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jeudi 5 août 2010

Haïti: Wyclef Jean à la présidence? L'idée ne fait pas l'unanimité

Haïti: La candidature probable à la présidence d'Haïti de Wyclef Jean est loin de faire l'unanimité à Port-au-Prince, certains dirigeants politiques criant à l'aventurisme, alors que dans la rue, les démunis rêvent de voir la star du hip-hop au Palais national. "Ce qui se passe en ce moment c'est une réaction très émotionnelle. Avec Wyclef, c'est de l'improvisation, une aventure", réagit Evans Paul, dirigeant d'un parti d'opposition, à propos de l'effervescence suscitée dans l'île par la présence éventuelle du musicien dans la course à la présidence.
M. Jean, né dans la banlieue de la capitale surpeuplée d'où il a émigré pour les Etats-Unis à l'âge de neuf ans, doit annoncer sa candidature jeudi soir sur CNN, a fait savoir la chaîne américaine. Un membre de son entourage a confirmé à l'AFP que le musicien américano-haïtien se présenterait dans les prochains jours devant le Conseil électoral pour s'enregistrer officiellement.
Dans les rues de Port-au-Prince, les jeunes sont majoritairement séduits par l'idée, même si beaucoup ne veulent pas le voir abandonner la musique.
Réunis à un coin de rue à Pétion-ville, banlieue de l'est de la capitale, des petits commerçants ambulants et quelques chômeurs disent vouloir soutenir "Wyclef". "Ah oui! Il a montré qu'il peut faire quelque chose pour le pays avec sa fondation. Oui, nous voterons pour lui", affirment-ils en choeur.
L'ex-membre des Fugees est intervenu à plusieurs reprises après le séisme du 12 janvier, qui a fait plus de 250.000 morts et jeté à la rue environ 1,5 million d'Haïtiens, pour distribuer à ses compatriotes démunis, avec sa fondation Yéle Haïti, des tentes, de la nourriture ou de l'eau.
"Je vais voter à une condition: si Wyclef est dans la course", dit Emmanuelle, 21 ans.
"Il n'y a rien de rationnel dans tout ça", tonne à l'inverse Evans Paul, l'un des chefs du Parti "Alternative", jugeant que Wyclef Jean ne va pas faire avancer la cause du peuple, ni celle de la démocratie en Haïti.
"Cela me surprend d'entendre Wyclef se présenter à une campagne électorale. Je ne vois pas en lui un leader politique", tranche Jimmy, un étudiant.
De même, Maguy, une restauratrice, refuse de voir un artiste au pouvoir. "Qu'il reste là où il travaille si bien. La politique ce n'est pas son affaire."
"Je suis préoccupé", confie Serge Gilles, chef d'un parti de gauche. "On est en train de mélanger deux choses: la politique et l'art. Cela peut donner des résultats négatifs", prévient cet ancien candidat à la présidence, aujourd'hui opposé à la tenue des élections.
"La politique doit rester aux politiques", ajoute M. Gilles. Pour lui, la venue de Wyclef Jean en politique est la conséquence de trois facteurs: la confiscation du pouvoir par la dictature des Duvalier (1957-1986), la recherche d'un messie (élection en 1990 du prêtre Jean-Bertrand Aristide) et "l'anarcho-populisme" instauré par le président Préval qui a, selon lui, affaibli les institutions du pays, dont les partis.
Plus de 70 partis, regroupements ou groupements de partis sont néanmoins admis à participer dans les prochaines joutes, législatives et présidentielle, prévues le 28 novembre.
Le Conseil électoral provisoire haïtien (CEP), qui a ouvert jusqu'au 7 août la période d'inscription des candidatures à la présidence, a reçu cinq candidatures mais en attend plusieurs autres.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82076&PubDate=2010-08-05
Notre commentaire:
La présence de WYCLEF JEAN dans le panorama politique - pardon- électoral haïtien représente en effet une épine du pied, un vrai " pain in the ass" ou un "absé sou klou" pour plus d'un. Ils sont légions, les gens, les penseurs, les philosophes, les politiciens, les politologues qui doivent être entrain de plancher sur le dossier. Tous ces gens là sont d'autant plus intéressés parce que WYCLEF JEAN A UNE VRAIE POSSIBILITÉ DE GAGNER LES ÉLECTIONS!
Personnellement j'aurais voulu pouvoir choisir un candidat d'un tout autre acabit lors des joutes du 28 novembre. Sur la liste interminable de candidats à la présidence il existe sans doute un seul candidat qui risquerait de faire mieux - en matière de gestion administrative-  que WYCLEF. Je veux parler de Madame Myrlande Manigat. Cependant dans uns société comme Haïti, elle aura, comme son mari,très peu de chances de bénéficier du choix des électeurs. Donc en termes  de capacités de gestion et valeurs absolues, le prochain président d'Haïti à peu de chose près serait à la hauteur des capacités gouvernementales du rappeur-haitianno américain.
Donc je comprends pourquoi les politiciens qui se verront appeler après ce soir, politiciens traditionnels, digèrent très mal la présence de WYCLEF JEAN sur la liste des candidats à la présidence.
D'ailleurs quelles sont les conditions requises pour être politicien en Haïti, en dehors de "faire de la politique"?
Unanimité? je ne pense pas qu'aucune candidature fasse l'unanimité. Celle de WYCLEF ne m'inspire pas moins que celle d'un ancien premier ministre dont le gouvernement a été renvoyé par le sénat de la République pour incompétent  après les émeutes de la faim...
Bref, les politiciens traditionnels ont du souci à se faire car une éventuelle victoire - ce qui est fort probable -  de WYCLEF sonnerait le glas des sempiternels-dinosaures-archaïques de la politique haïtienne. Cette peur explique la teneur des interventions de deux politiciens traditionnels d'Haïti.
En ce qui concerne le premier, je ne me rappelle pas dans quelles conditions, ni après quelles études il était "devenu" politicien. Le saut a été énorme de la position d'animateur de radio! Bon il faut savoir qu'à l'époque on devenait politicien après avoir été battu par les sbires de Duvalier. Il est sur le terrain depuis des années. Toujours dans l'opposition. Une fois de connivence avec les technocrates. Son dernier score au dernier scrutin présidentiel avoisinnait le 3%. Aujourd'hui il dispute avec un autre, le fauteuil du chef de l'opposition pour faire la cour aux électeurs de Jean-Betrand Aristide tandisque, tous les deux , ils savent très bien, que leurs noms respectifs ne détiennent aucune valeur électorale intrinsèque.
En ce qui concerne le second, il s'agit d'un membre de la gauche traditionnelle d'Haïti qui a pris en principe le pouvoir après le départ de Jean Claude Duvalier en 1986. La période postduvalérienne nous a pondu Aristide et Preval. C'est bien de pouvoir remonter encore - un quart de siècle plus tard - au duvaliérisme pour expliquer et justifier le comportement erratique de cette gauche anarcho-populisme qui n'a pas vu le jour avec Preval...! Mais il faut pouvoir avant tout reconnaître les limites de cette gauche ...
Enfin en guise de "bwa dan" pour contrecarrer la machine inarretable de WYCLEF, je proposerais  à la classe politique traditionnelle de faire preuve d'une magnanimité proche de celle de 1804 pour présenter un candidat crédible, unique, capable de stopper la machine sans marche arrière, sans frein qui vient pilotée par le candidat atypique WYCLEF JEAN!

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