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samedi 12 mars 2011

un séisme qui n'a pas fini de secouer le pays

Pour le principal quotidien économique du pays, le tremblement de terre du 11 mars doit amener les autorités et l'ensemble de la population à mieux se préparer encore à affronter ce genre de catastrophe. En effet, la plupart des spécialistes évoquent la possibilité d'une secousse géante de magnitude 9 dans la région de Tokyo. 12.03.2011 
 Nihon Keizai Shimbun





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NIHON KEIZAI SHIMBUN
JAPON
Nihon Keizai Shimbun
Dans l'attente du grand séisme
Depuis 1976, les autorités se préparent à un séisme de magnitude 8 sur l'échelle de Richter dans la préfecture de Shizuoka, à environ 160 kilomètres au sud-est de Tokyo. Elle se trouve dans la région de Tokai, une zone dans laquelle se sont régulièrement produits de très violents séismes. Un manuel en japonais et en anglais sur le "grand séisme de Tokai" a même été réalisé pour préparer les habitants à cette catastrophe. Mais c'est dans une zone complètement différente que s'est produit le 11 mars un séisme de magnitude 8,9.
Le grand tremblement de terre que tout le monde redoutait a frappé l'archipel à un niveau qui dépasse l'entendement. L'énorme séisme qui s'est produit le 11 mars dans le nord-est du pays laisse derrière lui des centaines de morts et de disparus. Avec une magnitude 8,8 sur l'échelle ouverte de Richter, c'est le tremblement de terre le plus fort jamais enregistré dans ce pays pourtant habitué aux séismes. De nombreux bâtiments se sont écroulés dans les préfectures de Fukushima, d'Iwae et de Miyagi situées à proximité de l'épicentre et la côte Pacifique a été touchée par un tsunami de grande ampleur. Une partie des installations nucléaires ont été mises en état d'alerte et les transports autour de Tokyo ont été paralysés.
Avant tout il faut mettre tout en œuvre pour venir en aide aux zones sinistrées, en apportant le soutien indispensable aux populations évacuées, en soignant les blessés et en recherchant les disparus. Il est difficile d'évaluer le nombre de personnes qui ont été emportées par le tsunami ou qui sont prisonnières sous les décombres des bâtiments effondrés. Il faut aussi prévenir d'autres catastrophes. Les risques liés aux répliques sont grands et les resteront au cours des prochaines semaines. Il convient donc de rappeler l'interdiction d'approcher les bâtiments à moitié effondrés et les objets dangereux afin de ne pas alourdir le décompte des victimes.
Après l'arrêt de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, le gouvernement a d'abord proclamé une situation d'urgence et demandé l'évacuation des habitants vivant à proximité de l'installation. Les risques de fuites radioactives inquiètent désormais la population locale. Il faut donc l'informer de façon claire et la protéger. Le gouvernement a mis sur pied une cellule de crise présidée par le Premier ministre Naoto Kan. Ce dernier s'est engagé à "mettre en œuvre tous les moyens pour assurer la sécurité des personnes et minimiser les dommages". De son côté, l'opposition a annoncé une "trêve politique" et son intention de participer aux efforts liés à la situation d'urgence.
Le séisme a aussi provoqué la confusion sur le plan économique avec notamment l'arrêt temporaire des distributeurs d'argent, la baisse significative du yen sur les marchés des changes et celle de la Bourse. Pour éviter toute inquiétude qui n'a pas lieu d'être à ce niveau, le gouvernement et les la Banque du Japon doivent agir en conséquence.
Dans cette partie du Japon où a lieu en moyenne tous les 37 ans un séisme de forte intensité, les spécialistes avaient prévenu qu'"un tremblement de terre de magnitude 7 ne serait pas surprenant". Le séisme du 11 mars a donc eu lieu dans cette région exposée à ce genre de catastrophe et son intensité de 8,8 a été à la hauteur des prévisions des spécialistes. Pourtant, au regard des dégâts, on peut dire que nous n'étions pas préparés à affronter une catastrophe de cette ampleur. Il faut penser à mettre en place des moyens pour secourir et un système d'information qui permette d'entrer rapidement en relation avec les victimes. Nous avons en effet constaté que le tsunami a coupé la plupart des voies de communication, facilitant l'isolement.
Par ailleurs, le séisme a provoqué un incendie dans un centre industriel à Chiba, pourtant situé à une longue distance de l'épicentre, et l'arrêt des ascenseurs à Tokyo. Le séisme s'est ainsi lentement propagé, favorisant de grosses secousses notamment dans les bâtiments de grande taille. Il ne faut donc pas tarder à mettre en œuvre une politique de prévention vis-à-vis de ces secousses à retardement. Il faut également examiner avec soin les fissures et autres dégâts invisibles à l'œil nu.
On dit qu'il ne sera pas surprenant qu'un séisme de grande ampleur ait lieu dans baie de Suruga. On prévoit aussi qu'il y en ait un au large des côtes de Shikoku et de la péninsule de Kii dans les années 2030-2040. On craint que ce soit alors un séisme géant de magnitude 9.
Outre les destructions matérielles, un tsunami géant aurait des conséquences fatales pour des millions de personnes. Il convient de réviser au plus vite notre politique de prévention pour faire face à ce type de tremblement de terre. Environ 10 millions de maisons individuelles et quelque 80 000 écoles ou hôpitaux ne répondent pas aux nouvelles normes antisismiques définies en 1981. Il faut donc les mettre à niveau. Il faut réévaluer notre préparation à l'égard des tsunamis.
Le séisme sans précédent qui vient d'avoir lieu a donc frappé des zones urbaines nées avec la modernisation du pays. Il exige que nous mettions en œuvre une politique digne de ce nom en matière de prévention sismique et que nous concentrions tous nos efforts pour venir en aide aux victimes.
http://www.courrierinternational.com/article/2011/03/12/un-seisme-qui-n-a-pas-fini-de-secouer-le-pays

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