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lundi 28 mai 2007

VISITES ET VOYAGES: JEREMIE LA PAISIBLE...TOURISME POSSIBLE

Jérémie la paisible, l'autre visage d'Haïti
Plages et paysages de mornes paradisiaques, végétation abondante, terres fertiles, calme des villes et villages de pêcheurs: la région de Jérémie, au sud-ouest d'Haïti, offre un visage radicalement différent de Port-au-Prince mais pâtit de son isolement.

"Ici on s'ennuie presque", résume un policier en poste à Jérémie, et originaire de Port-au-Prince. "Pas de gang, pas de violence, juste occasionnellement des violences domestiques ou un accident de la route".
La force de stabilisation internationale (Minustah) a ici plus qu'ailleurs été accusée de ne servir à rien et son surnom, "la tourista", colle à la peau des militaires uruguayens qui vont tous les jours à la plage. Ici étrangers ou Haïtiens circulent à pied sans crainte, un sentiment peu partagé à Port-au-Prince en raison des risques d'enlèvements crapuleux. "Nous n'avons pas besoin de la Minustah ici, il n'y a pas d'insécurité et ils ne sont pas équipés pour faire ce qui pourrait nous aider, terrasser les routes, assainir l'eau ou éteindre les incendies", s'emporte un commerçant.

Lorsqu'un incendie éclate dans une maison du quartier de Rochasse, les habitants sont effectivement ici comme ailleurs en Haïti, seuls face au sinistre. Le seul pompier de la ville n'a pas l'équipement nécessaire.
La police passe et s'en va, la Minustah arrive si tard que les voisins ont déjà éteint les flammes en lançant pierres et sable dans le brasier. Dépourvu de moyens et d'outils également, Alcide Barrucant, un cultivateur de 57 ans, se lamente de ne pouvoir mieux mettre en valeur la richesse de sa terre.
"Nous n'avons pas d'outils alors que la terre est très fertile et pourrait nous permettre de vendre beaucoup de produits différents: maïs, manioc, mangues, chadèques...", énumère-t-il.

Encore faudrait-il avoir des infrastructures routières. Car l'une des raisons pour lesquelles le département de Grande-Anse n'a pas subi la même instabilité politique et la même violence que le reste d'Haïti est son extrême isolement.
Il faut 12 heures de route par des pistes défoncées pour venir de la capitale. Et autour de Jérémie, les voies routières ne sont guère plus attrayantes, dévastées, inondées à la saison des pluies ou rendues impraticables par les éboulements.
L'économie locale fonctionne donc essentiellement sur un mode de survie, avec peu d'échanges financiers et beaucoup de troc. Faute de développement des infrastructures, la population de cette région vit dans une grande pauvreté, sans accès aux soins les plus élémentaires ou à l'eau potable.
Le port n'est pas aux normes et l'aéroport est essentiellement réservé à des liaisons avec la capitale effectuées par de petits appareils. Grande-Anse n'a pas connu de catastrophe naturelle depuis l'ouragan Jeanne en 2004 et est largement oubliée du gouvernement et des bailleurs qui concentrent leurs investissements sur la ville des Gonaïves ou Port-au-Prince.

La diaspora est en revanche présente et construit notamment de grosses villas sur le bord de mer. Beaucoup d'habitants de la région rêvent d'un développement du tourisme qui pourrait, selon eux, faire reculer la pauvreté. "Nous possédons des plages si belles", s'émerveille Jean-Baptiste Jean-Pierre, pêcheur habitant une case au bord de la mer.
"Le poisson ne rapporte rien, il faudrait que les touristes amènent leurs dollars sans pour autant trop abîmer nos paysages et notre mode de vie", souligne-t-il.
Isabelle LIGNER (AFP)

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