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mercredi 28 juillet 2010

Dans les sables mouvants de la bureaucratie


Michel Corbeil, Le Soleil
(Québec) C'était alors un cri du coeur des industriels québécois de la forêt. Mais leur projet pour aider à la reconstruction d'Haïti peine à sortir des sables mouvants de la bureaucratie et de la diplomatie.
En janvier, deux semaines après le violent séisme qui a fait plus de 250 000 morts et des centaines de milliers de sans-abri, les industriels de la forêt du Québec ont déclaré vouloir faire leur part. Ils expédieraient 2000 maisons préfabriquées.
Le bois d'oeuvre serait offert gratuitement; les pièces, usinées sans prendre un sou de profit; Ottawa et Québec s'occuperaient du transport du matériel. Les gouvernements paieraient une quarantaine de millions $; les industriels allongeraient 5 millions $.
Six mois et demi après le tremblement de terre, les promoteurs québécois ne savent pas à quoi s'en tenir avec leur proposition d'aide humanitaire. Aucune date n'est avancée pour expédier les maisons. L'Agence canadienne de développement international (ACDI) n'accorde pas d'entrevue parce que «l'ACDI ne commente pas l'état des demandes».
«On sent qu'on n'est pas sur du solide», fait savoir Guy Chevrette, le pdg du Conseil de l'industrie forestière du Québec. «Je ne pensais jamais que ça traînerait aussi longtemps.»

Déçu des lenteurs
M. Chevrette est déçu des lenteurs, mais il «comprend». La Commission internationale de reconstruction d'Haïti est une énorme affaire, qui doit coordonner avec un tact diplomatique des projets de partout à travers le monde, représentant entre 10 et 15 milliards $ en aide.
«On comprend qu'il y a des urgences, à court terme, concède le pdg Guy Chevrette. (...) Et il n'y a pas juste ça. Il y a aussi le fait que le gouvernement haïtien est décimé», au niveau des politiques comme des fonctionnaires.
Pierre Giguère, de Développement international Desjardins, devenu un des partenaires du projet de maisons en bois, est lui aussi désappointé «par les atermoiements pour l'aide internationale. Je comprends le désir des Haïtiens d'avoir la mainmise sur l'aide. Mais (je suis déçu) parce que le temps passe.»
L'idée a surgi de façon spontanée chez les industriels d'ici, devant les images de la dévastation qui a frappé la Perle des Antilles. La crainte, c'est que l'élan se perde. Déjà, il n'est plus question d'assembler 2000 maisons d'un coup, confirme M. Chevrette. Le projet démarrera par phase de 500 demeures, un don de 25 millions $, la majorité par Ottawa, le cinquième par le Conseil de l'industrie forestière, Desjardins et l'organisme d'aide internationale Socodevi.
Guy Chevrette se garde de préciser qu'il y a une date de péremption sur l'offre formulée par les membres du Conseil. «On ne veut pas la retirer, on va aller au bout de la procédure», dit-il avant d'ajouter que «si ça ne donne rien, on abandonnera».
«On continue de garder espoir», souligne Pierre Giguère, en insistant sur la nature de ce qui est offert : de véritables demeures. Les responsables haïtiens ont bien accueilli l'idée québécoise parce qu'elle veut «rejoindre la classe moyenne basse», en misant sur une «approche coopérative» pour «reconstruire des communautés».
«À date», rappelle M. Giguère, ce sont des abris «temporaires» qui sont proposés par la majorité des pays. Nécessaires, dans l'immédiat, ces constructions menacent d'être des «taudis dans trois, quatre ans» où «les gens resteront, faute de mieux».
Le projet de maisons en bois est destiné à deux villes. Jacmel est situé dans le sud-ouest de l'île; Léogâne, dans le centre-ouest. C'est dans cette dernière que se trouvait l'épicentre du tremblement de terre.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/affaires/actualite-economique/201007/27/01-4301804-dans-les-sables-mouvants-de-la-bureaucratie.php

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