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mercredi 31 octobre 2012

La culture haïtienne se raconte

Publié le 29 Octobre 2012
Samuel Leduc-Frenette
L’auteur Guerdy Jacques Préval publie un livre sur l’histoire de la culture haïtienne
Après avoir raconté l’histoire haïtienne depuis Christophe Colomb dans un premier tome, l’auteur, enseignant et peintre Guerdy Jacques Préval publie un second ouvrage à saveur historique. Sauf que cette fois, il n’est plus question d’histoire politique et événementielle. L’homme s’attaque dans Histoire de la culture haïtienne à la « présence de la culture populaire dans toutes les activités sociales, économiques, religieuses et politiques » de la Perle des Antilles.
Publié en 2008, le livre qu’il a consacré à l’histoire politique de son pays d’origine a tracé la voie à l’opus consacré à la culture de deux façons. D’abord, parce que M. Préval prétend que de 1915 à 2007, il était interdit de faire de l’histoire d’Haïti dans le pays même. Son livre constitue donc une sorte de première dans le champ historiographique haïtien et une base pour toute recherche sur le sujet qui serait réalisée ensuite.
Enfin, parce que pour écrire une histoire de la culture, une telle base peut également s’avérer utile. « L’histoire d’Haïti m’a permis de cerner l’histoire culturelle », lance l’auteur.
« Avant ce livre-là, il n’y avait aucun livre sur la culture haïtienne », soutient-il, comme quoi son deuxième livre est une contribution tout aussi originale que la première à la connaissance.
Un troisième tome est en chantier. Il sera consacré à l’instabilité chronique qui affecte le pays depuis sa création.
« Il y a une sorte de continuité politique aujourd’hui. Ça ne s’est jamais vu auparavant, estime-t-il. Aujourd’hui on peut dire n’importe quoi du gouvernement en présence. » Cette situation prévaut depuis que René Préval—son cousin—, a repris le pouvoir de 2006 à 2011.

Un parcours atypique
M. Préval n’a pas de formation en histoire stricte. À son arrivée comme étudiant à Montréal, en 1972, il avait en poche un diplôme d’études en beaux-arts. Dans la métropole, il a étudié le dessin industriel dans une école spécialisée avant de poursuivre un baccalauréat en design de l’environnement, mineure en environnement, de même qu’une maîtrise spécialisée en conservation et patrimoine.
Au cours de sa carrière, il a enseigné en Haïti de 1986 jusqu’au coup d’État de 1991. Depuis son retour, il a travaillé dans plusieurs organismes du milieu communautaire à faire de l’éducation à la citoyenneté.
Dans ses écrits, son intérêt porte d’abord sur l’ethnoculture haïtienne. Pour preuve, avant d’écrire un livre d’histoire politique, il avait abordé l’histoire de la culture musicale haïtienne dans un précédent ouvrage.
Mais sa formation pluridisciplinaire et l’intérêt que lui ont transmis ses parents—tous deux ont étudié l’Antiquité à l’université de la Sorbonne—ont fait de lui un chercheur déterminé qui n’a pas hésité à aller fouiller les archives de Port-au-Prince, Paris ou Montréal pour étayer ses écrits.

Manque de culture
L’auteur d’Histoire de la culture haïtienne veut que son livre soit lu de tous : autant les Québécois que les Haïtiens de la diaspora ou ceux qui demeurent dans leur île sont invités à le faire.
Au cours de l’entrevue, il trace d’ailleurs certains parallèles entre les sociétés québécoise et haïtienne, comme les liens historiques qui ont uni les deux peuples.
« On a des Desmarais en Haïti, nomme-t-il en référence à la puissante famille derrière la société Power Corporation. On a des Lévesque aussi. »
D’ailleurs, lorsqu’il est question de culture comme dans son livre, M. Préval souhaiterait une plus grande fierté de la part des Haïtiens. Un peu comme ce qu’il constate chez les Québécois.
« S’il y a un modèle que les Haïtiens devraient suivre, c’est le modèle québécois », dit-il, parce que quand on prononce “Qué...”, on n’a pas encore prononcé “Québécois” que ceux-ci se retournent déjà. Quand tu dis “Haïtien”, l’Haïtien garde la tête droite, car il n’ose pas s’identifier à sa culture.

S’il trouve que les jeunes Haïtiens ont un sentiment d’appartenance fort, ce n’est pas le cas de l’élite intellectuelle et de la bourgeoisie du pays antillais.
« Si l’élite s’identifie à cette culture, elle va automatiquement faire corps avec la classe défavorisée. Ils veulent garder une distance. Ces gens-là préfèrent s’identifier à d’autres cultures étrangères », déplore-t-il. Un sujet pour un prochain livre?
Le livre Histoire de la culture haïtienne est normalement disponible à la librairie Olivieri (5219, chemin de la Côte-des-Neiges) et à boutique Carré d’arts (5357, boul Henri-Bourassa Est).
http://www.linformateurrdp.com/Culture/2012-10-29/article-3109733/La-culture-haitienne-se-raconte/1



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