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lundi 17 décembre 2007

Haiti-France : Accords de co-développement

P-au-P [AlterPresse] --- Haïti et la France sont désormais partenaires dans un processus de « codéveloppement », scellés par des accords qui viennent d’être présentés publiquement.
C’est dans la soirée du mercredi 12 décembre, devant un parterre d’invités que le ministre des haïtiens vivant à l’étranger, Jean Généus, et l’ambassadeur de France en Haïti, Christian Conan, ont officiellement fait part au public des accords de co-développement signés en Avril dernier entre la France et Haïti, a constaté AlterPresse.
L’ambassadeur Conan a rappelé que « l’on entend par co-développement toute action d’aide au développement, quelle que soit le secteur dans lequel elle est réalisée, à laquelle participent des migrants vivant en France (métropolitaine et DOM-TOM).
Il a poursuivi en avançant que « ces accords de co-développement peuvent concerner aussi bien les Haïtiens qui désirent retourner dans leur pays pour y créer une activité, que ceux (hommes d’affaires, médecins, universitaires, ingénieurs, électriciens, plombiers établis durablement en France...) qui sont disposés à investir dans leur pays d’origine pour y promouvoir des activités productives ou qui souhaitent faire profiter Haïti de leurs compétences, leur savoir-faire et leur leadership ».
Le ministre Généus a rappelé quant à lui qu’« Haïti enregistre la fuite de cerveaux la plus élevée au monde ». Pas moins de 80% des spécialistes haïtiens partiraient du pays, ce qui, de manière évidente, fait obstacle à l’augmentation du niveau de développement d’Haïti.
Les dits accords pourraient, selon le ministre, remédier, dans un certain sens, à ce phénomène.
Concrètement, le programme de co-développement intervient sur trois points. Premièrement, dans le cas d’une association haïtienne établie en France, le programme peut l’aider à financer un projet en Haïti. Le programme privilégiera les projets productifs selon l’ambassadeur Conan.
Dans le cas d’un migrant vivant en France qui souhaiterait retourner vivre en Haïti, le programme peut le soutenir à hauteur de 7000 euros pour mettre en place un projet générateur de revenus qui lui permettra de vivre.
Enfin pour les membres de la Diaspora scientifique, technique et économique le programme peut les appuyer financièrement dans des missions courtes en Haïti.
Le programme est géré conjointement par le ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE) et le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France (SCAC).
Ces accords interviennent au moment où les pays du nord adoptent une politique migratoire plus stricte dans le cadre d’une restructuration de leurs économies. Ainsi Gustave Massiah, président du CRID (Centre de recherche et d’informations pour le développement) relativise la notion de co-développement et en donne une autre définition.
Pour lui « le co-développement, c’est de la coopération d’égal à égal. C’est faire le lien entre deux pays. C’est également remettre en question notre propre développement pour le mettre en relation avec celui d’autres pays. Ce n’est de toute façon qu’un outil complémentaire de solidarité internationale, des rapports Nord-Sud. Mais, pour avoir une pensée du co-développement, il faut d’abord avoir une pensée du développement. » [cd gp apr 14/12/2007 16:40]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6759
Commentaires :
Le concept « co-développement », un « rêve-proposition » cher au Président Français Nicolas Sarkozy risque d’apporter très peu de solutions aux vrais problèmes d’Haïti. Cette façon de s’engager sur une nouvelle forme de coopération se base essentiellement sur une diaspora très forte et organisée. Tel n’est sûrement pas le cas de la diaspora haïtienne. Et cette caractéristique ne concerne pas que la diaspora haïtienne mais toute la communauté des haïtiens vivant à l’étranger qui, malgré leurs tendances à crier haut et fort leurs poids et leur importance comme base et support de l’économie du pays ont encore trop de mal à montrer cette organisation qui en ferait une vraie force sur laquelle il faudrait définitivement compter.
Les Haïtiens de l’étranger traînent les tares caractéristiques et sui generi de tous les haïtiens qui se résument dans cette attitude de méfiance ancestrale et trop ancrée dans nos mentalités et cette volonté expresse de croire que l’on peut toujours être chef, président ou directeur de quelque chose.
Il suffit pour s’en rendre compte d’énumérer les innombrables associations et regroupements professionnels haïtiens oeuvrant sur de petits territoires géographiques et d’espaces conjoncturels étroits.
Dans cette configuration, il sera très difficile de concevoir un projet valable dont l’exécution apporterait un vrai plus à un secteur de la société haïtienne. Les associations ayant Haïti ou une problématique haïtienne en ligne de mire cherchent souvent une reconnaissance trop personnelle et ceci, même quand le projet visé demande et exige un travail mutualisé de plusieurs secteurs associatifs.
Et à cela s’ajoute le fait que l’acceptation d’un projet peut être favorisée par une certaine connivence avec les élus locaux, pièce maîtresse de cette coopération décentralisée. Comme résultat les projets conçus ne sont pas les plus adaptés au secteurs ciblé.
Il n’est pas rare de voir s’élever un projet de création d’université dans une ville de l’arrière pays complètement dépourvu d’infrastructure ou le problème de l’éducation primaire n’a pas encore été réglé.
Il est bien de rester vigilant et voir comment vont s’agencer les projets et surtout en dépister les retombées réellement positives et utiles pour Haïti.

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