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jeudi 5 juillet 2007

ALBA /Etats-Unis / Haïti nage-t-elle entre deux eaux ?

Par Marc-Kenson Joseph
jmarckenson@lematinhaiti.com

Sous la conduite du président René Préval, Haïti s’intègrera-t-elle bientôt, à visière levée, dans le groupe des pays engagés dans le processus d’autonomisation de l’Amérique latine ?

De passage à Mexico le week-end écoulé, le président du Nicaragua, le sandiniste Daniel Ortega, a annoncé la participation des autorités haïtiennes à une importante réunion destinée à la consolidation du bloc latinoaméricain sans interférence des États-Unis. Une initiative visant à l’autodétermination des États et pays de la région. Vendredi, le Parlement vénézuélien a adopté, à une écrasante majorité, l’accordcadre établissant une coopération entre l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba) et Haïti. Pourtant, le projet n’est pas encore acheminé au Parlement haïtien pour une éventuelle ratification. Le président de l’Assemblée nationale, Joseph Lambert, s’est refusé à tout commentaire sur le sujet. Même précaution du côté d’autres parlementaires. Sage orthodoxie d’un vulnérable…
Interrogé sur l’annonce faite par le président nicaraguayen, le professeur Simonise estime que les déclarations de Daniel Ortega, « chef d’État étranger, n’engagent en rien la nation haïtienne. Il faut attendre les réactions officielles venues de Port-au-Prince avant tout commentaire ».

Quant à l’intégration d’Haïti à l’Alternative bolivarienne des Amériques, le diplomate a dit voir « mal un pays qui ne dispose pas de son autonomie sécuritaire donner son adhésion à un front qui se veut « contre » un puissant membre (États-Unis) du Conseil de sécurité. De plus, le fondement de la politique économique des pays de l’Alba, c’est la nationalisation des entreprises et des ressources stratégiques. Or, la ressource stratégique d’Haïti, c’est la diaspora. Et le fondement de la politique économique que conduit le gouvernement, c’est la stabilité macroéconomique avec, en sus, la privatisation des entreprises stratégiques ». Jean-Robert Simonise considère la politique de Port-au-Prince comme « une sage orthodoxie d’un vulnérable conscient de son état et qui a le devoir de chercher partout des opportunités pour un peuple qui manque de tout ».

Politique infantile

Himmler Rébu, responsable de parti politique, pense que l’initiative d’intégrer l’Alba est totalement dépassée. Il la qualifie de « politique infantile ». « Le Venezuela est en mesure de mener le jeu, mais on ne peut pas nous aligner », déclare-t-il, insistant sur « l’inconcevabilité d’une politique extérieure axée sur La Havane - Caracas -Téhéran alors que le pays se trouve dans une situation de soumission absolue (États-Unis, Canada et alliés) ». Le président du Greh recommande une stratégie nationale. Selon Himmler Rébu, « une quelconque force extérieure sera efficace s’il y a une certaine force à l’intérieur. On doit représenter un intérêt, un potentiel. Les citoyens doivent développer une certaine confiance dans les projets du gouvernement et supporter les initiatives ».

Dans la même veine, un économiste déclarait récemment qu’ « Haïti n’a nullement intérêt à rejoindre l’Alba qui pourrait hypothéquer d’autres accords signés antérieurement ».Cependant, de l’avis du président Préval, « Haïti doit trouver les voies et moyens d’une coopération régionale et internationale dynamique, productive, capable de nous aider à répondre aux nombreuses attentes (analphabétisme, éducation pour tous, santé pour tous, etc.) de la population ». Et pour ce faire, le président multiplie les voyages et signe des accords avec des pays de l’Amérique latine, dont le Venezuela et Cuba, deux principales « bêtes noires » des États-Unis.
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=6882

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