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jeudi 6 mars 2008

A la dimension de l'artiste Emmanuel Sanon

Ils étaient tous là, ce mercredi 5 mars, président, ministres, parlementaires, ses coéquipiers du Lycée de Pétion-ville, du Don Bosco, de la sélection nationale 74, footballeurs de rue ou scolaires, joueurs de club actifs ou retraités, les seniors, les U-17, les U-23, élèves, universitaires, entrepreneurs, dirigeants ou ex-dirigeants de club ou de la FHF, fans de foot, ramasseurs de ballon, les parents, les enfants et amis de Manno Sanon, certains munis d'une crèpe noire avec le slogan « Manno, Ayiti pap bliye w », d'autres arborant un maillot à l'effigie du bourreau de Dino Zoff.

Chants de circonstance, fleurs, photos (excusez du peu) : le stade Sylvio Cator et son public rendaient un dernier hommage au héros de Munich. Plus que des funérailles officielles, la cérémonie était à la dimension de l'illustre disparu.Le temps était clément comme un 15 juin 1974 à Munich (Allemagne), le soleil rayonnait par une belle matinée de mars, mais son ardeur n'avait pas incité les spectateurs, jeunes et vieux, à déserter les travées du stade.

Une cérémonie simple et émouvante mêlant la nostalgie du bon vieux temps à la joie de se retrouver ensemble, unis autour d'un même objectif : le devoir de mémoire envers un athlète extraordinaire.
Pour perpétuer l'idéal footballistique de Manno pour Haïti, la cérémonie revêtait un caractère particulier. Elle donnait l'occasion à des personnalités d'évoquer la mémoire d'un homme simple et d'une modestie sans pareille, comme l'a souligné avec force, quoique la gorge serrée, son ami et coéquipier du Don Bosco et de la sélection nationale junior Raynald Devilmé, désigné au dernier moment pour parler au nom de ses camarades de 1974.
Plus historiques, les paroles de Philippe Vorbe vivement applaudi, en mesurant par des mots forts et somptueux, la portée de l'évènement, tant pour pour remercier vivement le président Préval de l'initiative, les parents d'avoir accepté à rapatrier la dépouille du célèbre footballeur et le public d'avoir manifesté son appui.

Celui qui fut avec Wilner Nazaire (sur une reprise de tête) l'auteur d'une passe décisive dans l'action héroïque de Manno Sanon contre l'Italie, le 15 juin 1974 à Munich, évoquait à juste titre comme son prédécesseur Raynald Devilmé, le talent de buteur incommensurable d'Emmanuel Sanon. « Nous voulions tous apporter à ce pays, le résultat de tous les sacrifices consentis pour faire flotter notre drapeau sur la scène mondiale », a lancé, Philippe Vorbe, perdant un peu la voix.
Geste symbolique mais combien significatif : un maillot frappé de l'illustre No 10 a été remis à son épouse Suzie Sanon. Une minute auparavant, un représentant du Don Bosco ex club de Sanon avait prévenu : « On ne portera plus ce No 10 au Don Bosco de Pétionville.
Il précédait à la tribune (animée par le maître de cérémonie Clarens Renois) , Raynald Devilmé, ex partenaire d'attaque du défunt et surnommé dans les années 70, le lieutenant d'Emmanuel Sanon par le chroniqueur de l'époque, Jean Claude Sanon. Le club jaune et noir était dignement représenté, à l'image de son ex président Jacques Deschamps Fils, également ex vice -président du Violette Athetic Club et du Comité provisoire de la FHF, de son homme à tout faire, Pierre André Mirville « Mitou » et de son entraineur serbe....
Et comme si tout cela ne suffisait pas pour marquer les esprits, comme les mots touchants des ministres des sports et de l'Education nationale, le président de la Fédération Haïtienne de Football, dans une envolée dont il a l'expérience et le secret, ravivait la flamme des souvenirs des années folles du football national avant de faire l'éloge du père Jacques Djeebels, véritable charpentier et maître Jean-Jacques du Don Bosco.
L'émotion, plein les yeux et la voix, le Dr Yves « Dadou » Jean-Bart retraçait, l'espace de quelques brèves minutes, les actions héroïques de la bande à Antoine Tassy, René Vertus, Lucien Larue, Fritz Yacinthe et Claudel Legros qui a couvert de tant de gloire le football national.
Le No 1 de la FHF appelle à la perpétuation des actes et actions qui puissent conduire à redonner aux footballeurs haïtiens leur fierté d'athlètes et de combattants pour la cause du sporten général , le seul ferment capable de rassembler les uns et les autres, et de fortifier le tissu social.
Raphael Féquière
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=55096&PubDate=2008-03-05

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