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vendredi 13 avril 2007

Réhabiliter la mémoire de Cappoix-La-Mort .

Cappoix-La-Mort était la star de la guerre de l'indépendance. Auréolé de gloire de son vivant, partageant le destin tragique de Dessalines, il est aujourd'hui le héros oublié en passe d'une éventuelle réhabilitation.
« Je suis née à Limonade. C'est ce matin seulement que j'ai appris que les restes de Cappoix-La-Mort, le héros de la bataille de Vertières, ont été enterrés ici », raconte, éberluée une femme d'une cinquantaine d'années. Elle n'est pas la seule. Peu de gens savent, en effet, que la dépouille du général le plus populaire de la guerre de l'Indépendance gît six pieds sous terre dans une localité baptisée Fossé Cappoix situé à l'entrée de la commune de Limonade.
Le jeudi 5 avril 2007, lors d'une visite impromptue sur ce site, on est tombé sur des membres d'un groupement qui s'activaient à désensabler un canal d'évacuation d'eau pluviale passant près de la tombe de Cappoix-La-Mort. Une tombe faite de bric et de chaux qui ressemble plutôt à un petit pont. Une petite couronne de fabrication artisanale rappelle aux curieux qu'un être humain a été inhumé ici. Pire! Des membres ne savaient pas qu'ils nettoyaient périodiquement les alentours de la tombe de ce héros de la guerre de l'Indépendance nationale.
Cependant, en dépit de leur ignorance apparente, certains d'entre eux, assis à l'ombre d'arbres géants bordant la route, se sont mis à faire des commentaires.Cappoix et Dessalines : un destin commun
« Lors de la Bataille décisive de Vertières, le 18 novembre 1803, Cappoix-La-Mort, selon tous les récits historiques, avait défié l'armée française qui était la plus grande armée de l'époque. A la tête de sa troupe, il ne craignait ni les boulets ni la mitraille de l'ennemi. Ce qui lui a valu les honneurs de son adversaire, le général français Rochambeau », se remémore l'un d'eux qui semble relativement calé en histoire . Au fil de la conversation, il se rappelle même les excursions scolaires réalisées chaque 18 novembre à Limonade. Excursions au cours desquelles des écoliers, entourés de leurs professeurs, venaient se ressourcer dans ce lieu de mémoire.
Oublié aujourd'hui, par rapport, aux autres héros de la guerre de l'Indépendance nationale, François Cappoix, dit Cappoix-La-Mort, a été assassiné le 10 octobre 1806. Pris dans une ambuscade, ce général originaire de Port-de-Paix n'avait pas survécu à ses blessures. Selon la petite histoire, il a été éliminé par ceux qui ont assassiné Jean-Jacques Dessalines sept jours plus tard, soit le 17 octobre 1806. Avant de mourir, il aurait déclaré à ses assaillants: «Tuez-moi rapidement. Ne faites pas de coups manqués. Sinon, je tremperai ma baïonnette dans votre sang», a rapporté un notable de Limonade.
Ironie du sort, cet héros natif de Port-de-paix a été presque oublié dans le Nord jusqu'au 18 novembre 1953, date à laquelle le président Paul Eugène Magloire, lors de la commémoration des cent cinquante ans de la bataille de Vertières, a inauguré un monument érigé à Fossé Cappoix à la mémoire de Cappoix-La-Mort. Il s'agit d'une place avec un buste juché à environ six mètres du sol. A Port-au-Prince, au Champ-de-Mars, la grande place construite à la mémoire des héros de l'Indépendance nationale, des féministes ont détronné sa statue et l'ont remplacé par celle de Catherine Flon. Mises à part ces deux places, rares sont les manifestations d'envergure à la mémoire de Cappoix-La-Mort. A Fossé Cappoix, le buste en marbre de Cappoix est aujourd'hui quelque peu défraichi. Le site où il se trouve s'étendant sur une surface relativement grande est entouré d'arbres fruitiers et de palmistes. Tout près, on entend le gazouillis d'un ruisseau sur lequel est jeté un pont d'environ 12 m2 de surface qui mérite d'être pris en charge. Afin que le site soit ou redevienne un vrai lieu de mémoire. Vers une exploitation du site
Fossé Cappoix est ignoré et est fort logiquement inexploité. Etendant la visite des lieux, une jeune femme, assise à l'ombre d'un manguier, faisait la lessive. L'endroit est propre mais pas assez bien entretenu par les collectivités locales. C'est un peu dans ce contexte qu'un groupe de compatriotes vivant à New York se proposent de mettre le site en valeur, afin de pouvoir l'exploiter à des fins historiques et touristiques. « Nu Vision » est la dénomination de ce regroupement d'entrepreneurs d'origine haïtienne dont la filiale haïtienne vient d'être enregistrée en un temps record grâce au nouveau Centre de Facilitation des Investissements (CFI) communément appelé Guichet unique.Travaillant pour le compte de « Invest and Prade Consulting », basé à Washington, Mme Anne-Edeline François, l'accompagnatrice des investisseurs, a confié au journal vouloir, en plus de l'exploitation du site, « construire un village pour les retraités en provenance des Etats-Unis ». Aussi ont-ils fait l'acquisition, à Limonade, dans l'entourage immédiat du site, d'un terrain d'une superficie de 100 carreaux, informe notre interlocutrice.
Projetant de faire un investissement de l'ordre de 50 à 60 millions de dollars, « Nu Vision » aimerait également produire de l'électricité et en distribuer à l'ensemble de la population limonadienne qui, pour le moment, ne bénéficie pas plus de trois heures d'énergie électrique par jour. « Ils veulent investir et mettre en valeur la tombe de Cappoix-La-Mort », a confié Mme François qui s'est montrée très optimiste quant à la faisabilité de l'ensemble des projets de « Nu Vision » visant, entre autres, à réhabiliter la mémoire de ce héros qui a largement contribué à faire d'Haïti la première République noire du monde.
Samuel Baucicautbaucicaut@yahoo.fr
Souce Journal Le nouvelliste sur http://www.lenouvelliste.com

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