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mercredi 20 août 2008

Fellinga: "Situer Haïti sur la carte"

La vie de Lesley Fellinga ressemble à l'une de ces histoires que l'on ne trouve que dans les livres... ou dans le football. Après avoir relevé un à un les nombreux défis de sa jeune existence, il s'apprête à affronter un nouveau challenge, en éliminatoires de la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010.
Humble et affable, le joueur du SC Heerenveen narre à FIFA.com les détails insolites de son arrivée aux Pays-Bas, son pays adoptif, et de sa convocation inattendue dans l'équipe nationale de son île natale. Il évoque également son bonheur de pouvoir apporter un peu d'allégresse à ses compatriotes.
"Une chance incroyable"Le parcours de Fellinga jusqu'ici pourrait se résumer en un principe fondamental : quand une chance se présente, il faut savoir la saisir. "Je suis arrivé aux Pays-Bas à l'âge de cinq mois. J'ai eu une chance incroyable car j'ai été adopté par des parents merveilleux, qui ont un cœur énorme. C'est un honneur pour moi de pouvoir vivre dans ce pays. La plupart de mes compatriotes n'ont pas ce genre d'opportunités. Leur vie est très différente."
Il commence très jeune à taper dans le ballon rond, passe-temps et passion dans lesquels il montre des aptitudes bien supérieures à la moyenne. C'est grâce à cela qu'il est repéré par le club de Groningue. Il joue ensuite à Veendam, avant de rejoindre Heerenveen, sa formation actuelle. Comme pour tout footballeur de classe internationale, arrive la première convocation pour jouer en sélection. Dans le cas de Fellinga, la chose s'est passée de façon quelque peu singulière.
"C'est assez drôle. Un jour, j'étais assis en classe à côté d'un camarade contre qui j'avais déjà joué plusieurs fois. Je ne savais pas qu'il était d'origine haïtienne. En discutant, il me dit qu'il a été contacté par la Fédération. Il a alors parlé de moi aux dirigeants du football national, qui m'ont appelé pour faire un essai. Ils ont été satisfaits et depuis, je joue en équipe d'Haïti", poursuit-il en rigolant.
Ma première impression lorsque je suis arrivé sur l'île a été de me sentir chez moi, comme dans mon pays natal
Lesley Fellinga, à propos de sa première visite à Haïti
Le cœur de Fellinga est donc partagé entre deux nations, situation pas toujours bien vécue par les personnes concernées. Ce n'est pas le cas du défenseur haïtien. "La première fois que je suis allé en Haïti, j'avais déjà vécu pendant de nombreuses années aux Pays-Bas. Ma première impression lorsque je suis arrivé sur l'île a été de me sentir chez moi, comme dans mon pays natal. Les gens là-bas sont très chaleureux, très conviviaux. J'adore retrouver cette atmosphère chaque fois que j'y retourne", explique-t-il.
Le moment de véritéPour Fellinga comme pour des millions d'Haïtiens, le futur proche est placé sous le signe d'un rendez-vous attendu avec un mélange d'impatience et d'anxiété : le début de la phase des groupes des éliminatoires d'Afrique du Sud 2010. Pour son entrée en lice, Haïti sera opposée au Suriname. La sélection dirigée par Wagneau Eloi est prête à relever le défi. "Nul doute que ces matches de qualification vont être les plus importants de ma carrière à ce jour. Pour nous, en tant qu'Haïtiens, il serait formidable de se qualifier pour cette Coupe du Monde. Nos ancêtres vivaient en Afrique. Vu que le Mondial se déroule en Afrique du Sud, ce serait l'occasion pour nous de visiter la terre de nos ancêtres."
Comment se passe la cohabitation avec ses partenaires ? Le fait d'avoir grandi dans des milieux complètement différents affecte-t-il ses relations avec eux ? "Non, pas du tout. L'ambiance au sein de l'équipe est excellente. De plus, je parle le français, que j'ai appris à l'école, ainsi que le créole. Je lis des livres dans les deux langues et quand je ne connais pas un mot, je regarde dans le dictionnaire."
Aux Antilles, il fait très chaud. Vous ne pouvez pas tenir un rythme très élevé pendant 90 minutes. Par conséquent, nous prenons notre temps et nous attaquons en essayant de nous appliquer
Lesley Fellinga, à propos du jeu haïtien
Si la motivation des joueurs haïtiens est au plus haut, qu'en est-il du niveau de jeu de la formation entraînée par l'ancien Lensois ? "Le coach a fait toute sa carrière en Europe et plusieurs d'entre nous évoluent dans les divers championnats du Vieux Continent. Nous pratiquons un 4-3-3. Aux Antilles, il fait très chaud. Vous ne pouvez pas tenir un rythme très élevé pendant 90 minutes. Par conséquent, nous prenons notre temps et nous attaquons en essayant de nous appliquer. Par contre, nous nous battons sur tous les ballons."
La combativité est effectivement l'une des qualités premières du peuple haïtien, l'un des plus pauvres du monde, pour lequel la sélection nationale est une source de fierté et de passion. "Nous avons le devoir de situer Haïti sur la carte", affirme-t-il avec conviction. "C'est un pays merveilleux, mais qui souffre trop. Malgré cela, les gens adorent le football. C'est pour cela que nous avons une grosse responsabilité, qui est d'offrir un maximum de bonheur à ces supporters fantastiques."
Le carnet de route de Fellinga et de ses compères est donc bien rempli : battre le Suriname, avant de se mesurer aux cadors d'Amérique Centrale, le Costa Rica et le Salvador ; des priorités professionnelles d'une telle importance qu'elles relèguent momentanément les objectifs personnels du jeune homme au second plan. "Je suis célibataire et je n'ai pas d'enfants. Pour tout vous dire, je n'ai vraiment pas de temps pour ça en ce moment. Une fois que tout cela se sera un peu tassé, je penserai à chercher une compagne avec qui faire ma vie", conclut-il avec la bonne humeur qui ne l'a jamais quitté durant l'entretien.
http://fr.fifa.com/worldcup/news/newsid=851499.html#fellinga+situer+haiti+carte

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