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vendredi 5 mars 2010

Haiti : La situation dans les camps de fortune

Quelle est la situation des personnes vivant dans les camps de fortune ? Un rapport publié par le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) parle d'insécurité, de violences sexuelles et même sorcellerie, en voici un extrait...
Le soir du séisme du 12 janvier 2010, la population des zones affectées a investi les rues, les places publiques, les espaces vides ainsi que les centres sportifs dans le but d'éviter les vestiges des édifices menaçant à tout moment de tomber. Petit à petit, des camps se sont constitués. Aujourd'hui, le pays compte au moins mille cinquante-trois (1.053) camps.
Plusieurs camps sont gérés par des comités qui y assurent, autant que possible la cohabitation journalière incluant les règles d'utilisation des toilettes et des douches communes, le nettoyage des camps, la représentation du camp auprès des organisations non gouvernementales lors des distributions. Le nombre de familles qui y vivent, le nombre de femmes enceintes et le nombre d'enfants sont recensés par ces comités qui y effectuent un travail énorme.

1.Insécurité au sein des camps
La sécurité au niveau des camps est généralement assurée par la PNH, parfois appuyée par les agents des Forces Armées Américaines ou des agents de la force onusienne présente en Haïti. Ils opèrent à travers des patrouilles fixes placées aux alentours des camps. Parallèlement, les comités de gestion des camps ont mis sur pied des brigades de surveillance chargées d'assurer la sécurité interne de ces camps. Il faut cependant signaler que certains camps sont livrés à eux-mêmes en matière de sécurité. Tel est le cas des camps de la Place Sainte Rose de Léogane, des Frères Louis Borno de Léogane, de Larame de Bizoton et de Diquini. Selon les occupants du camp de la place du Mausolée de Dessalines, située en face de l'ancien Palais de Justice de Port-au-Prince, les agents des forces armées américaines assuraient leur sécurité. Cependant, depuis la première semaine du mois de février, ces agents ont abandonné le camp, livrant la population aux exactions de toutes sortes.

2.Violences sexuelles
A l'intérieur des camps, les cas de violences sexuelles et de violences sexo-spécifiques sont fréquemment dénoncés malgré le fait qu'ils soient difficilement documentés. Pour la période allant du 13 janvier 2010 au 24 février 2010, au moins dix-neuf (19) cas de viols ont été recensés par le RNDDH.

3.Sorcellerie
Parallèlement, les mères et pères de famille occupant les camps se plaignent de l'absence du courant électrique, ce qui favorise le phénomène de la sorcellerie. Il est rapporté que le soir, des enfants en bas âge ont du mal à dormir alors que d'autres tombent malades. De plus, des animaux tels que des chiens, des poules, des cochons, des couleuvres, rodant autour des camps, attaquent au cours de la nuit, les nouveau-nés, les femmes enceintes, les enfants en bas âge. Si certaines personnes en âge avancé, persécutées par la population, sont arrêtées pour sorcellerie et conduites dans les commissariats, d'autres sont purement et simplement lynchées par la population. Au moins deux (2) cas de lynchage respectivement à Carrefour et à Delmas ont été rapportés au RNDDH.

4. Environnement des camps
Plusieurs camps sont dépourvus de tentes, portant leurs occupants à construire des taudis en toiles, en tôles, en bois ou en prélarts. L'image présentée est aussi hideuse que grotesque. Les personnes vivant dans les camps font face à plusieurs problèmes d'ordre hygiénique tels que : insalubrité, odeur nauséabonde, eaux stagnantes, etc. Des latrines mobiles installées par des institutions telles que Jordan Entreprise Development Corporation (JEDCO), Action Contre la Faim (ACF), Pyramid, sont placés dans plusieurs camps. Si au début, la population se plaignait du manque de latrines, force est de constater qu'aujourd'hui, le nombre a considérablement augmenté. Cependant, le nettoyage de certaines de ces installations ne se fait pas sur une base régulière, provoquant ainsi le dégagement d'une odeur pestilentielle. De plus, les latrines mal utilisées, sont sales et repoussantes.

Les victimes, tous sexes confondus, prennent leur bain en plein air, sans intimité aucune, faute d'installations sanitaires destinées à cet effet. Pour la cuisson des aliments, nombreuses sont les familles qui utilisent le bois, affectant davantage l'environnement du pays déjà précaire. Les eaux ménagères utilisées par les familles sont non drainées, constituant des nappes stagnantes générant des insectes dont des moustiques provoquant des maladies contagieuses telles que la malaria. De plus, la Lucilia sericata, connue encore sous le nom de Mouche Verte, dont la larve joue un rôle important dans l'élimination des cadavres, propage des microbes hautement nocifs pour la santé.

5.Distribution de l'aide humanitaire
Dans un premier temps, la distribution de l'aide avait du mal à être coordonnée au point que les forces onusiennes et américaines héliportées ont choisi de lâcher les kits alimentaires aux victimes du séisme, dans un désordre généralisé.

Lorsqu'il a fallu se pencher sur la meilleure méthode de distribution de l'aide, plusieurs organisations internationales ont introduit la technique des cartes annexée généralement au choix des personnes, basé sur le sexe, avec une préférence féminine. En ce sens, des cartes sont distribuées aux victimes la veille ou le jour-même de la distribution.

Cependant, cette distribution de cartes se fait n'importe où, n'importe quand, le plus souvent hors des camps, dans l'opacité la plus totale, sans coordination et sans planification aucune. Les distributeurs varient : il peut s'agir d'agents de la PNH, d'employés des mairies et de membres des comités de gestion des camps, dans une moindre mesure.

L'aide humanitaire varie. Certaines organisations offrent des kits de nourriture alors que d'autres distribuent des kits hygiéniques, des trousses de premiers soins, des ustensiles de cuisine, des couvertures plastiques, des tentes, des vêtements et chaussures, etc. La nourriture est octroyée cuite ou crue aux occupants des camps. En effet, certaines fois, les victimes du séisme reçoivent des plats chauds chaque jour alors que d'autres obtiennent des aliments crus pour préparer eux-mêmes leur nourriture.

Le RNDDH tient à préciser toutefois que si la distribution des cartes se fait dans la confusion, l'aide humanitaire, pour sa part, est aujourd'hui attribuée avec facilité et dans la discipline.

Pour lire le rapport complet visiter http://www.rnddh.org/IMG/pdf/Seisme__du_12_janvier_2010._Rap___2.pdf

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