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lundi 4 février 2008

Aviculture : la ferme !Artisanal est le mot qui résume l'aviculture haïtienne. La volonté des aviculteurs de sortir de cet état est claire même s'il leur manque cruellement de moyens. Clin d'oeil sur la filière alors que la grippe aviaire fait rage en République dominicaine.
Sur un domaine de 75 carreaux de terres, 44 des 52 cages à poulets, mesurant chacune 12 000 pieds carrés, dont certaines désaffectées, attendent d'être exploitées à Thomazeau, commune voisine de Croix-des-Bouquets. Les fermes avicoles Signal de la Victoire, Germalot S.A. et MFT S.A, qui faisaient jadis le bonheur d'Haïti et de la compagnie Poulet Prinsa et qui embauchaient plus de 10 000 personnes dans la production de viande de poulets et d'oeufs, sont aujourd'hui en ruine avec seulement quelques cages opérationnelles.
Ouverte en 1979 et fermée totalement dans les années 90 à cause de l'embargo économique imposé à Haïti par les Etats-Unis, ces fermes ont vu relancer timidement leurs activités en 2003 où aujourd'hui, huit cages trouvent locataires du côté de petits éleveurs qui ont tout à faire pour joindre les deux bouts. Tout de suite après l'embargo, le marché haïtien avait été livré à la consommation de morceaux de poulets provenant de l'élevage industriel américain puis dominicain. « Notre production est vouée à toute sorte de difficultés », lâche Pierre Donel Joseph, un petit éleveur.Les prix exorbitants des produits nutritifs approvisionnés en République Dominicaine pour les poussins, les taxes et les frais de douanes exorbitants pratiqués par la douane haïtienne et les coûts inhérents aux soins exigés par l'élevage font de cette activité un casse-tête pour ses acteurs haïtiens qui ont le malheur d'être rivalisés par les poulets américain et dominicain.
« Le gouvernement dominicain, lui, subventionne ces produits. Nous, de notre côté, nous nous approvisionnons chez eux pour faire les frais de tous les mauvais traitements de la part des autorités douanières », gémit le petit éleveur, qui ne cache pas son mépris envers les autorités agricoles haïtiennes. « Ils se sont soumis aux produits étrangers et maintenant on ne peut plus importer les produits avicoles à cause de la présence de la grippe aviaire, on verra ce qu'ils feront », crache Pierre Donel Joseph.
Ces fermes qui s'étendent à pleine vue dans la Plaine du Cul de Sac créent, en dépit de leur situation, plusieurs dizaines d'emplois pour techniciens, entreteneurs et vétérinaires. C'est le cas pour Spencer Jean-Pierre, médecin vétérinaire formé à Cuba.« Nous travaillons dans les fermes afin de maintenir le niveau de santé des poulets et nous pratiquons des méthodes préventives pour contrecarrer les épizooties qui frappent le monde », dit-il.Grands et petits éleveurs crient au scandale après que les autorités haïtiennes aient interdit l'entrée de produits avicoles dominicains sur le territoire haïtien sans même prendre en compte l'existence d'une production avicole locale.« La population ignore complètement la production avicole locale, se plaint Marie Vierge Bouzi, propriétaire de la ferme Signal de la Victoire. Cette situation empêche carrément à nos produits de s'écouler sur le marché. » « Les Haïtiens refusent de consommer le poulet depuis la découverte du virus H5N2 en République Dominicaine, laisse-t-elle entendre, car, pour notre population, tous les produits avicoles proviennent de la république voisine. » Et chaque jour nous sommes contraints à nourrir des milliers de poulets, gourmands et exigeants, souligne-t-elle.Pour certains d'entre eux, le ministère de l'agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (MARNDR) n'avait pas posé le problème de la production nationale avicole de manière responsable. « On a l'impression que même ces autorités ignorent, pour leur part, cette filière », dit l'un des petits éleveurs.La grippe aviaire déclarée le mois dernier en territoire dominicain, laissait pourtant présager une véritable mobilisation des autorités concernées. En mars 2006, une commission d'Etat était montée en vue de plancher sur un éventuel rapprochement de cette zoonose très en vogue. Organismes gouvernementaux assistés d'organisations internationales et locales avaient annoncé la couleur. En 1994, au moment où les pays de la Caraïbe taxaient à l'importation les découpes de volailles en provenance principalement des Etats-Unis jusqu'à 234%, Haïti a levé les restrictions qui y avaient été imposées.
Lima Soirélus

lsoirelus@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=53898&PubDate=2008-02-01

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