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mardi 4 mars 2008

Haïti mise à nu

La poussière, le manque de communication, l'improvisation et l'absence des secteurs privés de production sont le lot de misère sous lequel débute la troisième édition de la foire binationale écotouristique et de production hébergée à Belladère - Haïti.
Maisons et routes en chantier, écoliers et élèves mis en congé jusqu'au 25 mars, va et vient de piétons, de motocyclettes et de voitures dans des rues poussiéreuses...

Belladère, hôte motivée, haletante et désemparée, a accueilli, samedi 1er mars, la cérémonie d'ouverture de la troisième édition de la foire binationale écotouristique et de production organisée jusqu'au 16 mars.
La poussière qui enveloppe la ville et déjà de très faible capacité d'accueil, le manque de communication et l'improvisation qui caractérisent l'organisation de cette activité donnent énormément du fil à retordre aux participants.
Les 120 millions de gourdes votées par le Parlement en 2007 pour les travaux de réparation, d'aménagement de la ville et de la réalisation de l'événement n'ont pas eu le temps d'être investis complètement. « Il est patent que l'argent n'a pas été dépensé, affirme Roosevelt Joly, un jeune entrepreneur Belladèrois. Les responsables ont acheté quelques gallons de peinture à l'eau pour les travaux d'entretien, disent-ils. »

La lumière n'éclaire que le site de la foire et son voisinage laissant le reste de la ville dans le noir. « Les transformateurs étaient tombés en panne depuis plusieurs mois, dit le commerçant. On a promis de les remplacer, mais rien de concret n'a été fait pour permettre à la ville de bénéficier des retombées de cette foire. »Petite organisation, gros prix

Le prix exhorbitant des rares chambres d'hôtels payées d'avance, et celui des maisonnettes privées louées pour l'occasion dominent les conversations. La location des kiosques et la vente des produits de la foire sont loin d'attirer entrepreneurs et acheteurs. « Comment peut-on passer le temps prévu quand on paie de ses yeux une petite chambre et achète dans une activité de si grande envergure des produits de détaillants », se demande un participant venu de la diaspora. Les secteurs privés des affaires des deux Etats participent timidement à cet événement qui semble d'une importance capitale pour les deux gouvernements et des organisations oeuvrant dans les domaines de l'environnement, du tourisme et du développement.

Une bonne partie des tentes attendaient preneurs jusqu'à dimanche soir. Les premières conférences n'ont pas réuni beaucoup de jeunes en raison du manque de communication et les participants qui s'attendaient à une soirée d'ouverture des plus riches étaient obligés de vider les lieux après que le seul groupe haïtien invité à cette soirée ont plié bagage, faute d'une sonorisation satisfaisante.
Les communes frontalières isolées et enclavées
L'expression du visage de Belladère témoigne de l'enclavement des communes limitrophes d'Haïti, souligne Patrick Robasson, député de Anse-à-Pitres et président du groupe des parlementaires pour le développement frontalier. Cette commune du département du Sud-Est doit partager avec Pedernales en 2010 la quatrième édition de la foire.
Le maire de Belladère a profité de la présence des officiels des deux gouvernements pour en appeler à la responsabilité haïtienne. « Il est temps de cesser d'être un Etat approximatif pour fonder un Etat réel qui s'appuie sur la recherche de la prospérité », a martelé Lucner Emile.
Le maire plaide pour la mise en place de structures et d'infrastructures capables de répondre aux besoins de la population haïtienne. « A Belladère, des enfants haïtiens vont parfois à l'école en République Dominicaine, affirme-t-il.
Est-il possible d'avoir à la fois des enfants haïtiens et des élèves dominicains. »Affermir les assises de coopérationMusique, animations culturelles, artisanat, produits agricoles, enfants, jeunes et adultes haïtiens et dominicains se côtoient sur ce site qui devait être aménagé pour accueillir entre 30 et 40 000 visiteurs. Placée sur le thème « les petites entreprises écotouristique et la gestion rationnelle des bassins versants frontaliers », la troisième édition de cette foire biennale qui réunit la production haïtienne et dominicaine sur un même site, selon les organisateurs, poursuit son objectif d'approfondir la fraternité entre les deux peuples pour une quatrième année.
« Cet événement vient affermir les assises de coopération des deux États, au double plan économique et environnemental, dans une perspective de mieux-être partagé, par le développement binational durable », a fait remarquer Jean Marie Claude Germain.Le temps des amoursLe premier sénateur du département du Centre, Edmonde Supplice Beauzile également présidente d'honneur de la foire, qui s'exprimait dans les deux langues, estime que les deux républiques soeurs étant sur une même île ont tout à gagner.« Il s'agit de se donner les moyens opportuns pour bousculer le mur de l'ignorance et de l'incompréhension qu'une certaine histoire a dessiné entre ces deux pays qui forment une communauté involontaire de risques partagés », dit-elle tout en surnommant cet événement « foire des peuples des terres mêlées ».
L'évêque de Hinche, Mgr Louis Kébreau qui, par décision du Pape Benoît XVI a été nommé à l'archevêché du Cap-Haïtien, plaide, quant à lui, pour la régénération de notre environnement malade.

Selon le prélat, Haïti est en mal de leader capable de le conduire à une vraie unification.En dépit des mauvaises notes dues au manque de planification de cet événement, Joseph Anthony Desmaret, maire adjoint de Spring Valley et président de Haitian american diaspora organization foundation (HADOF), pense qu'après cette foire, les travaux doivent se poursuivre à Belladère afin qu'Haïti puisse disposer enfin d'une ville moderne.Entre-temps, la fièvre du plaisir gagne la ville de Belladère où jeunes et vieux se partagent culture, plaisir et produits. En détail bien sûr.
Lima
Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com

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