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lundi 14 janvier 2013

Pourquoi faut-il continuer à aider Haïti ?

Mgr Marc Stenger s’est rendu en Haïti du 30 décembre au 8 janvier.
Trois ans après le séisme qui a ravagé le pays, il estime qu’il reste encore beaucoup à faire pour effacer les traces de la catastrophe et soutenir les Haïtiens dans leur œuvre de construction.
EntretienMgr Marc Stenger Évêque de Troyes, membre de la commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église, accompagnateur du pôle Amérique latine et Caraïbes
« Depuis le séisme, je suis allé à plusieurs reprises en Haïti. Les traces de la catastrophe sont loin d’être effacées. Tout demeure fragile. De nombreux Haïtiens resteront marqués à vie par des traumatismes à la fois physiques, psychologiques et matériels. Les camps sont encore nombreux. Les cyclones successifs détruisent l’économie haïtienne, particulièrement agricole. Malgré une vraie volonté de l’État haïtien, les choses n’avancent que très lentement, et pas toujours bien, en raison de la corruption.
Par ailleurs, les ONG venues pour une intervention d’urgence commencent à plier bagage. Pourtant, malgré tous ces aspects négatifs, je reviens une nouvelle fois frappé par la confiance qui habite ce peuple joyeux, par sa foi en l’avenir même s’il a beaucoup de raisons de se laisser abattre par la tristesse. Dans la nuit du 31 décembre, j’ai présidé une messe dans une paroisse provisoire. À minuit précis, lors du geste de la paix, j’ai été témoin d’un déclenchement de joie. Nouvelle année signifiait espoir.
La cathédrale de Port-au-Prince et les deux tiers des églises et des chapelles du diocèse sont encore en ruine. Le 1er janvier, nous avons célébré le jour de la Fête de l’indépendance nationale avec Mgr Guire Poulard, archevêque de Port-au-Prince, dans sa cathédrale de « toile », au pied des ruines de l’autre cathédrale. Nous y avons tous chanté un Te Deum vibrant. Mais j’ai aussi visité une église toute neuve. Au grand séminaire, les 250 séminaristes, qui vivaient sous la tente depuis 2010, disposent désormais de petites maisons en dur.
Et j’ai été témoin des efforts considérables consentis pour arriver à se remettre debout et à aider les autres à lever la tête, notamment dans le domaine de l’éducation. Les sœurs de la Sagesse ont ainsi par exemple tout fait pour relever leur lycée de 1 500 élèves. Mais la reconstruction ne concerne pas seulement les bâtiments. Le CCFD et le Secours catholique sont engagés dans des projets de développement.
Les Caritas collaborent à la construction de « villages » qui facilitent le vivre-ensemble. Nous avons bien des raisons d’oublier Haïti. Mais l’aide la plus précieuse que nous pouvons apporter à ce peuple qui n’a pas peur de la difficulté et à tous ceux qui travaillent à ses côtés, c’est de continuer à le soutenir (1) jusqu’à ce qu’il trouve une forme d’indépendance qui lui permette de ne plus être dans le provisoire. »

(1) Dons : CEFAL Urgence Haïti, 58, avenue de Breteuil, 75007 Paris.
Recueilli par Martine de SAUTO
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Pourquoi-faut-il-continuer-a-aider-Haiti-_NP_-2013-01-13-897919/(CRX_ARTICLE_ACCESS)/ACCESS_CONTENT

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