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dimanche 23 septembre 2007

Haïti à l’honneur à Montréal - Coup de maître de Fabienne Colas

Envoyée Spéciale - Liliane Pierre-Paul (Texte + Photos)
samedi 22 septembre 2007,
Radio Kiskeya

Le troisième festival international du film haïtien de Montréal se poursuit jusqu’à dimanche dans la métropole canadienne. Lancé officiellement ce 19 septembre 2007, ce jeune festival a pris cette année une dimension spéciale avec la thématique des bateys, dont le point d’orgue aura été le jumelage d’un colloque international sur la situation des haïtiens dans les bateys à une exposition de photos. « Sang, sucre et sueur » tel a été le titre du colloque international qui s’est déroulé dans les locaux de Radio-Canada ce mercredi 19 septembre 2007.

Pendant toute une journée, ce colloque animé par la journaliste Nancy Roc a permis à des invités spéciaux de plancher sur la situation catastrophique des haïtiens vivants dans les bateys. Parmi les principaux intervenants, on peut notamment citer le prêtre belge Pierre Ruquoy, expulsé en 2005 de la République Dominicaine après 30 ans de militance dans les bateys et qui vit depuis en Zambie, Sonia Pierre, militante dominico-haïtienne, récipiendaire des prix Amnesty International 2003 et Fondation Robert F. Kennedy 2006, persécutée dans son propre pays pour son action en faveur des braceros haïtiens dans les bateys, la sociologue et militante féministe haïtienne Danielle Magloire, représentante de Droits et Démocratie en Haïti et la communicatrice Lisane André responsable de la section communication au GARR, organisme de défense des droits des haïtiens en République Dominicaine.
Outre ces interventions mentionnons celles de Gérardo Ducos, de Amnesty International Grande-Bretagne, auteur d’un rapport de l’organisme humanitaire sur les bateys et Thor Halvorssen président de Human Rights Foundation basé aux Etats-Unis. Il est à noter que le débat public a été très animé. Les participants tant haïtiens qu’étrangers ont fait nombre de recommandations pour l’amélioration des conditions de vie des haïtiens vivants dans les bateys. De ces interventions on retiendra celle du consul général de la République Dominicaine à Montréal, Mme Rachel Jacobo, qui tout en défendant la position de son gouvernement, s’est montrée ouverte à un dialogue constructif avec les haïtiens. Elle n’a pas caché ses appréhensions sur l’impact négatif que pourrait avoir ces événement culturels sur l’industrie touristique de son pays, qui dépend entre autres du Canada comme pourvoyeurs de touristes sur « les plages dorées » dominicaines.

C’est ce qui expliquerait peut être qu’elle était accompagnée d’un groupe nationaliste dominicain qui a vainement tenté de détourner le débat vers les problèmes internes d’Haïti telle que la situation des « restavèk » assimilable selon ce groupe à celle des braceros.
Simultanément, se déroule jusqu’au début octobre à la galerie MozaïkArt l’exposition photo « Esclaves au Paradis » accompagné par le chant des braceros de la photographe franco-péruvienne Céline Anaya Gautier. Une exposition qui a déjà eu beaucoup d’impacts tant en Europe qu’en Amérique et qui dérange profondément l’establishment dominicain.
Le festival de films en soi propose 35 films, longs, courts et moyens métrages à l’occasion de cette troisième édition répartie essentiellement sur les sites de l’Office National du Film (ONF) et le centre Léonardo Da Vinci. Tous ceux qui s’y intéressent pourront visionner jusqu’à dimanche soir une demi-douzaine de films consacrés essentiellement à la situation des braceros dans les bateys via « Sugar Babies » de la cinéaste cubano-américaine Amy Serrano, « Le Prix du Sucre » de Bill Haney (USA), « Les Enfants Esclaves » de Karen Kramer (USA), « Batey Zero » de Gérard Maximen (France), « Sucre Noir » de Michel Reignier (Canada), « Le Batey » d’Yves Langlois (France) et « L’empire du sucre »de Brian McKenna (Canada). Quant aux autres films à l’affiche, on retient « Vers le Sud » de Laurent Cantin (France) tiré du roman de Dany Laferrière, « Port-au-Prince au goutte à goutte » de Félix Vinier, « Pélérinage à Thomassin » de Frantz Voltaire et Didier Berry (Haïti), « Le Président a-t-il le SIDA ? » d’Arnold Antonin (Haïti) et un classique du cinéma haïtien « L’homme sur les quais » de Raoul Peck (Haïti-France). La clôture du festival aura lieu ce dimanche 23 septembre 2007, avec en grande première « Le chauffeur » du jeune cinéaste haïtien Jean-Claude Bourjolly entièrement tourné en Haïti. Le nom du récipiendaire du prix Radio-Canada du meilleur film de ce festival sera dévoilé ce même soir.
Le festival international du film haïtien de Montréal est l’initiative de la jeune comédienne haïtienne émigrée à Montréal, Fabienne Colas et de sa fondation éponyme. Fabienne Colas a su pendant ces trois dernières années intelligemment s’entourer d’organismes et de personnalités influentes, tant de la société québécoise que de la communauté haïtienne citons entre autres son compagnon et programmateur du festival Émile Castonguay, le Réseau-Liberté de Réal Barnabé et de Paul Breton qui, d’ailleurs, a été déterminant dans le lancement de ce festival, la journaliste Nancy Roc commissaire à l’exposition « Esclaves au Paradis », la porte-parole de l’édition de cette année, la journaliste Francine Grimaldi, nulle autre que la papesse des activités culturelles à Radio-Canada, l’écrivain haïtien de renommé internationale Dany Laferrière, le chanteur bien connu Luc Mervil, le parolier haïtien et membre du jury Ralph Boncy ainsi que des institutions comme notamment Radio-Canada, l’ONF, Droits et libertés, des organisations et des médias de la communauté haïtienne de Montréal ont été autant de ressources qui ont aidé la fondation Fabienne Colas à mettre Haïti, en quelque sorte, sur la carte du happening montréalais. Ce festival a été entièrement dédié à deux illustres disparus du monde culturel haïtien : Le comédien François Latour enlevé et assassiné le 22 mai 2007 et le réalisateur Raphaël Stines décédé des suites d’une courte maladie le 25 août 2007. RK/LPP
http://www.radiokiskeya.com/spip.php?article4168

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