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jeudi 19 août 2010

DISONS VAGUE ET DIVAGONS...INTRODUCTION

Introduisons plus sérieusement le sujet. Nous allons pondre, afficher et vomir nos réflexions autour du thème qui compose l’essentiel de l’actualité haïtienne. Nous aurons à émettre des idées sérieuses parfois, saugrenues de temps en temps, souvent rieuses autour d’occurrences plutôt dramatiques sur les prochaines élections présidentielles haïtiennes.

Tout homme habitant le front et la face de cette terre sait aujourd’hui qu’il existe un endroit peuplé de gens, un coin géographique connu sous le nom d’Haïti. Une République. Une République noire. La toute première à avoir vu le jour dans le concert des nations. Pour beaucoup, cela ne voudra rien et absolument rien dire ? Cela peut ne pas se retenir.
Ses quelques grandes réalisations dénombrent une indépendance acquise en 1804 après d’âpres batailles livrées par des indigènes en guenilles contre l’armée expéditionnaire de Napoléon Bonaparte, puis payée après l’ordonnance de Charles X. (Sujet actuellement tabou car elles sont nombreuses les voix qui se lèvent pour exiger à la France la restitution de cette énorme dette de l’indépendance payée par Haïti au détriment de la construction d’une nation.
On n’oubliera pas et surtout pas une participation à la coupe du monde de football de 1974. Et c’est tout !
Pour les férus d’actualité, ils pourront rapporter le mot Haïti à autres vocables comme dictatures, corruption, tontons makouts, chimères, zinglins, zenglendos, pauvreté, SIDA et misère.
Pour le meilleur ou pour le pire – qui sait- tout ceci a changé depuis le 12 janvier 2010. 17 heures 48 ! Haïti devint le centre du monde. La conceptualisation du mot humanitaire faite pays. Le récipiendaire par excellence de la Solidarité avec un S énorme.
Plus de 300.000 morts, une capitale-république dévastée à plus de 70%. Plus d’un million cinq cent milles personnes sinistrées sans abris. Ce fut avec raison considérée comme l’une des plus grandes catastrophes humanitaires. Bien entendu ces évaluations étaient de mise avant les terribles inondations du Pakistan.
Bon pour être sincère, sans vouloir toucher des susceptibilités, j’ai beaucoup de mal à imaginer de quel côté se pencherait la balance si on met d’un place : un petit pays+dirigeants corrompus+pauvreté endémique séculaire+300.000 morts+1.500.000 sinistrés+une capitale dévastée a plus de 70% et de l’autre côté n met : un pays+ bombe atomique+arsenal militaire imposant+dirigeants corrompus+élite corrompues+1.600 morts+6.4 millions de sinistrés.
Je n’ai pas la réponse. Ce n’est point bien grave. Je ne fais que divaguer. Revenons à nos moutons. Le tremblement de terre de janvier a suscité évidemment des vocations et surtout des élans de solidarité sans précédent. Haïti permit encore une fois malgré tout, malgré la crise, malgré les guerres oubliées, le cœur de l’homme était capable de noblesse, d’amour et de compassion.
On gère comme un peu l’urgence absolue et l’urgence différée. On semble vouloir penser sérieusement à la post urgence. Les plus utopistes ont remercié et allumé et brûlé des cierges au tremblement de terre qui aura eu la vertu d’ensevelir les tares et les incohérences qui ont fait de notre pays une nation mort-née, un retardé chargeant de lourds handicaps. Les naïfs se sont mis à penser du jour au lendemain au pays idéal qui serait édifié sur les ruines et les décombres.
Les haïtiens dans un premier temps se terrèrent dans un silence morbide et surprenant. Un silence proche du vide, entre le néant et la non-vie. Il fallait les comprendre. Ils n’ont été ni acteurs ni secouristes. Ils ont été touchés directement dans leur sang et dans l’ensemble de leur sens. Il fallait enterrés ses morts, s’occuper de ses mutilés, pleurer ses disparus.
Le président de la République se fit voir et entendre deux jours plus tard. A quelques pas des décombres du Palais national, l’ultime et unique vestige insufflant la fierté et rappelant les contours frêles d’un rêve inachevé. Il confessa publiquement avoir eu la vie sauve grâce à sa petite fille.
Drôle de discours, crème de l’insuffisance, comble de l’insouciance médiocre, du président d’un peuple égaré, encore abasourdi et enseveli après avoir reçu en pleine gueule des segments de ciel transformés l’espace d’un cillement par des dieux et des anges ivres de connivence avec des démons devenus fous et des diables rugissant de colère en engins de morts et vecteur de douleur.
L’agonie empêtrée sous des tonnes de poussières de mauvais bétons et entrelacées de ferrailles trop frêles, se fit de moins en moins audible ; pour finir en résignation morbide et lugubre des sorties sans issus et des peines sans secours.
Les premiers à avoir entendu ces voix devenant au fur et à mesure muettes furent les étrangers, les mais d’Haïti rangés en humanitaires, secouristes, curieux amateurs du tourisme de catastrophes et voyeuristes pervers. Ils captèrent comme des chasseurs de fantasmes, les échos du silence de la mort qui résonnent à l’infini à travers les effluves et les odeurs des vies enlevées et envolées.
Au fil des jours, l’actualité d’Haïti comme prévu, s’essouffla. Il a fallu 158 jours pour tourner la face à cette nouvelle facette de la tragédie chronique et empirique de ce peuple.
Heureusement, du côté haïtien on a su s’arranger pour ne pas être oublié. Et quoi de mieux que la politique pour montrer la face hideuse certes d’un pays encore vivant. Vous pensez qu’il y a mieux ? Moi aussi.
Il faut se rappeler qu’à l’aube du 12 janvier, en Haïti il n’y avait que la politique en Haïti. C’était la seule activité capable de vous assurer après quelques pirouettes au milieu de quelques girouettes, argent, gloire et pouvoir.
DL 20/08/2010
(A SUIVRE)

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