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mercredi 11 août 2010

L'ONI est débordé...

L'Office national d'Identification (ONI), semble dépassé par le nombre croissant de citoyens désirant retirer leur carte d'identification nationale à quelque quatre mois des prochaines élections. Ils sont tous les jours plus d'un millier à venir solliciter cette pièce vitale au bureau central de l'ONI à Babiole. Les responsables de l'institution, quant à eux, promettent de livrer la marchandise avant les élections.
Haïti: Tous les jours devant le bureau central de l'ONI à Babiole, les futurs électeurs luttent pour retirer leur carte d'identification nationale. Certains d'entre eux se voient déjà en train de voter leurs candidats favoris aux élections législatives et présidentielles du 28 novembre prochain. D'autres ne souhaitent que d'avoir cette pièce d'identité qui leur permet de faire des transactions. Pour ce faire, l'Office national d'identification ne dispose que de trois bureaux pour les habitants des différentes zones de l'aire métropolitaine. Le bureau central qui se trouve à Babiole, un bureau à la place Jérémie et le dernier à Delmas. Une situation difficile et compliquée tant pour ceux qui veulent avoir ce document important que pour les responsables de l'institution.
Jacqueline vient d'avoir 18 ans accomplis. Elle est majeure selon la Constitution. Une carte d'identification lui est donc nécessaire tant pour jouir de ses droits civiques et politiques que pour faire des transactions. Ce mardi 9 août, elle en est à sa troisième tentative pour se faire enregistrer au bureau central de l'ONI. « Je ne pensais que se serait si difficile d'avoir une pièce d'identité, a-t-elle fulminé dans une longue file d'attente devant la barrière de l'ONI. Je suis à ma troisième tentative. A chaque fois, je n'ai pas la chance d'arriver à l'intérieur pour me faire enregistrer. Je n'aurais jamais dû avoir 18 ans, ajoute-t-elle sur un ton ironique. »
« L'enregistrement se fait avec parti-pris dans ce bureau, s'est-elle désolée. Les gardiens laissent entrer sans difficulté tous ceux qui sont accompagnés soit par un policier ou d'homme en costume. Cela n'est pas normal, c'est une forme de corruption. En tout cas, je ne vais pas abandonner. Il me faut absolument cette carte. »
Comme Jacqueline, ils sont des milliers de jeunes qui viennent tout juste d'avoir 18 ans et qui souhaitent retirer leur carte d'identification nationale. Selon le responsable de communication de l'ONI, Jean-François Alexis, pendant ces trois derniers mois, plus de 100 000 nouvelles demandes de cartes ont été enregistrées pour cette catégorie d'âge.
Par ailleurs, d'autres personnes déjà enregistrées, sont venues retirer leur carte. Ce qui n'est pas chose facile. « Cela fait plus d'un mois qu'on me donne des rendez-vous qui n'aboutissent pas », a déclaré un homme dans la quarantaine. Cependant, il se trouve dans une bien meilleure position que la jeune Jacqueline. Il est sur la cour de l'ONI debout dans une file d'attente qui conduit à la livraison. Toutefois, il n'est pas sûr que sa carte sera disponible.
« La dernière fois, on m'a dit que ma carte n'était pas encore prête, a-t-il indiqué sceptique. Je ne sais pas si on me la livrera aujourd'hui. » Cet homme n'est pas le seul à être dans cette situation, selon le responsable de communication de l'ONI, Jean-François Alexis. « Nous enregistrons tous les jours plus de 300 demandes de cartes perdues dans nos trois bureaux. Presque la même quantité pour de nouvelles demandes de cartes. Et, une troisième catégorie de personnes vient réclamer leur carte, tandis que d'autres gens sont là pour des corrections », a-t-il expliqué dans une interview accordée au Nouvelliste.
Les élections ont suscité beaucoup d'intérêt chez les Haïtiens, de l'avis de Jean-François Alexis. « Avec la publication des arrêtés présidentiels convoquant le peuple en ses comices, les demandes ont considérablement augmenté, a-t-il souligné. Actuellement, nous desservons plus d'un millier de personnes tous les jours dans nos trois bureaux. »
« Cette affluence dans les bureaux de l'ONI a commencé à partir du mois de mars quand nous avons rouvert nos services après le tremblement de terre du 12 janvier, a-t-il ajouté. L'affluence allait augmenter avec la publication des arrêtés présidentiels. Les demandes augmentent de plus en plus. Ils sont en majorité des jeunes qui viennent d'avoir 18 ans. »
Vu ce déferlement des gens au quotidien aux bureaux de l'ONI, M. Alexis dit souhaiter l'augmentation de l'effectif des policiers attachés à l'institution. « L'unité policière que nous avons aujourd'hui est dépassée par les événements, fait-t-il remarquer. L'institution est également à la recherche de nouveaux locaux afin de décongestionner ses services. Le nombre réduit des bureaux de l'ONI est dû aux dégâts causés par le séisme, a-t-il poursuivi. »
S'agissant des personnes qui se plaignent de la lenteur de l'ONI, M. Alexis fait le point. « Il existe une catégorie de demandeur de cartes d'identification qui est en contravention avec l'ONI, a-t-il avancé. Ces gens là viennent s'enregistrer trois fois de suite, et, à chaque fois, ils fournissent des renseignements différents sur leur identité. Ce qui prend un peu plus de temps à analyser. Certaines fois, il arrive que l'ONI confronte des problèmes techniques avec ses ordinateurs.»
Malgré toutes les contraintes et les demandes de plus en plus croissantes, l'ONI sera prête à satisfaire plus de 85% des demandes avant la date des élections le 28 novembre, selon les garanties de M. Alexis. « Nous avons laissé la marge de 15% parce qu'il y a des gens qui ne passent pas réclamer leur carte, en dépit du fait qu'elle soit disponible aux bureaux de l'ONI. Dans tous nos points de livraison, nous avons un lot de cartes disponibles qui n'ont pas encore été réclamées », a-t-il expliqué.
L'Office national d'identification travaille avec des partenaires comme l'USAID, l'ACDI, l'OEA et le CEP. Ces institutions l'assistent financièrement et techniquement.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82260&PubDate=2010-08-10

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