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mercredi 3 mars 2010

Haïti-Séisme : Quand Port-au-Prince attire de nouveau les déplacés en province

Par Wooldy Edson Louidor

P-au-P., 01 mars 2010 [AlterPresse] --- Des familles, qui s’étaient déplacées vers les villes de province suite au séisme du 12 janvier, reviennent progressivement à Port-au-Prince, en vue de se préparer pour une éventuelle réouverture des classes au cours du mois de mars, suivant des témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.

Des parents sont obligés de revenir avec leurs enfants à la capitale, où les conditions de vie deviennent plus dures et où les établissements scolaires sont confrontés à de grandes difficultés pour rouvrir leurs portes.

« Je ne veux pas perdre l’année académique »

« Les classes vont rouvrir en mars et je suis en Rhéto, donc je dois préparer mes examens de Baccalauréat I ; c’est pour cela que ma mère et moi, sommes revenus ici », explique une jeune de 23 ans, qui habite à Cité Saint-Phard (située à l’intérieur de Delmas 31, secteur nord).

« Je ne veux pas perdre l’année académique », insiste la jeune écolière, qui vient d’arriver de Petit-Trou de Nippes (dans le département des Nippes, au sud du pays).

« Ma s½ur ramènera également à Port-au-Prince, au cours de la fin de semaine, ses deux enfants pour qu’ils continuent leurs études dans la même école où ceux-ci ont initié l’année académique », informe-t-elle.

Toute sa famille, à l’instar de beaucoup d’autres, avait quitté la Capitale à la suite du séisme pour se réfugier dans sa communauté d’origine, Petit-Trou de Nippes, qui lui offre très peu d’opportunités en termes d’emplois ou de services de base, tels que l’éducation et la santé.

« Beaucoup de gens, environ 2000 personnes, sont arrivés là-bas après le tremblement de terre », indique -t-elle, avec un sceau d’eau sur la tête et les vêtements mouillés.

« Je vends au marché et mes deux s½urs cherchent du travail dans les usines de sous-traitance »

« Nous ne faisions rien à Petit-Trou de Nippes, et les enfants doivent retourner à l’école en mars », affirme la mère, qui s’est entretenue avec AlterPresse au marché de Delmas 31 où elle est commerçante.

« On a dû quitter Petit-Trou de Nippes, mes deux s½urs cherchent actuellement du travail dans les usines de sous-traitance, alors que moi je vends des vivres alimentaires et des fruits citriques au marché (de Delmas 31) pour soutenir ma famille », explique-t-elle.

Elle se dit « chanceuse » d’avoir encore un toit après la puissante secousse tellurique du 12 janvier, qui a détruit ou endommager plus de 295.000 maisons.

« D’autres familles qui vivaient à Cité Saint-Phard n’ont pas où habiter maintenant, parce que leurs maisons ont été totalement détruites par le tremblement de terre », ajoute-t-elle.

Elle se plaint que « les choses ne vont pas bien au marché, parce que les gens sont plus occupés à chercher de l’aide humanitaire, au lieu de s’acheter ce dont ils ont besoin ».

Des mesures d’accompagnement indispensables

Dans le cadre de la réouverture des classes, des mesures d’accompagnement se révèlent indispensables pour aider les parents des écoliers déplacés à intégrer ceux-ci dans les établissements des villes de province.

« Que faire avec les bachelières et bacheliers déplacés qui doivent préparer leurs examens officiels s’il n’y a pas d’écoles de niveau secondaire dans leurs communautés d’accueil ? », se demande une militante féministe originaire de Petit-Trou de Nippes, interrogée par AlterPresse.

Dans cette région, « les bachelières et bacheliers déplacés devront se rendre à Miragoâne ou à Anse-à-Veau, les deux villes les plus proches, pour poursuivre leurs études secondaires », explique la militante qui travaille à Port-au-Prince.

Beaucoup de parents, soucieux de l’éducation de leurs enfants, préfèrent revenir avec eux à la capitale.

À rappeler qu’environ 600.000 personnes s’étaient déplacées vers les villes de province suite au séisme, selon les chiffres officiels.

Le gouvernement avait encouragé ce déplacement massif, en mettant des autobus à la disposition des familles affectées.

« Après le tremblement de terre, presque tous mes parents et proches se sont rendus à Petit-Trou de Nippes », témoigne la militante.

« Cependant, bon nombre d’entre eux font actuellement la navette entre Petit-Trou de Nippes et Port-au-Prince, où elles viennent chercher de l’aide humanitaire, fortement concentrée dans la capitale haïtienne, pour partager avec ceux qui restent encore là-bas », ajoute-t-elle. [wel gp apr 01/03/2010 09 :00]

http://www.alterpresse.org/spip.php?article9312

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