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jeudi 15 juillet 2010

«D'une lenteur désespérante»

Paule Vermot-Desroches, Le Nouvelliste
(TROIS-RIVIÈRES) Les caméras se sont peut-être éloignées des décombres, le tourbillon de la vie a peut-être emmené la population à tourner son attention ailleurs, les Haïtiens de la région n'ont pas pour autant baissé les bras, six mois après le tremblement de terre qui a dévasté leur pays d'origine. Du même coup, alors que les missions humanitaires se poursuivent, des gens de partout dans la région continuent de donner temps et argent au peuple haïtien dans l'espoir de meilleurs lendemains.
Lorsque la tragédie est survenue, en janvier dernier, Claude Bélizaire avait bien du mal à s'éloigner du téléphone. Ce retraité originaire d'Haïti et habitant à Trois-Rivières attendait avec impatience des nouvelles de tous les membres de sa famille, coincés là bas.
«Aujourd'hui, on sait ce qui est arrivé à tout le monde. J'ai un cousin qui a été retiré sans vie des décombres plusieurs jours après le tremblement de terre. Mais la plupart des membres de ma famille ont pu s'en sortir», raconte M. Bélizaire.
Ce dernier s'était associé au Comité de solidarité Trois-Rivières en janvier dernier pour inciter la population à participer à l'aide d'urgence qui devait être apportée au peuple haïtien. Six mois plus tard, c'est une autre forme d'aide que Claude Bélizaire apporte à son peuple.
«Il y a le Groupe de réflexion et d'action pour une Haïti nouvelle qu'il s'est formé au Québec et nous sommes plus de 1000 personnes dans différentes régions qui se rencontrent régulièrement. Ce dont Haïti a besoin, c'est de bras et de cerveaux en ce moment. Nous travaillons entre autres à l'élaboration de plans pour la reconstruction du pays», signale Claude Bélizaire, en précisant que ce regroupement n'est pas un parti politique, mais plutôt un regroupement de ressources humaines et de compétences.
«Le peuple haïtien, en ce moment, a plus confiance en ceux qui n'ont pas une ambition politique en leur venant en aide», remarque M. Bélizaire, qui ajoute que le rapport du Groupe de réflexion et d'action pour une Haïti nouvelle devrait être publié très bientôt et est attendu des autorités haïtiennes.
«Pour le peuple, c'est d'une lenteur désespérante en ce moment là-bas. Il y en aura pour bien plus que dix ans à reconstruire le pays», croit Claude Bélizaire.
Générosité
Durant les semaines qui ont suivi le tremblement de terre, la population de la Mauricie et du Centre-du-Québec a fait parvenir plus de 80 000 $ au Comité de solidarité Trois-Rivières pour envoyer une aide d'urgence. «Les gens ont été très généreux, et les dons continuent de rentrer encore aujourd'hui», a remarqué Annie Lafontaine, membre du comité qui s'est récemment rendue en Haïti pour poursuivre la mission à laquelle l'organisme est associé.
Mme Lafontaine a eu l'occasion de constater à quel point la situation était toujours chaotique à Port-au-Prince, même six mois plus tard. Selon elle, l'inertie du gouvernement haïtien a mené à une absence de coordination des secours et de la reconstruction. «La Croix-Rouge veut bien bâtir, mais tout est encore encombré. Quand j'étais là-bas, je n'ai pratiquement pas vu de machinerie lourde. Le Canada a aussi sa part de responsabilité. On envoie des tanks en Afghanistan, je ne peux pas croire qu'on ne peut pas envoyer de tracteurs en Haïti», lance-t-elle.
La mission à laquelle participait Mme Lafontaine visait notamment à identifier les besoins les plus pressants pour venir en aide à un groupe luttant contre la violence faite aux femmes, dont les besoins urgents en logements. Selon elle, c'est surtout à ce niveau que les gens de la région peuvent continuer de s'impliquer: en appuyant les organismes de la société civile comme la Croix-Rouge et Développement et Paix.
http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/201007/15/01-4298404-dune-lenteur-desesperante.php

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