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jeudi 30 août 2007

L'Exécutif se délie, le Sénat s'embrouille

Obnubilés par l'idée d'interpellation du Premier ministre, la présidence, l'Ambassade des Etats-Unis en Haiti... et le bureau du Sénat cherchent à contenir la colère des parlementaires hostiles au comportement du commissaire Claudy Gassant. Plus les jours passent, plus l'interpellation devient incertaine.
« Nous nous acheminons vers une solution négociée dans l'intérêt supérieur de l'Etat », claironne le président du Sénat, Joseph Lambert, au lendemain d'une réunion avec le chef de l'Etat, René Préval. L'affaire Claudy Gassant, dit-il, a été au centre des discussions engagées entre l'Exécutif et le Parlement depuis l'adoption du principe d'interpellation conditionnelle du gouvernement de Jacques-Edouard Alexis. Tonitruant, le sénateur Gabriel Fortuné et ses alliés n'ont juré que par le renvoi de Claudy Gassant, le commissaire du gouvernement qui a boudé une convocation de la commission Justice et Sécurité du Sénat.

Les deux parties, s'est réjoui Joseph Lambert, sont sur le point de trouver un consensus qui permettra de désamorcer un nouveau conflit entre l'Exécutif et le Parlement. La Chambre des députés, au début de l'année, avait brandi la menace d'interpellation du Premier ministre pour exiger le limogeage de Jean Saint-Fleur, l'ex-directeur de la police administrative. L'officier de police se trouvait en conflit ouvert avec le député Michelet Casimir, qui roulait en sens inverse en dépit d'une campagne de sensibilisation de la présidence. « Le dénouement de l'affaire Gassant, pourrait être connu avant la fin de la semaine. Ce sera une décision dans le sens positif», a prédit le sénateur Lambert. Le Grand corps ne perd pas la face, a renchéri Joseph Lambert pour tenter de rassurer les sénateurs outrés par le comportement du commissaire Claudy Gassant. Ils se nomment Youri Latortue (Latibonit an aksyon), Roudolph Boulos (Fusion), Gabriel Fortuné (UNION), Ricard Pierre (OPL) et Rodolphe Joasil (PONT), les sénateurs qui veulent éviter que « Claudy Gassant ne devienne un monstre d'un autre genre » dans le pays. Un délai de vingt-quatre heures avait été accordé à l'Exécutif pour se débarrasser du commissaire du gouvernement Gassant au coeur de la nouvelle polémique entre l'Exécutif et le Législatif.

« Notre décision est motivée par le souci de sauvegarder la stabilité du pays chèrement acquise », a beau plaidé le président du Sénat. Sa décision de négocier l'interpellation du gouvernement de coalition ne fait pas cependant l'unanimité au Grand corps. « Le sénateur Lambert doit appliquer la décision de l'assemblée. Sinon, on va créer un mauvais précédent », a rétorqué le sénateur Evallière Beauplan (PONT). Le président du Sénat, aux yeux de son collègue, emprunte une mauvaise voie en négociant l'interpellation du chef de gouvernement. Aucun signe, note le groupe des contestataires, ne laisse croire que le bureau du Sénat va acheminer une lettre au chef du gouvernement l'invitant à se présenter devant l'assemblée.
« Je suis prêt à donner mandat au président du Sénat pour négocier en mon nom », a dit, pour sa part, le sénateur Joasil, l'une des cinq voix qui ont voté le soir de la « séance historique » le principe d'interpellation conditionnelle du Premier ministre Alexis. « La possibilité de résoudre les différends de manière ouverte est un indicateur de la puissance de votre démocratie », a réagi, Janet Ann Sanderson, l'Ambassadeur des Etats-Unis en Haiti. La diplomate qui s'était entretenue avec le président du Sénat a souhaité que « la stabilité politique, condition essentielle au développement économique du pays, ne soit pas mise en danger.»Le sénateur Jean Hector Anacacis (Lespwa), fermement opposé le soir même de la « séance historique » à l'interpellation du Premier ministre Alexis, a annoncé que le commissaire Gassant était désormais prêt à se rendre au Parlement. Il aurait expliqué sa décision de décliner la semaine dernière l'invitation de la commission Justice et Sécurité du Sénat par le fait que certains dossiers n'étaient pas suffisamment préparés.

Claude Gilles

gonaibo73@yahoo.fr
Jean Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=47895&PubDate=2007-08-29

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