22 septembre 2007
Chers compatriotes, hommes et femmes de mon Pays, jeunesse haïtienne
Il y a bien cinquante ans, le 22 septembre 1957, le docteur François Duvalier accédait par des élections démocratiques et libres à la présidence d’Haïti. Aujourd’hui 22 septembre 2007 la mémoire collective attend encore le verdict d’une histoire qui saura rétablir la vérité et réconcilier les frères ennemis. C’est du moins mon souhait et mon rêve pour les hommes, les femmes et les jeunes de mon pays, et enfin pour tous ceux qui sont restés fidèles à la logique de notre Histoire.
J’adresse un salut chaleureux à tous ceux et celles qui, au prix d’un héroïsme quotidien, ont continué, pendant deux décennies de souffrances et d’exclusion, d’alimenter la dévotion à une cause généreuse qui se résume essentiellement à un combat pour la régénération nationale, la sauvegarde du patrimoine sacré de souveraineté et de dignité nationale.
Chers compatriotes,
Il est hélas malheureux que le sang soit le principal tribut qu’il faille payer à la justice et à la paix. Nous n’avons jamais demandé aux élites de cesser d’être telles, nous avons simplement lutté pour que le soleil se lève non seulement dans les romans de Roumain, mais aussi pour de nouvelles élites chargées d’insuffler à l’Etat ce sang neuf rénovateur et porteur d’espérances.
Mais, cinquante ans plus tard, nous voici encore à la case départ, donnant au reste du monde, l'impression que nous sommes le pays de l'éternel recommencement, alors que nos voisins de l’Hémisphère sont déjà engagés dans la fièvre du renouveau. Bien sûr, la chance qui passe, la chance à prendre sont encore au rendez-vous, mais, parce que rentrer en politique fait songer un peu à ceux qui rentrent en sacerdoce, faudra-t-il bien que nous nous donnions la peine de choisir entre l’argent facile, l’effort qui paie et le travail qui ennoblit.
François Duvalier croyait fermement que la dignité était une conquête, il a encore raison.
Chers compatriotes,
Ce n’est ni le dollar ni l’euro qui sauveront Haïti, si en nous-mêmes le vide moral et l’absence d’un humanisme persistent au point que la corruption est devenue le tueur numéro 1 de l’effort et de l’imaginaire national.
Je prends occasion de ce glorieux anniversaire pour lancer un appel à la paix, à l’ordre, à la réconciliation nationale, à l’instauration en Haïti d’une réelle démocratie participative qui ne marginalise aucun secteur de la société haïtienne. J’associe ma voix aux revendications de tous les chefs de Partis de ce pays qui condamnent la violence et la division. Je salue le sens de l’abnégation de ces leaders qui ont accepté le consensus en vue d’assurer la stabilité politique pour la reconquête de la dignité nationale et le salut de la patrie commune.
A toutes les catégories de cette nation déchirée, installée depuis plus de deux décennies dans la précarité d’une transition qui nous a coûté en dix ans deux interventions militaires étrangères, à ce peuple qui aura connu toutes les affres de la déchéance, de la misère, de l’insécurité politique, sociale, alimentaire et sanitaire, à vous tous, vivant anxieusement dans l’attente de jours meilleurs, j’indique d’une voix ferme et assurée l’horizon des temps prochains où un leadership avisé, pétri de doctrine, d’expérience et de savoir-faire viendrait aménager des voies sûres à la satisfaction de vos aspirations.
J’ai tiré des leçons des évènements de ces vingt dernières années et avec toute la sincérité d’un homme brisé par vingt ans d’exil, mais revigoré par l’espoir que dégage la Jeunesse de mon pays, j’ai compris.
J’ai compris que la gestion des inégalités sociales est la responsabilité de l’Etat et que la richesse des uns n’est pas la cause de la misère des autres ;
J’ai compris que le maintien des masses dans l’ignorance abjecte peut faire prospérer toutes sortes d’idéologies malsaines et destructrices;
j’ai compris qu’ accuser nos adversaires des torts que nous avons nous-mêmes causés, c’est innocenter les coupables et diaboliser les victimes, même si l’histoire par définition reste la propagande des vainqueurs,
Si, au cours de mon mandat présidentiel, le gouvernement a eu à causer des torts physiques, moraux, ou économiques à tiers, je prends solennellement la responsabilité historique en ce jour du 22 septembre 2007 de demander pardon au Peuple et je sollicite le jugement impartial de l’Histoire.
Chers compatriotes,
Je ne prétends point être donneur de leçons. Je souhaite ardemment que la morale se mêle aussi des affaires de la République et que l’on marque un certain respect quand il s’agit de l’Etat.
Il viendra chez nous des hommes et des femmes pour panser les blessures, sourire aux humbles et aux nécessiteux; il viendra d’autres croisés et d’autres croisades, parce qu’il y a encore d’autres souffrances et d’autres attentes. Haïti vit dans l’espérance des prophètes qui parleront d’amour, de paix et d’esprit de famille. Telle est l’attente générale, telle est du moins l'attente de la jeunesse. Cette jeunesse, on le comprendra, a besoin d’un monde nouveau parce qu’elle apporte un esprit nouveau dans une société essoufflée et vermoulue. Cette jeunesse si chère à François Duvalier a besoin de croire et d’aimer. La jeunesse haïtienne attend qu’on lui invente un rêve et qu’on la fasse rêver, qu’on lui demande quelle est la couleur de ses songes et la nature de ses pulsions. Un pays ne peut vivre sans rêve.
Quel sera l’avenir d’une jeunesse à laquelle on a appris à tuer avant de lui avoir dit ce qu’elle était ? Jeunes de mon pays, je sais que ces questions vous tiennent à coeur, je sais aussi que vous attendez une réponse. Je sais également que ce jour viendra. Evitons de tomber dans le piège de la facilité et de la parole creuse et frivole. Gardons-nous de croire que ce pays est né d’hier et qu’il n’a connu que viols, assassinats, corruption, racisme et exclusion.
Cinquante ans plus tard, le duvaliérisme attend encore de la part de la Jeunesse ce second souffle qui sut sauver les sociétés qui agonisent et les familles guettées par la faillite et le doute. Plus que jamais, sa mission ne fait que commencer.
A travers le pays sonne déjà le lambi de la mobilisation. Le mot d’ordre est déjà lancé, la consigne est donnée. Militants, militantes et sympathisants du Parti Unité Nationale soyez prêts.
Nous vivons, croyez-moi, sous le regard des ancêtres et dans l’attente du renouveau.
Que Dieu sauve Haïti!
Merci.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 24 septembre 2007
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
En tant que jeune universitaire haitien,j'accueille à bras ouverts le message de Jean Claude Duvalier au peuple haitien.Ce message a le mérite de faire l'apologie d'une paix que Baby Doc lui-même n'a pas pu pérenniser durant son mandat présidentiel.Et il ne se le cache pas:Quelle honnêteté!Je ne sais pas s'il sera facile pour le peuple haitien d'oublier ce passé douleureux,mais l'essentiel c'est que nous avons besoin d'un nouveau départ cette fois-ci avec la participation de tous les haitiens honnêtes, sages et incorruptibles à l'image de Daniel dans le royaume de Nébucatnésar(Nabuchodonosor).L'autre mérite de ce fameux message à la Nation est le fait par l'ancien locataire à vie du palais national de se montrer prêt à assumer la responsabilité historique de ses actes.Là,aussi, j'en appelle à l'honnêteté de l'homme car les beaux discours ont été trop souvent le seul plat quotidien que nos habiles cuisiniers politiques trouvent à présenter au peuple haitien!Jean Claude Duvalier ferait-il la différence?La seule preuve qu'il peut administrer ici c'est d'accepter de répondre de ses actes devant un tribunal haitien à défaut d'une amnistie en bonne et due forme.Espérons que notre homme a bien pesé ses mots.Mais,espérons aussi qu'il trouvera grace aux yeux de Dieu et de la merveilleuse majorité nationale dont il se croit encore l'apotre.Le peuple hatien ,surtout à travers sa jeunesse courageuse, a pris note.
Cher compatriote ;
D’abord nous voulons vous remercier de vous être donné le temps de visiter cet espace, de lire ce message et surtout de partager avec nous votre opinion.
Comme c’était attendu ce message au moins aura eu comme mérite d’inciter à un processus de réflexion dans un panorama qui commençait à devenir délétère avec la multiplication des affaires dans l’entourage des différents secteurs et pouvoirs.
Le message de Jean Claude Duvalier suscite en fait une infinité de réflexions. Nous avons épousé le choix de replacer ce discours dans un contexte purement conjoncturel et circonstanciel. Nous ne voyons pas quel genre de discours aurait pu élaborer un ex-président de la République chassé du pouvoir avec dans ses bagages de sérieuses accusations d’assassinat, violations de droits humains, enrichissement illicite qui sans bouger le petit doigt se voit 20 ans plus tard plébiscité comme le meilleur président des vingt dernières années (dit-on !). Il aurait été très idiot de reparler de « ke makak » ou d’imprimer un ton différent à ces paroles.
Jean Bertrand Aristide aurait dit exactement la même chose. Les vocables tels que paix ; réconciliation, renaissance, union et unité font partie du lexique des politiciens même les plus antidémocratiques et sanguinaires.
Malheureusement nous ne pouvons en vouloir à Jean Claude Duvalier qui a bénéficié d’une manne descendue de la bienfaisance et de la clémence indifférente des autorités qui ont eu la gestion du pays après son départ pour l’exile.
Dans cette perspective nous ne pouvons que constater la faiblesse des institutions pseudo démocratiques du pays en particulier des partis politiques qui n’ont pas pu éduquer et orienter la société à se méfier de ces messages aux coloris messianiques venant de loups déguisés en brebis. Nous avons reculé de 20 ans.
La probable réapparition de Jean Claude Duvalier sur la scène politique évoque plusieurs incertitudes. Et le fait de s’adresser à la nation haïtienne le 22 septembre 2007 soit 50 ans après la victoire de François Duvalier, ne saurait signifier que nous nous approchions d’un retour de Duvalier sur la scène politique. Personne n’aurait laissé passer cette occasion pour cracher un discours poussif, sans âme qui ne peut rameuter que les sempiternels inconditionnels habitués et en manque de pouvoir.
Sans évoquer ce que représenterait un retour de Jean Claude Duvalier en Haïti, nous aimerions faire ressortir un aspect de taille. En fait depuis le départ de Jean Claude en 1986, le Jean-Claudisme et le Duvaliérisme ont sombré dans une léthargie structurelle et fonctionnelle. Le coup de force de Lafontant après l’élection de Jean Bertrand Aristide en 1990 aurait été le dernier sursaut d’un régime qui aura survécu l’espace d’un déchoucage permettant ainsi d’affirmer que DUVALIERISTE N’A ETE QUE FRANCOIS DUVALIER lui-même.
Les irréductibles qui rêvent encore de pouvoir ont-ils emmagasiné assez de leçons des expériences du passé ?
Ont-ils compris que les temps ont changé ?
Les questions sont certes très nombreuses et il n’y a que le creuset de l’histoire pour nous éclairer dans l’avenir…
Enregistrer un commentaire