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vendredi 17 septembre 2010

Ils n'avaient pas le support de la diaspora

Alors qu'ils ont tous été écartés de la course électorale, le secteur où ils sont le plus connus, la diaspora n'a pas levé le petit doigt pour les défendre. Un comportement qui confirme la déclaration suivante de plusieurs leaders, responsables d'organisations ou de simples commerçants de la communauté haïtienne à Miami : « Ils n'ont aucune représentativité dans la communauté. » Le Nouvelliste a été leur parler à Miami. Haïti: La diaspora haïtienne à Miami dans l'Etat de Floride n'a que faire de l'évincement des candidats qui se réclament de ce secteur. La plupart d'entre eux sont totalement inconnus dans ce milieu. Wyclef Jean est donc le seul candidat connu de tous. Non comme un leader politique, mais comme un chanteur noir très apprécié. Certains leaders communautaires avisés ont été même surpris de faire la connaissance de la plupart des prétendants à la magistrature suprême.
Qu'il s'agisse de Lavarice Gaudin, activiste lavalas de Miami et ex-collaborateur de feu père Jean Juste, de l'homme d'affaires Voigt Charles Henry, du Dr. Kessler Dalmacy, de l'ancien ambassadeur d'Haïti à Washington Raymond A. Joseph, de Rodriguez Mario Eddy Gabriel, de Cluny Duroseau Vilaire, de Olicier Pieriche ou même de Wyclef Jean, aucun de ces candidats de la diaspora écartés de la course électorale ne serait élu président si cela dépendait de la communauté haïtienne de Miami, forte de 1,2 million d'Haïtiens.
Même le plus populaire d'entre tous, Wyclef Jean, n'aurait pas eu le vote de ses compatriotes de Miami. Pour Lucie Tondreau, militante de la défense des droits des Haïtiens immigrés aux Etats-Unis, la diaspora de Miami n'avait pas de candidats aux élections présidentielles en Haïti. Elle se questionne même sur l'importance des élections dans le pays, alors que des centaines de milliers de sinistrés sont toujours sous des tentes au lendemain du 12 janvier. « J'ai été étonnée d'entendre certains noms cités comme candidats à la présidence en Haïti. Je connais Lavarice Gaudin comme quelqu'un à Miami qui fait partie de Veye Yo, une organisation de pression, mais jamais comme un parti politique », s'insurge Lucie Tondreau.
Selon Madame Tondreau, la priorité de l'heure en Haïti ce n'est pas les élections. La militante des droits des Haïtiens immigrés aux Etats-Unis a par ailleurs critiqué la diaspora de n'avoir pas su préparer un plan concerté pour venir en aide au pays après le tremblement de terre du 12 janvier dernier.
La position de Lucie Tondreau sur les élections en Haïti et sur l'évincement des candidats de la diaspora est la même que celle d'autres personnalités haïtiennes respectables et influentes de Miami. Des autorités religieuses comme le responsable du diocèse du Sud-Est de la Floride, Mgr H. Fritz Bazin ; le responsable de l'Eglise Episcopale de Saint-Paul et les Martyrs d'Haïti, le Révérend Jean-Baptiste S. Milien, et le pasteur Jonas Georges sont tous d'accord sur le fait que la diaspora haïtienne dans l'Etat de Floride ne se reconnaît pas dans les candidatures de ces prétendants à la magistrature suprême.
Pour Mgr H. Fritz Bazin, c'est ce qui explique que la diaspora n'a pas réagi à l'évincement de ces candidats aux élections.
Comme Lucie Tondreau, les personnalités susmentionnées estiment que les élections ne sont pas la priorité de l'heure en Haïti. Elles estiment que pour le moment, toutes forces doivent se concentrer sur la situation des sinistrés de la catastrophe qui, huit mois après, sont toujours sous des tentes, en attente de l'aide internationale.
A Little Haïti, le bastion des Haïtiens vivant à Miami, un micro trottoir a vite permis de comprendre que ces compatriotes, pour la plupart, ne se préoccupent guère des élections, encore moins des candidats de la diaspora évincés. « Je ne connais que Wyclef. Ce grand chanteur haïtien qui a fait sa réputation dans la musique ici aux Etats-Unis », a déclaré Roosevelt Louis, propriétaire d'un dry cleaning. Il vit depuis plus de 20 ans à Miami.
Pour Frénel Bazar qui travaille dans une compagnie de téléphonie mobile, le transfert d'argent toutes les fins de mois à sa famille est plus important. La question des élections peut attendre.
Une position partagée par un ensemble de nos compatriotes à Little Haïti qui peinent à joindre les deux bouts, alors que leurs familles comptent sur eux pour survivre en Haïti. Les élections en Haïti et les candidats de la diaspora évincés sont la dernière de leurs priorités.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83649&PubDate=2010-09-16

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