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vendredi 6 août 2010

Wyclef Jean explique son plan de match pour Haïti

Jonathan Katz.- Associated Press
Wyclef Jean, l'ancien musicien des Fugees, explique comment il entend redresser l'économie haïtienne s'il est élu à la présidence de son pays d'origine le 28 novembre prochain. «L'éducation, la création d'emplois et l'investissement pour Haïti», résume-t-il dans un entretien accordé à l'Associated Press.
L'artiste, qui est né en Haïti mais a grandi à New York, a tenu jeudi soir son premier grand meeting électoral à Port-au-Prince, près de sept mois après le tremblement de terre qui a fait 300 000 morts et 1,6 million de sans-abri.
«On peut leur donner un moyen de se sortir du pétrin dans lequel ils se trouvent», a dit Wyclef Jean de ses compatriotes. Il recevait l'AP après le meeting, dans sa chambre d'hôtel, entouré de conseillers, de son épouse et de leur fille de cinq ans. «Et ça passera par l'éducation, la création d'emplois et l'investissement pour Haïti».
Le musicien assure qu'il est d'accord avec le projet économique défendu par l'émissaire spécial de l'ONU en Haïti Bill Clinton. Sur place cette semaine, l'ex-président américain a prôné le développement de l'industrie textile, du tourisme mais aussi de l'agriculture afin que le pays ne dépende plus des importations.
«Le président Clinton se focalise sur l'industrie du vêtement et tout ça. Je trouve ça très bien. Mais l'agriculture est aussi concernée», note Wyclef Jean. «Nous pouvons travailler sur les deux éléments en même temps». Et d'évoquer d'autres domaines d'investissements possibles, dont l'industrie minière - une activité pourtant très contestée en République dominicaine voisine.
Wyclef Jean a déposé jeudi sa candidature officielle au scrutin présidentiel. En passant du statut d'artiste à celui d'homme politique, il a non seulement troqué ses tenues hip-hop pour le costume-cravate mais il a aussi gagné soudainement en maturité, son âge déclaré passant d'un coup d'un seul de 37 ans à 40 ans.
À peine candidat déclaré, Jean décrit déjà la campagne comme un «sport de combat». La star médiatique a déjà essuyé quelques coups.
Le site Internet américain The Smoking Gun a ainsi rapporté cette semaine qu'il devait des impôts au fisc américain. «Que Wyclef Jean doive 2,1 millions de dollars à l'IRS montre combien il gagne par an», a commenté le chanteur, en parlant de lui-même à la troisième personne. Il a promis de publier ses comptes sur Internet et de payer les impôts qu'il doit.
L'acteur américain Sean Penn, qui gère depuis le printemps un camp pour les rescapés du séisme à Port-au-Prince, a par ailleurs accusé Wyclef Jean d'avoir détourné 400 000 dollars collectés par son association Yéle Haïti et de ne pas passer assez de temps dans le pays.
«Je veux que Sean Penn comprenne bien que je suis Haïtien, né en Haïti, et que je viens dans mon pays depuis que je suis enfant», a-t-il réagi. «Il pourrait peut-être prendre son téléphone et me rencontrer pour comprendre vraiment qui je suis».
Wyclef Jean a démissionné jeudi de la présidence de Yéle Haïti, une association soupçonnée d'avoir commis des irrégularités financières au profit du chanteur avant le séisme. Après le tremblement de terre, elle a collecté environ 9 millions de dollars (6,8 millions d'euros).
La candidature du chanteur doit être validée par le conseil électoral. Parmi les conditions à remplir pour briguer la présidence: n'avoir jamais renoncé à sa citoyenneté haïtienne pour obtenir un autre passeport (dans ce cas: américain) et avoir résidé en Haïti ces cinq dernières années. Wyclef Jean est loin de remplir cette condition mais fait valoir que le poste d'«ambassadeur itinérant pour Haïti», auquel il a été nommé en 2007, l'en dispense.
Haranguant la foule de ses partisans jeudi à Port-au-Prince, il s'est comparé au président des États-Unis: «L'Amérique a Barack Obama et Haïti a Wyclef Jean!» Ses supporters ont chanté une chanson rappelant un autre président, haïtien celui-là, Jean-Bertrand Aristide, qui vit en exil en Afrique depuis le coup d'État sanglant de 2004. Dans les paroles, ils ont changé le nom d'Aristide par celui de Jean.
Interrogé ensuite sur cette chanson, le candidat a dit que ce n'était pas lui qui l'avait choisie.
Wyclef Jean se présente sous les couleurs du parti Viv Ansanm (vivre ensemble) mais met surtout en avant son mouvement Fas a Fas (face à face) qui défend les jeunes en difficultés. «Même si je perds, je gagne», philosophait-il jeudi soir lors de l'entretien. «Ca nous donne l'occasion d'être une voix qui dit au gouvernement ce qui se passe».

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