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mercredi 7 août 2013

De si appétissants petits mensonges

 Des hurluberlus, sans heure ni invitation, envahissent la presse pour dire des vérités inventées de toutes pièces.
 Grâce à la magie de leur verbe, leur bagout et leur entregent, on ne compte plus les incidents sans lendemain, les assassinats sans victime, les dénonciations sans suite, les statistiques infondées, les arguments sans sens qui ornent les bulletins de nouvelles et les articles.
Ces as des as nous enfument, nous entubent, nous emberlificotent.
L’œil brillant d'audace, deux semaines ou deux mois plus tard, les mêmes hurluberlus reviennent sur les lieux de leur dernière imposture proposer une nouvelle mouture de la vérité de leur invention.
Ces prix Nobel des légendes urbaines ne s'essoufflent jamais.
Leur imagination s'inquiète de la vivacité et de la capacité infinie de leur talent à broder des contours mirifiques ou tragiques au moindre fait divers. D'autres, du même tonneau, manipulent les concepts, travestissent les témoignages, passent outre les preuves, réécrivent l'histoire, distribuent beaux et mauvais rôles comme bon leur semble.
Convaincus que seule l'attention obtenue sous le soleil de ce jour compte, ils lancent le lendemain de nouveaux bobards sans gêne ni honte. Hypnotisés par la lampe de leur génie, les papillons que nous sommes dansent sans fatigue l'entraînante, l'envoûtante, l'ensorcelante mélodie de la vérité fabriquée à l'eau des opinions assisses sur les bases intéressées de leur version de l'histoire telle qu'ils voudraient qu'elle s'écrive. Pour ne pas être en reste, des autorités investies de tous les pouvoirs - premier magistrat, plénipotentiaire, ministre, maire désigné, grande figures de toutes les oppositions, chefs de tous plumages - se lancent aussi dans les travestissements des faits, des opinons, des nouvelles, des dates, des souhaits.
On nous fait tourner en bourrique, on nous fourgue toutes les herbes : les médecines, les purges, les calmantes, les dopantes, les amères, les indigestes, tout.
Devons-nous continuer allégrement à laisser le mot vérité se vider de son sens pour la simple raison que les petits mensonges sont plaisants, appétissants et font passer le temps ?
http://lenouvelliste.com/article4.php?newsid=119730

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