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dimanche 15 août 2010

Panorama de la situation des jeunes en Haïti (1)

La pyramide des âges, au recensement de 2003, se rétrécit à la base en raison de la baisse de fécondité combinée à celle de la mortalité. C'est ce qui ressort d'un rapport sur la jeunesse du Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP) à l'occasion de la Journée nationale de la Jeunesse. Au rythme actuel de développement de la jeunesse haïtienne, les auteurs du rapport prévoient que la population urbaine des jeunes estimée à 1 795 267 individus en 2003 devrait doubler d'ici à 2015. Haïti: « La croissance démographique chez les jeunes s'est particulièrement accélérée en milieu urbain où elle a avoisiné le niveau de 6 % l'an, au cours de la période intercensitaire. A ce rythme, la population urbaine des jeunes, de 1 795 267 individus en 2003, devrait doubler d'ici à 2015.», précise le rapport ayant pour titre "La Jeunesse en chiffres". Après avoir atteint un sommet en 2005 (21,9 %) poursuit le document, le poids de la population des jeunes (15-24 ans révolus) a amorcé une tendance à la baisse. D'après les estimations de population (IHSI-CELADE) en 2010, ce taux sera de 20,9 % et d'environ 15 % en 2050.
Selon les experts en population qui ont rédigé le rapport, la concentration urbaine est plus forte chez les jeunes qu'au niveau de la population totale. Selon les données disponibles, près de la moitié des jeunes, soit 48,9 %, résident en milieu urbain contre 40 % dans l'ensemble de la population. 60 % de la population urbaine chez les jeunes se retrouvent dans le département de l'Ouest contre 53 % dans l'ensemble de la population.
« La distribution géographique de la population des jeunes suit le même schéma (la même séquence) que celui observé au niveau de la population totale. L'Ouest en absorbe 42 %, l'Artibonite 15 %, le Nord (10 %). Les autres départements accusent des pourcentages inférieurs à 10 %. Sur 3 jeunes vivant en Haïti, 2 se retrouvent au niveau de ces trois départements géographiques », indique aussi le rapport.
La population juvénile se répartit comme suit : 72,3 % dans la zone urbaine, soit près des trois quarts des Jeunes dans l'Ouest. Par contre, le pourcentage urbain se situe en-deçà de la moyenne nationale dans le Nord (46,1 %), le Nord-Est (43 %) et l'Artibonite (40,4 %). Contrairement à l'Ouest, le Sud-Est est le département géographique le moins urbanisé chez les jeunes (16 %).
Les jeunes filles représentaient un pourcentage de 52,9 % de la population juvénile de 15 à 24 ans révolus en 2003. Mais le taux de féminité était encore plus élevé en milieu urbain (55,1 % contre 50,8 % en milieu rural).
Les adolescent(e)s de 15 à 19 ans, de leur côté, absorbent plus de la moitié, soit 55 % des jeunes de 15 à 24 ans révolus. La variation est suffisamment forte entre les secteurs de résidence (58 % en milieu rural contre 52 % en milieu urbain).
L'entrée en union est relativement précoce, selon le rapport chez les adolescents. « 30% des adolescent(e) s de 15 à 19 ans révolus ont déjà vécu en union », souligne le document. Cette proportion s'élève à 59 % chez les jeunes de 20 à 24 ans révolus. La précocité de l'union est due, dans une très large mesure, au plaçage qui, indépendamment de l'âge, absorbe les deux tiers des unions, soit 66,2 %. Un tiers des Jeunes de 15 à 24 ans révolus, soit 33,1 %, vit dans le plaçage. Un peu plus d'un dixième, soit 12,3 % dans le mariage et 4,6 %, dans le "Vivavèk" (Vivre avec). Dans l'ensemble, plus de la moitié des jeunes de 15 à 24 ans, soit 53,7 %, ont déjà eu à contracter un type d'union quelconque au cours de leur vie. L'entrée en union est, de loin, plus précoce chez les filles que chez les garçons célibataires entre 15 et 19 ans révolus).
Le pourcentage de chefs de ménage s'élève respectivement à 1,7 % chez les Adolescents(es) de 15 à 19 ans révolus et à 10,4 % chez les Jeunes de 20 à 24 ans révolus. Mais dans l'ensemble, sur 100 Jeunes de 15 à 24 ans révolus, 6 sont chefs de ménage.

En termes de migration interne :
L'Ouest est le pôle d'attraction le plus important. Le pourcentage d'immigrants s'élève à 14,1 % contre 2,9 % dans le Nord et 2,6% dans le Sud. La migration, lit-on dans le rapport du FNUAP, est plus intense chez les jeunes de 20 à 24 ans comparativement aux adolescents (es) de 15 à 19 ans. Le Nord-Ouest, par contre, est le département qui présente le pourcentage de natifs le plus faible, soit 41,7 %. Ceci s'explique par la forte importance relative des migrants de retour qui représentent plus de la moitié, soit 57,6% des natifs de ce département entre 15 et 24 ans révolus. Le pourcentage de migrants de retour est plus élevé dans le Nord-Ouest par rapport aux autres départements géographiques.

En matière de fécondité :
L'Indice Synthétique de la Fécondité des Jeunes filles de 15 à 24 ans révolus révèle que, avant de fêter leur 25ème anniversaire, elles ont eu en moyenne un peu plus d'une naissance vivante, soit 1,1 au recensement de 2003 contre 1,135 à l'EMMUS IV (DHS, 2005-2006).
Au Recensement de 2003, près d'un quart de cette fécondité, soit 24,5%, Surviendrait avant 20 ans et environ les trois quarts, soit 75,5 %, entre 20 et 24 ans révolus. Le calendrier de la fécondité des Jeunes serait donc un peu plus concentré entre 20 et 24 ans révolus.
Le niveau de la fécondité globale en Haïti est le plus élevé à l'échelle des pays de l'Amérique Latine et des Caraïbes (exception faite du Guatemala). Par contre, la fécondité des Adolescentes est plus faible en Haïti que dans d'autres pays comme le Guatemala, le Nicaragua et, plus près de nous, la République dominicaine, ainsi que le révèlent les enquêtes récentes de type DHS. Cette considération demeure tout aussi bien valable quant à la contribution relative des Adolescentes à la fécondité totale, comparativement aux autres pays de la région.
Les Jeunes femmes de 15 à 24 ans révolus résidant dans le Centre, le Nord-Est et les Nippes respectivement, ont le niveau de fécondité le plus élevé, soit 1,6 enfant en moyenne. Ensuite viennent celles de la Grande Anse, du Sud et du Sud-Est dont la fécondité varie de 1,3 à 1,4 enfant et, en dernière instance, celles du Nord et de l'Artibonite avec atteint 1,2 enfant en moyenne avant de fêter leur 25ème anniversaire. A noter que dans l'Ouest et dans l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, la fécondité des jeunes femmes est la plus faible : 0,7 à 0,8 enfant en moyenne.
Le calendrier de la fécondité tend à être plus précoce dans les départements où le niveau du phénomène est le plus élevé (Nippes et Centre), et inversement dans l'Ouest et l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, où le niveau (du phénomène) est le plus faible. La contribution relative des Jeunes femmes de 15 à 24 ans dans la fécondité totale varie de 30,9 à 28,9% dans les Nippes et le Centre, tandis que dans l'Ouest et l'Aire Métropolitaine de Port-au-Prince, elle se situe à 26%.
Il est à signaler certaines exceptions à la règle. C'est le cas, d'après les experts, des Jeunes femmes de l'Artibonite, du Nord et de la Grand'Anse qui, malgré un niveau de fécondité modéré, ont une forte contribution relative dans la fécondité totale, soit 29,1 %, 27% et 28,2% respectivement.
Selon le Système des Nations Unies, les jeunes concernent la tranche d'âge comprise entre 15 à 24 ans. Cela couvre une partie de l'enfance et de l'adolescence, cette dernière s'étendant jusqu'à l'âge de 18 ans et 19 ans respectivement.
Jean Pharès Jérôme
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82446&PubDate=2010-08-13

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