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lundi 16 juillet 2007

Aux grands maux, de grands remèdes

Des observateurs se demandent pourquoi s'attaque-t-on aux marchands de médicaments dans les rues, alors que les grossistes ne sont point inquiétés? Remonter la filière des gros importateurs, identifier ces derniers ne faciliterait-il pas le travail du Ministère de la Santé publique? Jeudi après-midi, des "pharmaciens ambulants" ont été littéralement assaillis par des agents de la PNH et du MSPP.

Un marchand ambulant de médicaments a été menotté puis relâché au même moment au Portail Léogâne lors de l'opération coup de poing mené par des officiers sanitaires du ministère de la Santé publique, jeudi après midi, dans le cadre de l'interdiction de vente de produits pharmaceutiques dans les rues et dans les autobus. Bravant les agents de la Police nationale d'Haïti, ce marchand a lutté vainement pour empêcher la saisie de son important chariot de médicaments. Les policiers, les officiers sanitaires et les agents de sécurité du ministère de la Santé se sont rués sur son chariot et ont tout basculé dans un pick-up rempli de médicaments à ras bord.

L'absence remarquable d'inspecteurs de la mairie de Port-au-Prince

C'était un véritable branle-bas au Portail. Des gens accouraient, de longues files de voitures se formaient. Des marchands tentaient de s'enfuir avec leurs cônes de médicaments ; des agents les en empêchaient. Les tablettes de comprimés et les bouteilles de sirop répandues sur le sol étaient aussitôt ramassées par des marchands en pleurs et d'autres profiteurs noyés dans le public. « Yo pap janm atake ajans yo ni gwo zouzoun k ap vann nou medikaman yo », se plaint une victime, citant les noms de quelques agences de produits pharmaceutiques faisant le commerce avec les petites bourses. Les observateurs sur place ont pu constater l'absence des inspecteurs de la municipalité de Port-au-Prince. Récemment, dans un communiqué de presse publié conjointement avec la mairie de Port-au-Prince, le ministère de la Santé publique avait fait savoir que des officiers sanitaires et des inspecteurs de ladite municipalité allaient être déployés afin de procéder à la saisie des médicaments à travers les rues.L'opération menée sans les inspecteurs municipaux a démarré à la rue Mgr Guilloux. Au marché Salomon, il n'y avait pas un chat. L'information avait fuité. A la rue Oswald Durand, quelques incrédules ont fait les frais de l'opération. Elle s'est poursuivie sur une portion du Boulevard Jean-Jacques Dessalines.« Yo kite nou de bra balanse », crie un marchand. D'autres réclament des mesures d'accompagnement. « Tout vi m se la li ye, wi », enchaîne une autre victime.Le point de presse du MSPPTout de suite après la grande razzia à travers les rues, un point de presse a eu lieu au ministère de la Santé publique.
« Quelle alternative pour les marchands de médicaments ? » ont demandé des journalistes au directeur général du ministère de la Santé, le Dr Gabriel Thimothé. Celui-ci a fait remarquer que le ministère ne peut pas entrer dans une logique de dédommagement. D'autres entités de l'Etat, comme le ministère des Affaires sociales, pourraient s'en charger, a-t-il laissé entendre. « Il semblerait qu'un laboratoire dominicain produit des médicaments contrefaits pour Haïti », a informé Dr Thimothé. Beaucoup de médicaments proviendraient dans la zone d'Elias Pinas, par la frontière haitiano-dominicaine. Une enquête est en cours, a-t-il ajouté. Entre-temps, le MSPP a déjà rencontré un collège de médecins dominicains, récemment venus en Haïti. Les médicaments contrefaits, qualifiés de tueurs, sont un danger pour la population haïtienne. Cette question, a déclaré Dr Thimothé, sera soulevée à un niveau plus élevé entre les autorités haïtiennes et dominicaines.
Parallèlement aux saisies effectuées à Port-au-Prince, des actions sont menées à Desdunes, à Marchand, au Cap, à St-Marc et aux Gonaïves. Un certain Andieu Pierre, propriétaire d'un laboratoire de produits pharmaceutiques, dans le quartier de K-soleil, a été arrêté et mis en garde à vue aux Gonaïves, le mois dernier, à la suite d'une décente des lieux d'inspecteurs sanitaires du ministère de la Santé publique et d'agents de la Police nationale d'Haïti.Pour détruire les stocks de médicaments récupérés, le MSPP fera venir en Haïti un incinérateur spécial, a mentionné Dr Gabriel Thimothé tout en soulignant que les opérations de saisies vont s'intensifier dans les prochains jours. D'autres mairies se trouvant dans l'aire métropolitaine, notamment Tabarre, Pétion-Ville, Carrefour et Delmas ont répondu à l'appel du ministère de la Santé publique.Les observateurs se demandent pourquoi s'attaque-t-on aux petits marchands alors que les grossistes ne sont point inquiétés?Des agences de distribution et pharmacies de la place liquident des médicaments expirés aux petits marchands. Des produits pharmaceutiques contrefaits circulent librement sur le marché. Quelles sont ces agences? Depuis quand fonctionnent-elles dans le pays? Quels sont les moyens dont elles disposent? Comment arrivent-elles à contourner tout contrôle légal? A un moment où la presse mentionne des décès survenus à la suite de la consommation de médicaments contrefaits, il est urgent de remonter à la source du problème. Quand la santé de la population est menacée, il faut de grands remèdes.

Péguy André Joseph

Peguy_andre@yahoo.frClaude
Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr

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