Google

mercredi 21 mars 2007

ANSY DEROSE, L'IMMORTEL...

En guise d’introduction :
Nous aimons, -et d’un amour non dissimulé- parcourir les pages du Nouvelliste pour faire le point sur les différents reportages qui retracent avec professionnalité, humanité et objectivité, un sujet d’actualité mais qui rentrent rarement dans la rubrique des faits divers qui usurpent les premières pages et l’attention de consommateurs de l’information.
Tandis que les faits divers ont souvent la capacité de nous mettre en franche rébellion contre nous-mêmes, contre les autres et assez souvent contre la société, ces reportages interpellent la conscience de notre responsabilité par notre inactivité produite de notre indifférence.
Nous voulons par le publication de ces articles en augmenter le nombre de lecteurs et surtout ceux la qui ont été happés et engloutis par l’avalanche des nouvelles à sensations !


"Haïti Mélodie d'Amour" d'Ansy Dérose« Kote konsè sou plas sen ta nOtofonik ak bann ema nKote bon van nan bisantnèKot' randevou nan mès katrè...»
Dans la galerie des immortels de la musique haïtienne, le nom d'Ansy Dérose brille à la splendeur du diamant pour avoir doté le patrimoine culturel haïtien des chansons d'une facture remarquable, sans égale et de dimension universelle. Si bien souvent, sous les cordes d'un grand nombre de nos compositeurs, la musique dégénère en pollution sonore, avec Ansy, c'est un art, et il rime avec poésie pour le plaisir et le bonheur des mélomanes aux goûts affinés. Et les mots, chez lui, ne sont jamais vides. Ils portent toujours un message de vérité, d'amour et d'espoir qui se veut l'expression d'une âme débordante de générosité, de patriotisme et d'humanisme. Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter son texte « Haïti Mélodie d'Amour » gravé en première position sur son succulent album portant le même nom, signé en décembre 1997, et dont le succès a été foudroyant. S'y dégage l'affection et l'amour sans bornes du chanteur pour son pays qui, bien qu'en proie à toutes sortes de calamités, fascine plus d'un, tant par sa nature merveilleuse que par ses ressources et potentialités culturelles. Un amour poussé jusqu'à l'obsession. Au fétichisme même.
« Ou se solèy

Ou se limyè
Ou se tanbou nan kè mwen
Ou se mapou
Ou se lanmou
Ou se vodou zantray mwen
Ou se badji m'
Ou se maji m'
Ou se zanmi m'
, peyi mwen Ayiti se yon melodi damou
Ou se rasin
Ou se vaksin
Ou se rara nan san mwen
Ou se kongo
Ou se petro
Ou se banda nan ren mwen
Bèl kanaval
Bèl festivalFanal mwen,
fistibal mwen
Ayiti ou se yon melodi damou."
La mélodie s'est transformée en cacophonie. Et des notes étranges d'un accent lancinant et déchirant y transpirent, signe de la descente imminente d'Haïti dans le gouffre :
« Ayiti w fin dezakòde

Wap jwe yon Do ki domaje
Wap jwe yon Re defigire
Wap jwe yon Mi an mizerab
Wap jwe yon Fa, yon Fa fatal
Wap jwe yon La an delala
Wap jwe yon Si si kou sitwon".

Ce texte évoque également, non sans une poignante amertume, la disparition de tout ce qui faisait autrefois le charme, la valeur et la gloire d'Haïti, devenue aujourd'hui un véritable dépotoir et une cité « maudite » où les scandales, « scandales sales » et l'horreur sont au rendez-vous du quotidien. L'interrogation d'Ansy interpelle notre conscience citoyenne:

« Kote konsè sou plas sen ta n
Otofonik ak bann ema n
Kote bon van nan bisantnè
Kot' randevou nan mès katrè...
Kot' majòjon sezon rara
Kote mereng ak chaloska
Kot' gro dada nan madigra
Kot' potoprens lanba fatra."
Des indices symptomatiques d'un malaise qui s'aggrave et s'accélère à un rythme inquiétant. Et le diagnostic a révélé un cas clinique à un stade très avancé et d'une extrême complexité qui ne laisse pas grand espoir. A ce carrefour combien déterminant de l'existence de notre chère patrie, seule l'intervention urgente, intelligente et consciencieuse d'un spécialiste, et, pourquoi pas, de toute la collectivité pourrait, semble insinuer le parolier, la sauver.
« Haïti pa menm ka panse
Sèvol' krake
Sevol' gaye
Doktè bijou peyi a fou
Li nan labou, l' tonbe nan trou"
."Haïti Mélodie d'Amour" demeure sans conteste l'une des plus belles compositions musicales haïtiennes. N'importe quel poète s'enorgueillirait d'en être l'auteur, disait avec raison Jacques Roche. On y trouve une profonde et puissante imagination qui nous enchante, nous émeut tout en faisant jaillir l'angoisse, la douleur de Ansy Dérose devant les malheurs de son pays, pour lequel il s'est sacrifié jusqu'à sa mort survenue le 17 Janvier 1998.
On ne peut être Haïtien et amant de la musique, et surtout de la bonne musique, sans aimer Ansy Dérose, c'est cet artiste de grand talent, considéré par le musicologue Ed Rainer Sainvil comme « le centurion de la chanson haïtienne » et qui, selon les mots de l'écrivain Journaliste, Jacques Roche, appartient déjà à la légende avec tout ce qu'un mythe comporte de mensonges et de vérités.
Junior Antoinejunhyann@yahoo.fr

Source: http://www.lenouvelliste.com

Aucun commentaire: