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mardi 17 août 2010

Entre élections présidentielles et les inondations du Pakistan.

Le monde garde encore un regard repu sur Haïti, encore en agonie, 217 jours après le passage meurtrier du cyclone du 12 janvier. La grande presse internationale avait mis plus ou moins soixante jours pour attirer l’attention du monde sur d’autres problèmes. Sur d’autres ailleurs. Fort heureusement, la nature vivante se défend et de part et d’autre veut asseoir sa suprématie sur l’ensemble des inventions des hommes. Un volcan rentre en éruption et paralyse le ciel et ses avions. Des incendies transforment des grandes villes en véritables enfers. La mer crache du pétrole et provoque indignation. Sans oublier la terre qui continue à trembler sans tuer.
Nous autres les haïtiens, contrairement aux autres qui claironnaient par ci et par là les menaces imminentes avec l’arrivée de la saison cyclonique, nous avions surtout eut peur de l’oubli et de l’indifférence des autres. Surtout de ces « autres » puissants disposant de moyens et capables de nous aider.
Ainsi dans nos prières, nous avions demandé à Dieu de protéger le monde de certaines tragédies capables de faire du drame d’Haïti une vulgaire épine au pied. Le Bon Dieu a fait ce qu’il a pu. Il a tenu sept mois. Et comme un malheur n’arrive pas toujours seul, nous avions eu droit à des inondations cataclysmiques du Pakistan.
Plusieurs millions de sinistrés des sans abris innombrables. L’humanité, généralement généreuse – même en temps de grande crise – a mis du temps à réagir cette fois-ci. Il est certain qu’avec des catastrophes de ce genre survenant dans un espace temporel aussi rapproché, les réserves de générosités risquent de s’épuiser assez vite. Surtout quand on est en plein doute et en période de questionnement sur le sort de notre contribution accordée à Haïti il y a sept mois. Et que comme réponse on ne cesse de nous dire que rien n’a été fait.
Les sinistrés pakistanais n’ont pas déclenchés ces élans de solidarité presqu’automatique qui ont accompagné des catastrophes telles que le tsunami et le tremblement de terre de janvier 2010. Les promesses se sont raréfiées et il a fallu que des voix autorisées interviennent pour faire comprendre que la catastrophe d’Haïti malgré ses 300.000 morts n’était rien par rapport a ce que vivaient des millions de pakistanais.
La comparaison a été faite de façon soutenue. A un point tel que les gens de l’ONU ont demandé carrément des chèques au lieu de promesses.
Cependant, l’actualité du Pakistan et ses inondations et ses morts et ses millions de déplacés, n’a pas éclipsé totalement l’actualité haïtienne. On est certes très loin de l’effervescence des médias qui se sont précipitées pour parler d’Haïti, six mois plus tard. Le constat une fois fait. Tout le monde est reparti en se donnant rendez-vous dans un an !
Mais il y a un feuilleton mis en scène par les dirigeants haïtiens style poudre-aux-yeux, complètement écrit et avalé par la communauté internationale qui s’appelle élections présidentielles. Avec un casting formidable : La Mega star du HIP HOP WYCLEF Jean. Cette mise en scène pourrait s’appeler « de rappeur à président » tant la présence de Wyclef suscite des débats contradictoires et un intérêt jamais vu pour des joutes haïtiennes.
Dans cet environnement peu sérieux, personne ne s’insurge contre ceux qui comparent la catastrophe haïtienne et celle du Pakistan. Personne ne propose de revérifier la répartition des biens sur terre car, la générosité de ceux qui n’ont pas beaucoup, ne peut pas à elle seule faire face à des situations de cette ampleur. Personne de dit au Pakistan de vendre sa bomber atomique ou de la troquer contre de l’eau, du sucre et de la farine. Personne ne défend l’ampleur des besoins d’Haïti. Personne ne se soucie des retombées de la seconde réunion de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti.
Entre temps, Haïti, ses décombres et ses sinistrés affamés se retrouvent difficilement entre les inondations du Pakistan et les élections présidentielles avec Wyclef Jean comme candidat. Sans le savoir, ces deux évènements risquent de modifier le sort de ce petit pays.
Ces réflexions me sont venues par démangeaisons de doigts en attendant la publication de la liste des candidats autorisés à participer dans les prochaines élections présidentielles.
Jonas Jolivert
17/08/2010

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