuer des travaux de construction. La sélection des sites à déblayer doit donc être envisagée en rapport avec d’autres plans de développement. Cette coordination peut être facilitée par l’élaboration de cartes détaillées, ce qui permettra de déterminer les secteurs à déblayer en priorité.
Lire aussi :
http://www.haitilibre.com/article-2033-haiti-reconstruction-i-le-logement-plan-strategique.html
HL/ S/ HaïtiLibre /CIRH

http://www.haitilibre.com/article-2040-haiti-reconstruction-ii-enlevement-et-gestion-des-decombres-plan-strategique.html

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