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lundi 17 janvier 2011

Haïti : l'école de Jacmel devrait bientôt rouvrir ses portes

Le poète de la route de Roubia veut « rendre intelligible l'âme des lieux en Haïti en matière de coopération internationale ». D'importantes sommes (11 milliards en tout) avaient été récoltées en mars 2010. Les Lézignanais avaient répondu nombreux à l'appel lancé et rempli l'urne posée à cet effet à la mairie. Ils se demandent où en est la reconstruction de l'école de Jacmel, la ville natale de René Depestre. C'est ce projet qui avait surtout guidé leur générosité, parce que René Depestre est citoyen d'honneur de la ville et qu'ils en sont fiers.
Depuis son « Havre de paix », l'écrivain franco-haïtien reste en contact étroit avec Gérard Borne, directeur du centre culturel Alcibiade Pommayrac, qui gère lycée, collège et école primaire. Cette école, où René Depestre a appris à lire et à écrire, voici 80 ans, s'est effondrée lors du séisme du 12 janvier 2010. Elle est maintenant reconstruite, (aux normes antisismiques) et va ouvrir sous peu. Depuis un an, les élèves étudient sous une tente. Les autres établissements culturels de Jacmel n'ont pas été touchés.
La culture avant tout.
Malgré le chaos qui règne sur l'île, les enseignants ont continué leur travail. Les choses de l'esprit sont essentielles dans un pays riche en intellectuels de valeur : « La culture est debout », affirme René Depestre. Un pays, précise-t-il, qui doit « être refondé, plus encore que reconstruit ». Il faut commencer par l'instruction. C'est pourquoi les écoles sont prioritaires dans la longue liste des travaux urgents. Le palais, la cathédrale, les maisons d'habitations restent encore en ruine. « La manne financière tarde à être versée, car les donateurs veulent envoyer les fonds à des Haïtiens sérieux, crédibles. Les aides sanitaires et alimentaires ont été apportées. Pour le reste, on attend les élections, avec l'espoir, pour moi, que Mirlande Maniga, qui est sortie en tête du premier tour, soit élue. Elle saura s'entourer de gens compétents. Je l'ai eue récemment au téléphone. Elle me demandait d'être son conseiller, mais à bientôt 85 ans, ce n'est pas possible pour moi ! J'ai une grande confiance en elle. Elle saura prendre à bras le corps la tragédie haïtienne ».
Deux ouvrages de René Depestre vont sortir
En attendant, les critiques fusent en direction de la communauté internationale : « On parle même de déshonneur, devant le fait que Port-au-Prince, se trouve, un an après, dans l'état où le séisme l'a laissé. Or, pouvait- on verser ces sommes énormes à des interlocuteurs aussi peu valables que les membres de l'actuel gouvernement ? Les donateurs ne voudront investir durablement dans un pays sans état à sa tête ! », souligne René Depestre, qui reste cependant optimiste.
Haïti en a vu de toutes les couleurs, depuis qu'elle s'est libérée de l'esclavage. (D'ailleurs, elle n'a été réellement indépendante que quelques lustres !) Et elle s'est toujours relevée de ses multiples catastrophes.
Dans son livre 'Souci d'un Haïti debout', qui va paraître avant l'été, inspiré par le drame de son pays natal, il veut « rendre intelligible le chaos permanent, de 1692 à nos jours ». Un autre ouvrage, écrit avant le séisme, sortira aussi prochainement 'Une gomme pour le crayon du Christ'. René Depestre utilise son arme favorite, l'écriture. Comme tous les intellectuels de son « île naufragée », il espère qu'enfin ils auront une influence effective sur la société civile et le monde politique. Il souhaite que « les atouts actuels - la présence d'Obama à la Maison Blanche, les progrès de la civilité et de la solidarité mondiales - permettront à Haïti de créer un vrai état, capable de coordonner les actions des 10 000 ONG, qui y sont présentes, et de fixer des tâches à chacun. » Mais, réaliste, il ajoute : « Il faudra bien une génération entière pour y parvenir ! »
Noëlle Diamant-Berger
http://www.midilibre.com/articles/2011/01/17/VILLAGES-Haiti-l-39-ecole-de-Jacmel-devrait-bientot-rouvrir-ses-portes-1510281.php5

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