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mardi 4 mars 2008

Vaudou : au-delà du mythe

Le culte vaudou, au même titre que la sorcellerie et la magie noire, est souvent associé à des histoires de sacrifices et de potions magiques qui ont inspiré bien des films d'horreur et des romans d'épouvante.
Mais pour des milliers de disciples, ces pratiques appartiennent à la vie quotidienne. Le vaudou est-il aussi maléfique que certains le laissent entendre ?
Poupées vaudous, sacrifices d'animaux, sortilèges et zombis, le portrait du culte vaudou inspire souvent la crainte et les préjugés. L'association des étudiants antillais de l'Université Laval (l'AÉAUL) veut lever le voile sur cette religion méconnue. C'est pourquoi, le 16 février dernier, devant une salle comble, une soirée de démystification du culte vaudou a eu lieu au musée de la civilisation.
Selon Charles Leconte, président de l'AÉAUL, le culte vaudou est perçu d'une manière négative en raison de l'aura de mystère qui l'entoure. « L'aspect secret du culte vient directement du fait que sa pratique a été refoulée et diabolisée par la religion catholique. Les adeptes du vaudou (ou les vaudouisants) n'ont jamais pu pratiquer leur religion au grand jour. De là sont nés de nombreux mythes tels que les sacrifices humains et les histoires de zombification », précise-t-il.
Le vaudou tire son origine de l'Afrique, sur les rives du fleuve Mono qui sépare le Togo du Bénin. Il s'est par la suite développé en Haïti où les esclaves, la nuit tombée, entonnaient des chants et exécutaient des danses endiablées. « Le vaudou est véritablement né dans les champs de coton et de cannes à sucre. Pour les esclaves, ce culte était un lieu de refuge, un endroit où ils pouvaient se ressourcer », explique Michaël Deejtens, organisateur de la soirée de démystification et membre de l'AÉAUL

Comme le créole, le vaudou est un langage secret dont les esclaves se servaient entre eux pour communiquer et pour retrouver un peu de dignité. C'est d'ailleurs lors d'une célèbre messe (intitulée la cérémonie du Bois de Caïmans) que les esclaves, galvanisés par la danse et la communion avec les esprits (ou loas), auraient trouvé la force de se révolter en 1791 en Haïti.« Le vaudou est en fait la première forme de rébellion contre l'esclavagisme », explique Michaël Deejtens. La majorité de la population québécoise et américaine continue toutefois d'associer le vaudou aux maléfices et aux sortilèges. « Certaines pratiques du vaudou peuvent choquer. Mais elles ne sont qu'une infime partie du culte. Tout ce qui venait d'Afrique à l'époque était associé à la bestialité. La vision diabolique du vaudou est donc restée dans l'inconscient collectif », poursuit l'étudiant.Sous la présidence d'Aristide, en 2001, le vaudou est officiellement reconnu en tant que religion en Haïti, après plus de 300 ans de pratique par la population. Plus qu'une religion officielle, le vaudou est intimement lié à la culture haïtienne. « Les souffrances de mon pays sont exprimées à travers ce culte. La grande majorité des Haïtiens le pratiquent encore de nos jours », affirme pour sa part Charles Leconte.
La ville de Québec aurait-elle une communauté vaudouisante issue d'Haïti ? « La pratique est cachée, les vaudouisants eux-mêmes éprouvent une certaine gêne quant à leurs croyances. C'est pourquoi il est important de parler du culte et d'organiser des rendez-vous afin de mieux le comprendre », conclut M. Leconte.
Extrait de Agence de Presse Etudiante mondiale(28 février 2008)

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=54962&PubDate=2008-03-04

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