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samedi 11 août 2012

Haïti - Culture : Le vaudou en danger, avec l’abrogation de l’article 297 de la Constitution

P-au-P, 10 août 2012 [AlterPresse] --- L’abrogation de l’article 297 de la Constitution du 29 mars 1987 [1], par l’amendement controversé, adopté en mai 2011, ouvre la voie à « de nouvelles persécutions à visière levée » contre la religion Vodou, craint l’Ati National (la plus haute autorité dans la religion Vodou) Max Gesner Beauvoir, dans des déclarations faites à AlterPresse. « Cet acte nous remet directement à la loi de 1935 de Sténio Joseph Vincent (18 novembre 1930 - 15 mai 1941), laquelle fait du Vodou une pratique superstitieuse à détruire, et légalise les campagnes de ‘’rejetés’’ en 1941 et après », signale Beauvoir. Ces campagnes de ‘’rejetés’’ étaient des chasses aux vodouisantes et vodouisants, organisées durant le régime d’Antoine Louis Léocardie Élie Lescot (15 mai 1941 - 11 janvier 1946) avec la bénédiction de l’église catholique romaine en Haïti. Max Gesner Beauvoir, chef suprême du Vodou en Haïti, dénonce aussi la marginalisation de cette religion par le président de la république, Joseph Michel Martelly. Le président « a visité les protestants en allant à l’église Shalom, s’est fait initier dans la Franc-maçonnerie et a obtenu le titre de grand protecteur de l’Ordre, est en bon termes avec les catholiques romains. Mais, il n’a jamais approché le Vodou, ni visité un péristyle », déplore Beauvoir. La musique populaire haïtienne "compas", dont Martelly s’était autoproclamé le président, « a puisé sa base rythmique dans les péristyles », rappelle Beauvoir à l’attention de Martelly. L’abrogation de l’article 297 de la Constitution du 29 mars 1987 pourrait bien être l’acte, par lequel les persécutions contre le vodou reviennent. Des persécutions, qui tiennent leur racine dans la marginalisation du vodou au fil de l’histoire du pays et qui émergent à des moments particuliers ! Ces agressions contre le vodou ne sont toutefois pas accueillies de la même manière. Un chrétien protestant, sous couvert d’anonymat, dénonce la violence dans les slogans « lancez des pierres contre Satan, ou des couteaux, poignards pour piquer Satan » très utilisés dans des cérémonies dans des églises protestantes. « Nous sommes une république, c’est la loi qui doit primer. Toutes celles et tous ceux qui participent, de près ou de loin, dans l’incendie de péristyles, dans l’assassinat de vodouisants, sous prétexte de propagation de choléra ou dans le phénomène de zombification, doivent être poursuivis et punis », martèle, pour sa part, le pasteur Clément Joseph, directeur de la mission sociale des églises haïtiennes (Misseh). Une position qui peut être appuyée par l’analyse du Docteur en théologie Jean Fils-Aimé [2]. « En matière de religion, il ne convient pas d’établir un rapport de supériorité ni d’infériorité, mais de parler en terme d’efficacité. Une religion est efficace, lorsqu’elle aide l’individu à faire une mise en ordre du chaos que semble constituer l’existence », indique Jean Fils-Aimé. [efd kft rc apr 10/08/2012 15:40]   [1] Article 297 : Toutes les Lois, tous les Décrets-Lois, tous les Décrets restreignant arbitrairement les droits et libertés fondamentaux des citoyens notamment : a) Le Décret-Loi du 5 septembre 1935 sur les croyances superstitieuses ; b) La Loi du 2 Août 1977 instituant le Tribunal de la Sureté de l’État ; c) La Loi du 28 juillet 1975 soumettant les terres de la vallée de l’Artibonite à un statut d’exception ; d) La Loi du 29 Avril 1969 condamnant toute doctrine d’importation ; Sont et demeurent abrogés. [2] Fils-aimé, Jean, Et si les loas n’étaient pas des diables ? : une enquête à la lumière des religions comparées, Canada, les Éditions Dabar, 2008 http://www.alterpresse.org/spip.php?article13213

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