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jeudi 22 août 2013

Haïti, de la perle au caillou, de Stéphanie Barzasi et Olivier Vilain.

Haïti, république des ONG
Éditions Golias 200 pages, 12 euros.
Le 12 janvier 2010, « té tremblé », tremblement de terre en Haïti. Entre 220 000 et 300 000 personnes perdent la vie. L’île a-t-elle de tout temps été vouée au malheur ? Le livre convie à la découverte d’un pays qui fut « la perle des Caraïbes », convoquant l’histoire, quand nombre de commentaires l’ignorent. Haïti a servi de laboratoire à toutes les expériences coloniales, dès l’arrivée des Européens, dans le sillage de Colomb. Haïti est devenu tributaire de l’intervention étrangère, en matière d’économie, de politique sociale.
Les auteurs, à contre-courant d’une opinion concernant Jean-Bertrand Aristide, dessinent trois phases dans son parcours, apportant un éclairage sur le ¬changement du président après son enlèvement par les marines et sa «rééducation» aux États-Unis.
On peut parler de sujétion totale aux intérêts du grand voisin. Pays agricole, Haïti, soumis aux diktats du FMI, fut précipité, avec les Duvalier, qui régnaient par la terreur semée par leurs tontons macoutes, vers la désertification des campagnes. L’exode a alimenté les bidonvilles de Port-au-Prince où sévissent violence et insécurité.
On le voit : une terre propice à l’implantation des organisations non gouvernementales (ONG). Avant le séisme de 2010, on en comptait 495 ; leur nombre passera à 595 après. Si leur présence permet de soulager passagèrement certains maux (épidémies, non-accès à l’eau…), leur poids se révèle un frein pour l’action. Aujourd’hui, des associations locales parient sur des expériences nouvelles en matière d’agriculture et d’élevage.
Initiatives essentielles pour une paysannerie représentant la majorité de la population, que la misère et les catastrophes naturelles ont transformée en fantômes des bidonvilles ou en migrants dans la voisine République dominicaine, où ils sont confrontés à des conditions de quasi-esclavage.
Les auteurs dressent un cadre, embrassant l’histoire, la sociologie et les vicissitudes politiques, qui aide à comprendre comment une île a pu, sous la coupe d’élites corrompues, se transformer en un pays de non-droit sur les plans de l’alimentation, de la santé, du travail, de l’éducation, pays dont le PIB n’a pas progressé ces vingt-cinq dernières années et où un habitant sur trois survit grâce à l’aide extérieure. À noter les témoignages recueillis, qui enrichissent le capital d’humanité de l’ouvrage.
Gérard Devienne http://www.humanite.fr/monde/haiti-republique-des-ong-547450

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