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lundi 30 septembre 2013

L'EDH ouverte aux investisseurs

Le Nouvelliste | Publié le 27 septembre 2013
Robenson Geffrard, New York
Le gouvernement veut en finir avec le black-out. Le Premier ministre renouvelle sa volonté de donner du courant électrique vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Laurent Lamothe ne donne pas de date. Pour atteindre cet objectif, pour le moins ambitieux, les autorités haïtiennes ouvrent les portes de l'Electricité d'Haïti (ED'H) aux investisseurs privés. Appel d'offres à venir !
Ici, ED'H à vendre. Ce n'est pas la privatisation de l'Electricité d'Haïti. Laurent Lamothe rassure. Mais sans des investissements solides dans l'ED'H, personne ne sera au courant de l'électricité et le black-out continuera de régner en maître. A New York, cette semaine, le chef du gouvernement a tenu sa quatrième rencontre sur le dossier avec des groupes économiques « qui sont intéressés à investir dans le domaine de l'énergie en Haïti ».
Les autorités sont à la recherche d'un partenariat public-privé, du genre Teleco - Natcom. Il ne s'agit pas de revenir à l'ancienne forme d'investissement qui consistait uniquement à faire de la production, a ajouté le chef de la Primature dans une conférence de presse vendredi au consulat d'Haïti à New York.
« Nous savons qu'il y a un problème de courant électrique dans le pays, a-t-il reconnu. J'avais dit que mon objectif était de donner du courant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, en ce sens beaucoup d'efforts doivent être faits », a-t-il ajouté, soulignant que des investisseurs doivent contribuer à ces efforts. Les paramètres qualité-prix doivent également être pris en considération.
« Dans les semaines à venir, le gouvernement publiera un appel d'offres, a annoncé Laurent Lamothe, qui demandera aux investisseurs privés de venir investir dans le pays en partenariat avec l'ED'H afin qu'ils puissent travailler sur la production, la distribution et la commercialisation du courant électrique. En ce sens, on pourra donner de l'électricité et l'Etat ne sera pas déficitaire comme il l'est aujourd'hui. L'Etat perd des centaines de millions de dollars chaque année. Le pire, nous n'avons pas de courant. »
Selon le Premier ministre, dans la vision d'électrifier le pays vingt-quatre heures sur vingt-quatre, « nous sommes obligés de regarder dans différentes directions », a-t-il dit. Pour relever ce secteur, la Banque mondiale contribue à hauteur de 90 millions de dollars, la Banque interaméricaine de développement (BID) à plus de 30 millions et le gouvernement américain aussi à travers l'USAID. Ces trois grands bailleurs de fonds vont, avec le gouvernement haïtien, définir un plan d'action et de financement afin d'améliorer et d'augmenter la distribution du courant électrique dans le pays, a annoncé le chef de la Primature. « Ils seront en Haïti la semaine prochaine », a-t-il dit.
Personne ne sera exclu dans les pourparlers, a garanti M. Lamothe. « C'est un problème commun qui affecte tout le monde : les investisseurs, ceux qui ont des moyens comme ceux qui n'ont pas, les touristes, les hôtels...Il est temps qu'on s'asseye ensemble afin de résoudre ce problème lié à l'énergie. Je suis très content de voir qu'on a le support de tous les bailleurs de fonds dans ce processus. Bien entendu, la solution n'est pas pour demain, mais elle arrive avec une approche commune. »
Interrogé par Le Nouvelliste sur l'avenir des trois fournisseurs privés de l'ED'H déjà sur le terrain, Laurent Lamothe les rassure. « Ils seront invités à prendre part à ce que nous faisons, a-t-il dit. Le processus sera ouvert, c'est pourquoi nous parlons d'appel d'offres. D'ailleurs, nous voulons travailler avec eux, mais dans une formule gagnant-gagnant. La formule actuelle n'est bonne ni pour eux, ni pour l'ED'H, ni pour le pays... »
Laurent Lamothe a souligné que la compagnie est en faillite et ne couvre que 25% du territoire national. On perd 70% de l'électricité après l'avoir acheté des fournisseurs, a-t-il dit, et l'ED'H ne peut recouvrir que 40% de sa clientèle. De plus, il y a le vol d'électricité sur le réseau.
Le Premier ministre a indiqué que des investisseurs étrangers comme nationaux sont intéressés au dossier de l'ED'H. Outre les avantages dans l'importation du riz en Haïti, 40% moins cher sur le marché, le chef de la Primature envisage de coopérer avec le Vietnam dans le secteur énergétique. Ce pays, a souligné Lamothe, produit 30 000 mégawatts à environ 15 centimes par kilowatt/heure alors qu'en Haïti il est situé entre 23 et 35 centimes. Laurent Lamothe a rencontré, vendredi, à Manhattan, son homologue vietnamien sur le dossier.
Dans le même registre, le projet de l'Artibonite 4C, qui consiste dans la construction d'une centrale hydroélectrique d'une capacité de 32 mégawatts, n'est pas tombé à l'eau. En tout cas pas totalement.
A New York, Laurent Lamothe a abordé le dossier avec les autorités brésiliennes. En ce sens, le Brésil va tenir une rencontre sur le sujet le mois prochain avec, entre autres, la BID. Les autorités haïtiennes veulent à tout prix rendre l'ED'H rentable et efficace. Une compagnie dans laquelle le Trésor public dépense beaucoup d'argent pour produire surtout du black-out.
Robenson Geffrard, New York
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=121935

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