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mercredi 17 octobre 2007

La faim tenaille les familles sinistrées

Chaque jour apporte son lot de cadavres depuis que les eaux rageuses ont dévalé les mornes, la semaine dernière. Les trombes d'eaux ont endeuillé des dizaines de familles et fait des milliers de sans-abri qui ont souvent vu leurs plantations complètement ravagées

Une résidente de Cabaret nettoie son lit après les inondations qui ont ravagé Cabaret le 12 octobre 2007
(Photo: AFP)

« Depuis deux semaines notre pays est frappé par des dépressions tropicales, aucune ville n'est à l'abri », prévient Paul Antoine Bien-Aimé, ministre de l'Intérieur, qui annonce toutefois qu'Haïti est en pourparlers avec la communauté internationale afin de protéger les bassins versants sensibles, notamment ceux des Gonaïves, Fonds-Verrettes, Cabaret et Forêt-des-Pins.Lundi soir, le bilan global des victimes et des pertes matérielles s'établissait comme suit : 37 corps découverts, 78 blessés, 4 personnes portées disparues, 14 150 familles sinistrées, 4 497 maisons endommagées et 772 détruites.

Dans ce bilan officiel encore provisoire, une dizaine de corps ont été retrouvés dans le seul village de Zoranger, dans la zone métropolitaine. « Là-bas, il ne reste qu'un sentier boueux coupé par endroits, se lamente Cluny Dumay, député de la première circonscription de Croix-des-Bouquets. Des sections limitrophes de cette commune sont dévastées et une odeur désagréable se dégage par endroits. » Les quatre heures de fortes averses qui se sont abattues dans cette localité ont aussi emporté quelque 150 maisons et 1500 têtes de bétail, selon les chiffres fournis par le député Dumay.

Convoqué d'urgence au Parlement, le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'un montant d'un million 225 mille gourdes avait été décaissé afin de venir en aide le plus rapidement possible aux sinistrés de Zoranger. « Une équipe des TPTC est également à pied d'oeuvre à Cabaret », a ajouté le ministre qui a révélé que dix millions de gourdes - environ 300 000 dollars - ont été débloqués pour des aides de première urgence. « Dès que des évaluations plus fiables seront faites, cette aide augmentera », a-t-il promis.

Chose certaine, les habitants des villages accrochés au flanc des montagnes déboisées au nord de la capitale ont payé le plus lourd tribut. Plusieurs sont encore isolés. Une fois passé Cabaret, à 35 kilomètres de Port-au-Prince, le chemin qui mène à Cazale - le grenier de la zone - et à Sabourin, à la Station terrienne de la Téléco, a été endommagé par les eaux à maints endroits. « Ce sera un travail de titan pour tout remettre en état », affirme un habitant.
Ferdinand Sénatus, juge de paix de Cabaret, a pu faire quelques constats "très sommaires", mais n'a pas réussi à atteindre les autres villages situés plus haut dans les mornes. "On peut compter facilement 20.000 victimes directes des inondations", estime-t-il en tendant une liste de personnes ayant déclaré des pertes.

Difficile en réalité de connaître le nombre exact de victimes, car les ménages éparpillés dans des endroits inaccessibles ne sont pas tous recensés, rapporte l'AFP. Plus on avance dans les montagnes, plus on découvre l'ampleur des dégâts causés par plusieurs jours de pluies diluviennes. Un peu partout, des maisons ont été entièrement détruites, des pans de murs arrachés. Des vêtements, des meubles emportés par la puissance des eaux jonchent le chemin. Des femmes et des enfants cherchent désespérément leurs maigres possessions parmi les amoncellements de pierres et de boue. La faim en tenaille plusieurs. "Nous ne pouvons pas dénombrer les morts, nous enterrons dans des boîtes les corps repêchés sans connaître leur identité", témoigne un responsable de Bretelle, une des localités les plus touchées.

Les flots qui se sont déversés ont laissé d'autres habitations en ruine et peut-être des vies enfouies dans la boue emportée jusque dans la mer où des pêcheurs ont remonté un corps dans leur filet."Des rescapés sont rassemblés dans des églises et de écoles communales plus loin", indique Jacquelin, un jeune qui s'attend à ce que la situation empire. "Maintenant que les murs de soutènement sont tombés, la prochaine pluie fera encore plus de ravages", dit-il maudissant l'Etat qui tarde à se manifester.

Le Premier ministre, Jacques-Edouard Alexis, a survolé ce week-end les localités inondées en hélicoptère des Nations unies pour constater les dégâts. Le bureau de la Protection civile (une structure du ministère de l'Intérieur) a, pour sa part, envoyé des équipes terrestres pour venir en aide aux sinistrés. « Des matelas, des kits sanitaires et de la nourriture seront distribués aux victimes», a annoncé Alta Jean-Baptiste, directrice de la Protection civile. La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), qui compte 7.500 militaires et un millier de policiers, ainsi que des moyens héliportés, "a promis de contribuer aux efforts du gouvernement pour venir en aide aux sinistrés et évacuer les personnes en danger".
Claude Gilles

gonaibo73@yahoo.fr http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=49814&PubDate=2007-10-16

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