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mercredi 14 mai 2008

Désastre annoncé, riverains effrayés

Les séquelles laissées par le cyclone Noël qui a frappé durement Haïti l'automne dernier se font encore sentir à Babako, une localité située à Ganthier. Là-bas, des dizaines de familles traumatisées y vivent dans la crainte de périr lors de la prochaine averse. Si rien n'est fait.
Alors qu'on s'approche de la saison pluvieuse, aucune disposition préventive n'a encore été prise à Babako, une localité vulnérable située à Ganthier, dans la 2e section communale de Balan, où des pertes considérables ont été enregistrées après le passage de la tempête tropicale Noël en octobre 2007.
Une maison abandonnée après avoir été inondée l'automne dernier (Photo: Francis Concite)
Des maisons endommagées, des jardins ravagés, des têtes de bétail emportées et une source naturelle d'eau polluée, voire même comblée, par les eaux en furie, tels ont été les principaux dégâts enregistrés à l'époque dans cette petite localité qui, oubliée des pouvoirs publics, risque d'être le théâtre d'une autre tragédie en cas de forte pluie.
Ces maisonettes ne pourront pas résister à la force des eaux en furie de la ravine (Photo: Francis Concite)
Chose certaine, les conditions sont réunies pour que cette zone soit dévastée lors de pluies diluviennes. La population est menacée surtout par sa proximité à une ravine sèche qui, à chaque pluie consistante, se transforme instantanément en rivière furieuse qui gruge le sol au risque d'emporter les maisons construites sur son parcours.
Les habitants s'inquiètent aussi de la rivière Blanche dont les travaux de débalayage viennent de démarrer sur une longueur d'un kilomètre et demi seulement, sans aucun travail de gabionnage. Alors que cette rivière, selon les riverains, est la principale cause de leur malheur. « Les travailleurs du ministère des Travaux publics, Transports et Communications s'amusent à faire des coups d'épée dans l'eau », estime un membre du Cercle des Ganthiérois, un organe de réflexion pour le développement de la commune, invitant les responsables à s'attaquer aux vrais problèmes. « La rivière doit être curée et il faut y mettre du gabion, dit-il.
A chaque pluie consistante, cette ravine se transforme instantanément en rivière fugueuse

On doit penser aussi aux gens de Bois-Léger qui vivent également sous la menace de la rivière. » En ce qui a trait au pont de Bonnette, dont l'état de délabrement n'est plus à démonter, rien n'a été encore fait. Endommagé lors des inondations provoquées par la tempête Noël, ce pont risque à tout moment de s'effondrer. Autre menace pour Babako, la coupe arnachique des arbres, qui se fait à grande échelle - et à un rythme accéléré - dans la zone. Les habitants, livrés à eux-mêmes, disent n'avoir pas d'autres choix car « les bouches à nourrir sont nombreuses ». Encore là, il n'y a aucun contrôle de la part des autorités municipales ou autres.
Des riverains effrayés« Je suis très inquiète, dit Sylvia Noré, une victime de Noël qui ne cesse d'en appeller aux autorités centrales afin que celles-ci puissent enfin voler au secours des dizaines de familles sinistrées de Babako. La saison pluvieuse arrive à grands pas mais les responsables sont désespérément absents de la zone.
Ici, nous n'avons même pas d'eau potable. C'est comme s'ils voulaient nous laisser mourir tous ! »Critiquant, lui aussi, le comportement de l'Etat central, le maire de Ganthier, Ralph Lapointe, dit éprouver une certaine peur vis-à-vis de la situation qui se présente dans certaines zones vulnérables de sa commune.
Vue patielle de la ravine qui gruge le sol au risque d'emporter des maisonnettes dont celle-ci (Photo: Francis Concite)

« Les habitants de Babako sont très menacés », reconnaît-il. Mais avec les faibles moyens de la mairie, déplore M. Lapointe, on ne peut pas faire grand-chose nous-mêmes. Il rappelle que, l'automne dernier, les sinistrés n'avaient bénéficié d'aide humanitaire que de la part la Fondation haïtienne d'aide aux collectivités territoriales. « Des vivres alimentaires seulement », se souvient-il.
Pour l'instant, un projet visant à déblayer la source naturelle d'eau a été présenté par le conseil municipal au ministre de l'Intérieur et des collectivités territoriales. «
Avant la saison pluvieuse, nous envisageons de créer une structure de protection civile à Ganthier », conclut le maire, avant de rappeler que seuls le reboisement et la gestion des bassins versants permettront d'éviter de lourds dégâts la prochaine fois.

Victor Jean Junior

victorjeanjunior@lenouvelliste.com

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