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jeudi 15 septembre 2011

Des Haïtiens réclament le départ des casques bleus

Trenton Daniel, Associated Press
Port-au-Prince
Des Haïtiens réclamant le départ des casques bleus des Nations unies ont affronté la police, mercredi, devant le Palais national de Port-au-Prince.
Les manifestants ont lancé des pierres contre la police antiémeute, qui a répliqué par des tirs de gaz lacrymogène contre la foule de plusieurs centaines de personnes.


La foule s'est finalement dispersée et plusieurs manifestants se sont enfuis dans le dédale du Champ de Mars, un parc public devenu un immense camp de tentes et de cabanes depuis le séisme dévastateur de janvier 2010.
Plusieurs journalistes haïtiens ont déclaré à l'Associated Press que deux de leurs collègues avaient été battus par la police antiémeute. L'un des journalistes blessés a été conduit à l'hôpital pour une fracture au pied droit, selon ces journalistes et le quotidien haïtien «Le Matin».
Le porte-parole de la police nationale haïtienne, Frantz Lerebours, a déclaré qu'il n'avait pas eu connaissance de blessés ou d'allégations d'abus par les policiers lors de la manifestation.
Mais environ deux heures après le début des affrontements, un groupe de manifestants provenant d'une université située près du Champ de Mars ont transporté un jeune homme dans une ambulance. Quelques minutes plus tôt, des manifestants avaient lancé des pierres à partir de l'édifice de l'université et la police a répliqué en tirant des gaz lacrymogène.
Un passager à bord de l'ambulance a affirmé que le jeune homme avait été blessé par des fils barbelés. L'ambulance est ensuite partie en trombe, tandis que des manifestants lançaient des pierres contre un camion de la police antiémeute qui approchait.
Les manifestants se sont dits en colère contre l'agression sexuelle alléguée d'un Haïtien âgé de 18 ans par des casques bleus originaires de l'Uruguay. L'agression aurait eu lieu en juillet à Port-Salut, dans le sud-ouest d'Haïti.
Ils voulaient aussi exprimer leur colère face à l'épidémie de choléra involontairement importée dans le pays par des casques bleus originaires du Népal. Le choléra a tué plus de 6200 personnes depuis l'apparition de la maladie en Haïti, en octobre, selon le ministère de la Santé.
La mission des Nations unies en Haïti (MINUSTAH) compte 12 000 militaires et policiers, mais aucun casque bleu n'était visible lors de la manifestation.
«Nous faisons une manifestation pacifique et nous demandons à la MINUSTAH de quitter le pays», a dit un manifestant, Christo Junior Cadeta.
Le président haïtien, Michel Martelly, devrait demander le prolongement de la mission des Nations unies, dont le mandat arrive à échéance le mois prochain.
Le porte-parole de M. Martelly, Lucien Jura, a déclaré mercredi à des radios locales que le président comprenait pourquoi certains Haïtiens étaient outrés par la présence de soldats étrangers dans leur pays. Mais M. Jura a affirmé que la présence des casques bleus était nécessaire parce que la police nationale est trop faible pour assurer seule la sécurité.
«Comment pouvons-nous demander à l'ONU de partir alors que notre force de police peine à faire son travail?», a dit M. Jura. «Ils n'ont pas les moyens de faire leur travail correctement.»
La force de maintien de la paix de l'ONU s'est installée en Haïti après une violente rébellion qui a mené au renversement du président Jean-Bertrand Aristide, en 2004. La mission fait l'objet de plaintes depuis des années, mais les critiques se sont intensifiées au cours des dernières semaines après l'apparition d'une vidéo qui semble montrer plusieurs casques bleus en train d'agresser un jeune Haïtien.
Les Nations unies et les gouvernements d'Haïti et d'Uruguay enquêtent sur l'agression sexuelle alléguée.

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