Il était en effet trop facilement repérable. Sa forte corpulence contrastait de façon grandiloquente avec le gabarit plutôt moyen des autres membres de la bande. Son teint très foncé se noyait aisément dans la pénombre voulue et provoquée pour l’occasion.
Certains habitués de ce genre de spectacle, l’avait déjà remarqué. Au moins une fois. Dans une autre salle. Sur une autre scène. Avec un autre groupe. Il était trop visible pour ne pas être vu. Il se faisait appelé « Black Easy » et il véhiculait comme carte de visite un sourire franc et large, enfantin et insouciant, souvent poupin.
Il sera difficile d’évaluer l’impact de sa présence au sein du groupe comme nouveau venu, pour la préparation et la mise en confiance. Mais comment imaginer le contraire puisqu’il était déjà venu dans la ville phocéenne avec Mass Compas de Gracia Delva !
En plein concert, il lui fut confié la mission de réciter une sorte de « litanie » en créole dont seuls les initiés pouvait s’arroger le droit d’exhiber des vertus qui les permettaient de détailler, comprendre et intégrer les contenus.
L’essentiel du discours consistait de la conjonction de villes et cités de plusieurs localités géographiques comme les Antilles, l’Europe, les états Unis d’Amérique, le Canada et Haïti. Black Easy retraçait l’itinéraire chargé à venir du groupe « KREZI MIZIK »
Oui, nous faisons allusion à la superbe prestation de « KREZI MIZIK » du 14 novembre dernier au Florida Palace de Marseille, lors d’une soirée organisée par l’incontournable « BAZE CREOLE ».
Avec un brin de recul, tous ceux qui se sont retrouvés proches ou dans les coulisses de l’organisation de la première réception de KREZI MIZIK à Marseille, ont vite fait d’expulser un OUF !... de soulagement l’énorme qualité de la prestation offerte par David DUPOUX et son groupe.
Tout le monde, avant l’heure H avait retenu leur souffle et fermer les yeux devant ces images de spectre de désastre à venir qu’alimentaient les rumeurs et des vérités autour de la réalité confuse gravitant les sphères de l’existence même du groupe.
Dès la signature du contrat pour la présentation du 14 novembre, une seule question retentissait avec une résonnance somme toute désagréable dans les oreilles des organisateurs et des fins connaisseurs des talents de ceux qui pérennisent la qualité du rythme créé par Nemours Jean Baptiste.
Il fut et il a été bien question du chanteur-vedette et la vedette du groupe : Monsieur Michael Benjamin !
En fait une rupture venait juste de se matérialiser et se concrétiser entre Mika et KREZI MIZIK. Le divorce, comme on dit, était bien consommé. Ce n’était point des rumeurs. Ce fut la réalité du quotidien du groupe. La presse spécialisée en parlait et en faisait des unes et de belles manchettes.
Cependant, certains caressaient encore un vœu pieux, un espoir insensé d’un arrangement pour une dernière tournée.
Les jours défilaient vite. Trop vite. Les nouvelles se faisaient de moins en moins rassurantes. Qui pis est, en Haïti, l’actualité de la farandole se concentrait sur la sortie d’un album-solo de Mika Benjamin. Il y eut même un évènement type radio-crochet intitulé « Chante comme Mika » ce genre de promotion massive qui souvent permet une réception conséquente du public.
Il faut dire que l’on accordait peu ou pas d’attention à ce qui se passait au sein du groupe KREZI dont les responsables s’attelaient au travail comme dans une ruche, pour assurer une pérennité à KREZI MIZIK après Mika ; une vie à l’essence et à l’âme de ce groupe sans Mika Benjamin.
Le recrutement de Jean Danis Vilaire (Black Easy) et de Clersainvil Tchoopy, deux musiciens de Mass Compas de Gracia Delva ; l’embauchage de James Clermont (James C) et de Stanley Georges (Stan G) s’insèrent dans cette lignée et répondent à cette philosophie. Ce fut une preuve palpable et incontournable de la volonté herculéenne de la direction de KREZI MIZIK d’appliquer et de rester fidèle à sa philosophie dont l’approche se résume dans cette réplique créole qui se chante a travers les paroles d’un merengue carnavalesque : « You solda ki tonbe, paka detwi you lame » (La mort d’un soldat ne saurait détruire une armée).
Pour maintenir le suspense jusqu’à la dernière minute, les dernières nouvelles diffusées sur les différents forums de discussion consultables sur le net, faisaient circuler, comme un coup de grâce, la rumeur qui voudrait faire croire à une interdiction imposée par l’équipe dissidente de Mika Benjamin au groupe d’utiliser le patronyme « KREZI MIZIK ». Ceci aura été, bien entendu, démenti par une voix autorisée proche des relations publiques du groupe.
Le jour J arriva. KREZI MIZIK aussi. Sans surprise. Sans Mika Benjamin. Les musiciens, sous la baguette de leur Leader, transpirèrent une quiétude et un calme contagieux. Ils semblaient être tous très sereins. Une sérénité que l’on aurait tort à attribuer à une naïveté proche du je-m’en-foutisme local.
Ce fut surtout le reflet d’une assurance basée sur l’expertise et la qualité du groupe.
Petit à petit, la salle principale du Florida Palace, vrai temple du « KONPA LIVE » s’emplit. Marseille aujourd’hui est le scénario d’une rude concurrence entre les organisateurs de soirées dansantes à thématique antillaise. A un public stable en nombre une flopée de soirées est offerte pour une même date. Cette concurrence prend souvent la forme d’une rivalité parfois méchante et déloyale. Toute la force et l’originalité de BAZE CREOLE résident dans le choix de présenter de vrais CONCERTS, faisant intervenir ce qui se fait de mieux dans l’univers du ZOUK et du KONPA DIRECT. Faire prévaloir la qualité sur la quantité reste un aspect philosophique essentiel et incontournable définissant la manœuvre de cette organisation.
Autour de minuit, après quelques mots de bienvenue, le groupe dirigé par David DUPOUX s’installa et occupa la scène. Juste l’espace des toutes premières notes et voilà le public conquis à la cause, dans un mariage sympathique mélangeant talent, performance, rythme, musicalité, intensité et animation.
Pendant plus de cinq heures, KREZI MIZIK allait faire le délice d’un public fin-connaisseur avec une prestation d’une très haute facture.
Une très belle performance pour enrichir les annales de BAZE CREOLE. Marseille, une ville qui a l’habitude de vibrer sous les coups de butoir rythmique de groupes archiconnus comme CARIMI, T-VICE ZENGLEN, SKAH-SHAH, TABOU COMBO, MASS KOMPA, de par l’intensité de l’harmonie canalisée a travers sa grande réceptivité a du remodifier sa hiérarchie.
Dave Dupoux, sans le dire, dona donc aux fans du KONPA, une réponse sonnante rythmée et cadencée à la question qui pendant de longs mois occupa les esprits. OUI, KREZIMIZIK existe bien sans et après Mika Benjamin.
Il était difficile de réaliser et d’admettre que les deux jeunes chanteurs qui ont interprété magistralement et avec brio les plus grands tubes du groupe venaient juste de l’intégrer.
Dans leur répertoire, les clins d’œil aux moins jeunes furent acceptés et acclamés avec une satisfaction non dissimulée.
Comment ne pas se sentir bien et imprégné d’un drôle de tendresse, quand on a mon âge ( ?) au son du « KONPA MANBA » de l’immortel et éternel KOUPE CLOUE interprété par KREZIN MIZIK.
Toute notre enfance insouciante et heureuse, notre jeunesse dénudée de toute préoccupation fondamentaliste se défilèrent devant nous, et nous voilà dans les rues de Port-au-Prince en ébullition sous les millions de savates de « carnavaliers » en délire, sur les chemins de Camp Perrin pendant les soirées de fêtes champêtres…
La magie de ce retour vers un passé si présent, vers le fameux bon vieux temps, quelques mots, une musique et une voix qui entonne : « la pli tonbe souvan, solèy leve tou lè jou, mwen leve maten-an, mwen jwenn jaden kè-m fleri ; mwen fomè you joli boukè, le plus jolies fleurs du jardin, la rose et le muguet, fleur de soleil chevalier de nuit… »
Les réminiscences revinrent plus tard avec une interprétation de mains de maître d’un « Mian-Mian »
Ce fut plus de cinq heure de communion avec un public qui chanta, bougea, dansa et communia avec les classiques de KREZI MIZIK.
On comprend fort bien que le groupe étale un agenda aussi chargé e plus que complet jusqu’à cette fin d’année. Et pour un groupe que l’on présentait comme craquelé, moribond, désaxé, c’est plutôt pas mal.
Dans l’euphorie d’une soirée réussite il convient de faire grâce d’un vrai coup de chapeau à BAZE CREOLE qui, encore une fois renforça son concept, toujours fidèle à sa philosophie, en élargissant la liste et le catalogue des grandes performances et de grandes présentations de soirées-concerts « LIVE » ou le groupe KREZI MIZIK occupe désormais une place de choix.
Une gentille conversation avec une voix autorisée proche du groupe nous avait permis d’élucider ou de discuter certains éléments de confusion autour de l’actualité du groupe.
Contre les langues fourchues et leurs venins, contre les esprits animés de mauvaise foi la meilleure réponse restera toujours celle de la performance basée sur le travail et la persévérance. Une performance d’une telle facture sert à rompre les lignes et bouleverser les hiérarchies.
BRAVO BAZE CREOLE…BRAVO KREZI MIZIK !
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 21 décembre 2009
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