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lundi 17 janvier 2011

Caritas maintient la vigilance contre le choléra en Haïti

17/01/2011.- Alors qu’Haïti commémore le premier anniversaire du séisme, l’épidémie de choléra continue de s’étendre sur le territoire. Sensibiliser la population reste encore le mode de protection le plus efficace contre la maladie. En l’espace de trois mois, le choléra aura fait plus de 3600 morts et contaminé près de 180 000 personnes en Haïti. Un bilan alarmant, qui devrait encore s’aggraver si l’on ne s’attaque rapidement à la racine du problème. Car si l’épidémie semble montrer des signes de ralentissement depuis le début de l’année, le pic de propagation de la maladie n’a pas encore été atteint, prévient l’OMS. Dans un tel contexte, Caritas met l’accent sur les campagnes de prévention, primordiales pour enrayer le cycle de contagion.
Faire comme au Bangladesh
« En période d’épidémie, le travail de sensibilisation est une priorité », explique Annick Genson, déléguée au sein du réseau Caritas en Haïti. « L’expérience montre que dans les pays où le choléra frappe depuis longtemps, un simple travail d’information et de prise de conscience de la population peut considérablement améliorer la situation. Au Bangladesh par exemple, les femmes savent non seulement comment éviter la maladie, mais elles sont également tout à fait au courant des procédures à suivre si l’un des membres de leur famille est contaminé. Et ça fonctionne. Il faut faire la même chose en Haïti ».
L’eau est très rarement potable
Depuis le mois de novembre, les campagnes de prévention sont au cœur de l’action du réseau Caritas. Dans la capitale bien sûr, mais aussi dans les zones rurales de l’île, comme à Gressier, commune de près de 65 000 habitants située à l’Ouest de Port-au-Prince, où les équipes de promoteurs de santé et infirmières Caritas se relaient auprès de la population, dépliants et affichettes en main. L’objectif : alerter et sensibiliser le plus grand nombre sur les risques liés à la maladie, ses symptômes et la manière de s’en protéger, et ce avant que celle-ci ne se propage trop fortement dans la région. Un travail indispensable dans un pays où le choléra avait disparu du territoire il y a près d’un siècle. « Le problème ici, c’est l’ignorance des gens. La plupart n’ont jamais entendu parler de la maladie. Ils sont donc très vulnérables », reprend Annick. Sans parler des conditions de vie dans ces régions reculées où l’eau, principal vecteur de la maladie, est très rarement potable. « A Gressier, nous sommes intervenus au bon moment car la plupart des points d’intervention ont été couverts avant l’apparition de l’épidémie », souligne encore Annick. Si quelques cas ont été recensés dans la région au cours des dernières semaines, ils sont encore relativement peu nombreux.
Les docteurs un peu sorciers des campagnes haïtiennes
Pour être efficace, adopter une approche adaptée au terrain est essentiel. Autour de Gressier, où Caritas développe notamment plusieurs projets de reconstruction de maisons et d’écoles, le réseau fait bon usage de sa connaissance des lieux et des communautés. Les promoteurs de santé sont tous originaires des environs et sont ainsi en mesure de couvrir le territoire jusque dans ses localités les plus reculées. Une proximité qui permet aux familles d’être alertées et de rester informées sur les campagnes de formation et de distributions de savon, chlore et kits d’hygiène, tout en bénéficiant d’un encadrement matériel et psychologique indispensable. Un soutien précieux dans ces zones isolées, où l’épidémie de choléra commence à fragiliser fortement les réseaux de solidarité existants. Aujourd’hui, Marie Julianne Saint Just, ne peut « plus compter sur grand monde depuis que la maladie est arrivée.Avant, on s’entraidait beaucoup. Mais maintenant, tout le monde a peur », se désole cette mère de 3 enfants. Comme elle, Émilienne Saintilens regrette beaucoup que tous deviennent aussi méfiants. Pour l’ancienne commerçante, qui a perdu maison et travail, la présence des équipes Caritas est très « rassurante ». Grâce ces interventions, elle comprend beaucoup mieux la situation et la manière de se protéger contre l’épidémie. Pourtant, si beaucoup, comme Émilienne, sont très réceptifs aux conseils prodigués par les promoteurs de santé, d’autres, comme Ilianne Maxilien continuent de penser que les « connaisseurs », ces docteurs un peu sorciers des campagnes haïtiennes, seront à même de « délivrer les malades du sortilège ». La bataille contre le choléra n’est pas gagnée, la prévention doit impérativement continuer.
Mathilde Magnier
http://www.secours-catholique.org/actualite/caritas-maintient-la-vigilance-contre-le-cholera-en-haiti,8605.html

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