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lundi 19 avril 2010

Haïti-Reportage: « Regarde où je vis»

Les averses quasi-quotidiennes, le manque d'un abri sûr et sécuritaire, l'éventualité d'expulsions arbitraires de terrains affermés et les difficultés d'accès à l'éducation pour leurs enfants, sont autant de préoccupations des déplacés du camp KID (Le « camp Kid » compte environ 400 familles totalisant près de 2000 personnes), situé à l'entrée de la rue Christ-Roi. Lors d'une visite d'une équipe du GARR le 14 avril, des occupants-tes ont fait part de leurs inquiétudes et attentes. 

«Regarde ou je vis» 
«Il n'y a de l'espace que pour mon lit. J'ai avec moi mon petit-fils, orphelin. On nous a sauvés sous les décombres. Maintenant, il a peur de la pluie. Quand il fait mauvais temps, il pleure et me demande si nous allons mourir», a confié Jeanne, une sexagénaire en montrant du doigt sa maisonnette envahie par la boue. «Si l'Etat entamait le déblaiement de ma maison et démolissait les maisons endommagées alentour, je pourrais retourner chez moi», a-t-elle ajouté. 
De même que Jeanne, une autre résidente a exprimé son souhait de laisser le camp, mais sa maison a été détruite et elle n'est plus en mesure de la faire reconstruire, a-t-elle expliqué. «Si L'Etat pouvait me prêter un peu d'argent pour reconstruire ma maison et entamer une activité commerciale avec des conditions raisonnables de remboursement, je m'efforcerais de remettre l'argent et de reprendre une vie normale», a-t-elle affirmé. 
Par ailleurs, dans un autre secteur du camp, un groupe discutait vivement de cas de saisie arbitraire de terrains affermés dans la zone de Christ-Roi. Sans avertissement, sans tenir compte du délai d'expiration du contrat d'affermage, «des propriétaires s'arrogent le droit de s'installer sur des propriétés qu'ils avaient affermées», a critiqué le groupe. «Le terrain où j'habitais avant le tremblement de terre, je l'occupe depuis 35 ans ; c'est un terrain que j‘ai affermé pour un montant de 250 gourdes. Comment un quelconque propriétaire peut-il venir et saisir ces terres», s'est demandé un sexagénaire devant son étalage de clairin. 
D'un autre côté, des parents ont affirmé qu'ils ne sont pas en mesure d'envoyer leurs enfants à l'école alors que les activités scolaires ont repris depuis 2 semaines à Port-au-Prince. «Je vendais au marché «anba». J'ai perdu toutes mes marchandises. Je n'ai aucun moyen d'envoyer mes enfants à l'école», s'est lamentée une mère de famille. «Et les enfants qui sont devenus orphelins après le séisme, que vont-ils devenir ? Que prévoit l'Etat haïtien pour leur éducation ?», s'est-elle questionnée. 
Quant au processus de déplacement des sans-abri entamé par le gouvernement haïtien, il suscite de grandes inquiétudes chez des occupants-tes du «camp KID» qui craignent un délogement forcé du jour au lendemain. Ils ont fait savoir qu'ils ne souhaitent nullement se rendre à Corail (premier camp de relocalisation des sans-abri), un endroit qu'ils qualifient d'«isolé». 
Haïti: Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés GAAR /N/ Radio Métropole Haïti

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