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lundi 21 janvier 2008

L'immortel Ansy Dérose

J'avais quinze ans quand j'ai entendu pour la première fois sur les ondes de la Métropole la chanson «Merci» de l'immortel Ansy Derose. Dans mon coeur d'enfant, je sentais un prisme d'amour qui propageait dans mon âme les sept couleurs de l'arc-en-ciel.
Ansy est plus qu'un chanteur, si on tient compte de la charge émotionnelle et de la puissance frénétique des images qui se dégagent dans ses chansons :

« Mèsi pou lanmou ke w ban mwen
Kase fèy kouvri sa pou koze'n pa vante.»

A travers ses différents morceaux, il expose sa vision du monde, il pense que la vie doit être maquillée de guirlandes d'amour sans fin. J'ai l'impression véritable qu'Ansy Derose a toujours le souffle nécessaire pour transformer la simplicité en sublime. L'artiste joue le rôle du moulin. Il prend des fatras de mots dans une poubelle abandonnée et, je ne sais par quelle alchimie, il les convertit en poésie, chanson, roman, conte, etc.
A la muse qui n'a jamais lâché nos âmes d'artistes, nous livrons ces accords majeurs sur un temps désaccordé.
Ansy fait partie de cette catégorie d'hommes toujours en quête de subtilités et qui nous permettent de franchir les dimensions mystérieuses de la vie et qui nous portent naïvement à nous questionner. En ces temps d'opprobre nationale, Ansy Dérose mérite d'être vulgarisé par le biais de ses chansons dans nos institutions scolaires et universitaires.

Notre jeunesse a besoin de modèle, et ce perfectionniste boulimique en est un.

Nos ouangas-négresses continuent de gazouiller les refrains de « Fanm Peyim», chanson qui exhale une odeur de couleur locale et qui rend un grand hommage à la femme haïtienne. Ansy Dérose a eu la magie de tisser des phrases bien pimentées en créole pour chanter nos payses :

«tout fanm nan peyim,
kel marabou,
kel milatrès,
kel se nèges...
tout se bel fanm... »

Notre Ansy Dérose a été au coeur de la pleine lune lorsqu'il chante «Thérèse», morceau bourré de nostalgie qui nous dit son amour véritable pour cette jolie fleur avant que la diva Yole Dérose, son épouse, ait eu raison de tous les tam-tams de son coeur.

« Mwen wè solèy san fwa mil fwa nan vi'm
Mwen wè lalin kap benyen nan lanmè
Poutan Terèze de zie'w ki limyè mwen
Lontan, lontan m'tap chèche w»
Ansy Dérose est aussi un patriote conséquent qui rêve avec les yeux grands ouverts d'une «Haïti, mélodie d'amour», dont les notes musicales sont parfois en larmes et défectueux à causes de ses fils qui n'ont pas compris son sourire maternel.

«Ayiti ou fin dezakòde
Wap jwe yon Do ki domaje
Wap jwe yon Re defigire
Wap jwe yon Mi en mizerab
Wap jwe yon FA, yon Fa fatal
Wap jwe yon SOL san solusyon
Wap jwe yon LA an delala
Wap jwe yon SI si kou sitron »

Grâce à ce génie unique, mon être puise toujours sa quintesente purification, car il m'aide facilement à supporter le poids de cette terrible vie et à soigner mon aura. Il suffit de vous laisser balayer par les frissons de ses magnifiques mélodies et vous retrouverez la substantifique énergie qui vous aidera à dissiper les nuages noirs de l'existence.

Ansy Dérose vit encore, je le sens dans le souffle du vent, dans le bruissement du feuillage, dans le mouvement ininterrompu des vagues, dans le soleil de minuit. Ce géant légendaire chante perpétuellement ses rêves d'espoir dans le néant de la vie, et sa voix télépathique fait écho dans les entrailles de notre Haïti en pleurs.
Ansy Dérose, de son sommeil mythique, n'arrête jamais de fredonner la paix, la vie, l'amour pour ses frères haïtiens.
Ecoutons, chers amis, les tic tac de son horloge existentielle, et prenons ensemble le chemin de la réconciliation réelle. Ansy, je te dis Merci, tu es bien vivant après dix ans de voyage imaginaire, mais j'attends ton retour...

Widly Jean
Poète - écrivain
Contact : 757 8232
Il y a dix ans que le chanteur de charme Ansy Dérose nous a laissé

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